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Comment sait-on qu'un autre être est conscient ?

Publié le 06/01/2005

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La première partie voudrait donc définir une forme de conscience spécifiquement humaine - conscience qui peut se penser elle-même -, ce qui permettra de déterminer certaines exigences que l'on a pour déclarer qu'un être est conscient.   Bergson, L'évolution créatrice   Comment n'être pas frappé du fait que l'homme est capable d'apprendre n'importe quel exercice, de fabriquer n'importe quel objet, enfin d'acquérir n'importe quelle habitude motrice, alors que la faculté de combiner des mouvements nouveaux est strictement limitée chez l'animal le mieux doué, même chez le singe ? La caractéristique cérébrale de l'homme est là. Le cerveau humain est fait, comme tout cerveau, pour monter des mécanismes moteurs et pour nous laisser choisir parmi eux, à un instant quelconque, celui que nous mettrons en mouvement par un jeu de déclic. Mais il diffère des autres cerveaux en ce que le nombre des mécanismes qu'il peut monter, et par conséquent le nombre des déclics entre lesquels il donne le choix, est indéfini. Or, du limité à l'illimité il y a toute la distance du fermé à l'ouvert. Ce n'est pas une différence de degré, mais de nature.Radicale aussi, par conséquent, est la différence entre la conscience de l'animal, même le plus intelligent, et la conscience humaine. Car la conscience correspond exactement à la puissance de choix dont l'être vivant dispose ; elle est coextensive à la frange d'action possible qui entoure l'action réelle : conscience est synonyme d'invention et de liberté. Or, chez l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le thème de la routine.

De par sa formulation, le sujet semble sous-entendre qu’il ne part du principe selon lequel seuls les hommes seraient des êtres conscients, des êtres possédant une conscience. Il s’agit ici de trouver des critères permettant de déterminer quelles sont les caractéristiques de la conscience, et leurs manifestations, et de voir si ces dernières peuvent être repérées chez d’autres êtres que des hommes – on pourrait alors qualifier ces êtres de conscients.

            On pourrait se demander de quelle manière il serait possible savoir si les autres êtres ont une conscience, comment la reconnaîtrions nous, et qu’est-ce que cela impliquerait.

« prison se referment aussitôt ouvertes ; en tirant sur sa chaîne il ne réussit qu'à l'allonger.

Avec l'homme, laconscience brise la chaîne.

Chez l'homme, et chez l'homme seulement, elle se libère Transition : La première partie a dégagé certaines caractéristiques de la conscience et a dû aboutir à la définition d'une conscience réflexive, dont seul l'être humain est possesseur.

Le premier critère de reconnaissance de cetteconscience semble être sa capacité à se penser elle-même.

On peut maintenant rechercher les moyens par lesquelscette conscience s'exprime et se fait reconnaître. II.

La capacité à dire ‘Je pense' et les signes de reconnaissance de la conscience La question des critères de reconnaissance d'un objet peut être résolue par une méthode de détermination dessignes par lesquels cet objet se laisse appréhender.

Cette deuxième partie pourra s'intéresser à cette question dessignes caractéristiques émis par un être qui possède une conscience.

La capacité à dire ‘Je pense' apparaît commele premier de ces signes. Kant dira: "Le je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représentations" La conscience n'est pas un objet, mais elle rend possible la saisie des objets.

Pourqu'une expérience soit possible, ilfaut une unité du « je pense ».

Par exemple, je suis dans un demi-sommeil et une horloge sonne plusieurs coups,indiquant l'heure exacte : j'entends un, puis, un autre coup, puis un autre… La conscience non-éveillée, j'ai entendudivers coups sans savoir quelle heure il est.

Trois minutes après, l'horloge sonne de nouveau.

Eveillé, je n'entendsplus plusieurs coups séparés, mais une fois sept coups et je me dis qu'il est sept heures.

Ma conscience a unifié lesdivers coups de l'horloge, je peux les saisir comme une unité : il est 7 heures.

Lors de la première étape, pourentendre vaguement des coups séparés, il fallait déjà que ma conscience soit un peu vigilante, dans un sommeilprofond, je ne les aurais pas entendus : ceci signifie que pour qu'une représentation soit mienne, il faut toujours etdéjà la conscience, le « je pense ». Mais la conscience est aussi nécessaire pour saisir comme une unité la diversité des représentations, ici saisir enune seule fois les 7 coups et me dire : « Il est 7h00 ».

Si je peux saisir que l'horloge a sonné 7 coups, c'est parceque le « Je pense » a accompagné le divers de mes représentations et parce que le « Je pense » demeure le mêmequand les représentations se succèdent.

La conscience est donc acte de synthèse, elle est unificatrice.

C'estl'identité de la conscience dans le temps qui rend possible l'unité de nos représentations.

Ainsi, ce que noussaisissons par nos sens, n'est pas lié.

C'est la conscience qui opère cette liaison. Il n'y a donc d'expérience possible que parce qu'il y a l'unité du « Je pense », que parce que la conscience est actede synthèse.

Définir la conscience comme pouvoir de synthèse est fondamental puisqu'il s'agit alors de montrer queles objets que nous saisissons se règlent sur notre pouvoir de connaître, sur les structures de notre esprit.

C'est cequi permettra à Kant de montrer que nous ne connaissons pas les choses en soi, mais seulement des phénomènes,que « Nous ne connaissons des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes » Transition : Si l'on peut définir des critères de reconnaissance de la possession de la conscience par un être individuel et différent de moi, on peut aussi se poser la question de la manière dont on reconnaît que la conscienceest possédée par un groupe d'individus, une espèce – peut-on parler d'une conscience collective, tous les membresde la collectivité concernée possédant alors une conscience d'eux-mêmes en tant qu'individus et en tant queparties d'un tout ? Peut-on savoir qu'un autre être est conscient en recherchant les caractéristiques de lacollectivité à laquelle il appartient ? III.

Un autre être est conscient s'il est apte à penser une collectivité de la conscience Seul l'être humain pense son passé, et pense son inclusion dans un ensemble temporel qui dépasse la durée de sapropre vie, ou encore dans un ensemble de population qui dépasse le cadre de son monde individuel.

Cela le rendapte à concevoir une conscience collective, ce qui le rend capable de juger immédiatement si un autre être estconscient, en déterminant si cet être prend part ou non à cette conscience collective.

(On pourra interroger à cesujet le concept de ‘conscience divine' : Dieu n'a pas d'existence temporelle, ne s'appréhende pas comme un êtreautre que moi mais comme un être suprême, et pourtant une forme suprême de conscience lui est attribuée, peut-être parce qu'il est considéré comme créant tout et pensant tout, et qu'il est donc la représentation la plus parfaitede la conscience collective) Hegel Les actes de la pensée paraissent tout d'abord, étant historiques, être l'affaire du passé et se trouver au-delà denotre réalité.

Mais, en fait, ce que nous sommes, nous le sommes aussi historiquement.

(...) Le trésor de raison consciente d'elle-même qui nous appartient, qui appartient à l'époque contemporaine, ne s'estpas produit de manière immédiate, n'est pas sorti du sol du temps présent, mais pour lui c'est essentiellement unhéritage, plus précisément résultat du travail, et, à vrai dire, du travail de toutes les générations antérieures dugenre humain.

(...) Ce que nous sommes en fait de science et plus particulièrement de philosophie, nous le devons àla tradition qui enlace tout ce qui est passager et qui est par suite passé, pareille à une chaîne sacrée (...) qui nousa conservé et transmis tout ce qu'a créé le temps passé.. »

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