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est-ce bien de perdre ses illusions ?

Publié le 24/02/2005

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- La difficulté du sujet provient de la diversité même des illusions, qui concernent aussi bien les illusions d'optique que celles relatives à la connaissance de soi ou du monde. - S'il est bien de perdre ses illusions, c'est qu'elles constituent un mal : peut-on l'affirmer globalement, et pourquoi ? - On peut se demander s'il est possible de perdre ses illusions, pour peu que l'on établisse une relation entre ces dernières et le désir d'un sujet : peut-il supprimer tout désir ?

« Mais ce travail de « déblaiement » n'est pas entièrement négatif.

Il s'articule autour de la volonté réelle de chercher ce qu'est un acte juste, ce qu'est la justice.

Il s'articule autour du désir de comprendre les actes des hommes et leurs significations. Or, il est évident que celui qui croit savoir ne cherche pas.

Comme le dit le « Phèdre », les dieux ne sot pas philosophes, car ils savent, et ne le sont pas non plus ceux qui, satisfaits d'eux-mêmes, ignorent leur propre ignorance.

C'est pourquoi le préalable à toutes recherches, à toutesinterrogations communes sur le sens de notre existence et de nos actes, est la conscience de notre ignorance et la mise à mort de l'illusion desavoir. L'un des grands messages de Socrate est que l'illusion de savoir est le plus grand obstacle au savoir, un coup d'arrêt au mouvement de la pensée et de la réflexion, à la remise en cause de nos acquis. Voilà comment Socrate interprète lui-même sa fonction à l'intérieur de la cité : « Je suis le taon qui, de tout le jour, ne cesse jamais de vous réveiller, de vous conseiller et morigéner chacun de vous. » Et avant d'avoir rappelé à ses juges, à ceux qui le condamnent à mort « car si vous croyez qu'en tuant les gens, vous empêcherez qu'on vous reproche de vivre dans l'erreur vous vous trompez », il ajoutait : « Une vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue. ». N'est pas digne d'être vécue une vie sans réflexion, sans retour sur soi, sans interrogation sur le sens et la valeur de ses actes.

Or pour vivre unetelle vie, il faut en finir avec les réponses toutes faites et jamais interrogées, avec cette ignorance qui s'ignore elle-même.

La sagesse toute humainede Socrate consiste dans le respect de cette consigne, dans sa vocation de taon, dans la haine du bien connu.

Elle consiste aussi en ce qu'avec Socrate , ce qui passe au premier plan , ce n'est plus la recherche sur l'univers et la « physique » des premiers penseurs grecs, mais la réflexion qu'on dirait morale, et qui réside dans l'exigence de l'examen critique de soi-même, de ses actes .

Et si la pensée est un dialogue de l'âme avec elle-même , elle se poursuit dans le dialogue vivant, avec des hommes en chair et en os, comme le fit toujours Socrate . Il y a quelque chose de troublant, à ce que la phrase de Socrate fasse elle-même partie du « bien connu », et à ce que la philosophie oublie parfois cette leçon, répétée par Hegel vingt quatre siècles plus tard, qu'il n'y a rien de plus mal connu que le « bien connu », et qu'elle doit rester « le taon de la cité ». Si la philosophe commence avec Socrate , c'est qu'elle débute par la prise de conscience de son ignorance, par la lutte qui doit être sans cesse réentreprise contre la tyrannie des réponses toutes faites dont on n'interroge jamais le sens. Cette leçon, toute philosophie véritable la fera sienne.

Le travail authentique de la philosophie commence toujours par une remise en causedes idées admises et des réponses traditionnelles.

C'est en quoi elle est toujours « génantes », toujours « contestataire » ; il suffit de citer Montaigne , Descartes , Rousseau .

Le libre examen, un rapport honnête à soi-même, l'ouverture aux autres du dialogue, autant de signes de l'activité philosophique, autant de leçons de Socrate . Philosopher, c'est d'abord commencer par se dessiller les yeux de l'esprit.

En effet, pourquoi chercherais-je ce que jecrois détenir ? Ici, nos illusions paralysent et stérilisent dans une double ignorance: l'ignorance elle-même ignoréecomme ignorance ! Ce qui a pour effet souvent de nous enfermer dans l'entêtement, crispés sur des certitudes«intouchables» ou même dans l'arrogance de notre prétention à «savoir». • Le disciple admiratif de Socrate qu'est Platon va, dès lors, approfondir cette perspective de réflexion.

L'allégorie de la caverne lui permet de montrer que nous prenons pour beaux, vrais et bonsdes semblants de vérité, nous y fixant, au lieu de les saisir comme de simplessignaux réveillant en nous, par le désir, l'idée d'une réalité bien plus essentielleet absolue. Dans cette célèbre allégorie (ou comparaison systématique), Platonreprésente le monde matériel (ou monde sensible) comme une caverne danslaquelle les êtres humains sont enchaînés depuis leur naissance.

Lesprisonniers que nous sommes contemplent le théâtre des ombres où défilentles apparences des choses, telles que nous les percevons.

Ces ombres sontles reflets des Formes ou Idées qui défilent derrière un mur en surplomb.

Lesidées forment ensemble la vraie réalité.

Elles sont éclairées par un grand feu,ici représentée comme le soleil de la valeur suprême du monde des Idées: leBien souverain.

Dans ce ciel, brillent toutes les valeurs authentiques,éclairées par le soleil du Bien: la Vérité, la Justice, la Beauté, etc. S'il nous faut d'abord apprendre à mesurer, à nous éloigner des impressionssensibles pour appréhender l'intelligible, l'idée, l'objectif, l'essence, cela nesaurait suffire, car, nous devons non seulement baliser horizontalement,d'idée séparée (concept) en idée séparée, tout le champ de l'intelligible, maisencore, verticalement, par cette discussion raisonnée qui n'est autre que ledialogue dialectique, nous élever jusqu'à l'Idée de toutes les idées, c'est-à-dire le principe premier, le Bien, auquel toutes les idées participent, avec lequel elles sont en relation nécessaire.Une fois ce mouvement ascendant opéré et le Bien reconnu comme ce soleil qui d'évidence éclaire et «nourrit» tout,nous pourrons «redescendre» et ordonner rationnellement le monde, la cité, l'individu, selon une géométrieharmonieuse.Au terme du monde intelligible est l'idée du Bien, difficile à voir, mais qu'on ne peut voir sans conclure qu'elle estuniversellement la cause de toutes les choses bonnes et belles, elle qui a engendré, dans le monde visible, la lumière. »

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