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La mort est naturelle: est-ce évident ?

Publié le 11/01/2004

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Le but de tout vivant est d'assurer la perpétuation de l'espèce. C'est la nature qui, au cours de l'évolution, a favorisé le développement des êtres complexes: les eucaryotes. Ce qui impose la reproduction sexuée et exige que les nouvelles générations laissent place aux anciennes. La mort est un phénomène naturel Chaque espèce a sa propre durée de vie. C'est ce que montre Jacques Ruffié dans Le Sexe et la mort. Un séquoia peut vivre 3000 ans, une tortue deux siècles et un être humain 80 ans environ en moyenne. C'est le patrimoine génétique qui porte en lui cette durée de vie, à condition évidemment qu'aucune cause extérieure, accident ou maladie, ne nous précipite dans la mort. Il nous faut mourir un jour La mort est naturelle au sens où c'est notre sort commun. Personne ne peut y échapper. En effet, l'homme, contrairement à l'animal, est conscient qu'il va mourir et que tous les hommes partagent le même sort.
Relativisation culturelle: pour nous, la mort est un scandale, un drame absolu que l'on occulte dans l'anonymat des hôpitaux ou des hospices. Chez les Grecs, la mort était naturelle, bien intégrée, SOCRATE en faisant même une renaissance et une libération. Qu'en est-il donc de cette réalité perçue et thématisée si différemment selon les contextes ?

« naturelle, c'est surtout un phénomène culturel.

Elle devient la source d'interrogations métaphysiques et pose le problème du sens de la vie.] La mort est un événement culturelLes êtres humains ont conscience qu'ils sont mortels.

Ils vivent la brutalité et l'irréversibilité de la mort, quidevient donc un phénomène culturel d'une grande importance.

Dans toutes les cultures, les disparus sontl'objet d'attentions particulières: ensevelissement, embaumement, crémation sont autant de formesdifférentes du culte des morts. La mort est source d'interrogationLa mort angoisse l'homme, il ne peut saisir ce qu'est la mort qu'à travers la mort des autres.

Elle est pour luiune source inépuisable d'interrogations.

Les grands courants philosophiques ont essayé de donner uneréponse à la question essentielle de l'homme.

Épicure pensait que la mort n'était rien pour nous, Socrate, aucontraire, que philosopher, c'était apprendre à mourir. Dans la Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celledu platonisme : elle s'en tient à un strict matérialisme.

La mort n'estpas une évasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nousconcerne en rien, puisque vivants, nous appartenons à l'être.

"Toutbien et tout mal résident dans la sensation ; or, la mort est la privationcomplète de cette dernière." Ensuite, sachant que notre durée de vieest limitée, nous serons heureusement pressés de jouir raisonnablementdes biens de la vie.

La pensée de la mort dissipe l'angoisse d'une vieillimitée, en laquelle nous aurions à choisir et agir en vue de l'éternité.Pour l'existence humaine, l'éternel n'est jamais en jeu : il n'y a rien de sigrave qui mérite un souci sans limites.

De plus, les dieux immortels, quijouissent d'une béatitude infinie, ne se soucient pas des affaireshumaines.

Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes, mortels,rien pour les dieux : leur jugement n'est pas à craindre.

Il ne faut doncse soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente de son heure.

Unechose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'estque déjà nous ne sommes plus là pour en souffrir.

L'homme nerencontre jamais sa propre mort, et le "passage" est aussi irréel etinconsistant que l'instant présent qui sépare le passé du futur.

La mortn'est rien, comme le pur instant présent, sans passé ni avenir : "Lamort n'a par conséquent aucun rapport avec les vivants, ni avec lesmorts, étant donné qu'elle n'est rien pour les premiers, et que les derniers ne sont plus." La mort ne doit être pensée ni comme un mal, ni comme une délivrance.

Si ne pasexister n'est pas un mal, la vie comporte des joies qui peuvent être très agréables.

Vivre sagement, ce n'estpas chercher à jouir le plus longtemps possible, mais le plus agréablement qu'il se peut. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le sautdans l'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrancesterribles ne leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple,imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nouslibère.

De plus, si tout dans l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, nesommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, quise désagrègent, ce n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé oumalade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rienpour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme,et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.

Car l'âme elle-même est faite de matière,certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes, elle aussi se décomposelorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première àse décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée et demouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps àcommencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : «Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans lasensation, et que la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la sourcede toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de toutmal, puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicurecomme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition dessensations, il ne peut y avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie dela conscience, de la pensée individuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisquelorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que. »

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