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Mes pensées n'engagent-elles que moi?

Publié le 10/04/2005

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.. » etc. Quand je dis, à la mairie ou à l'autel, etc. « Oui [je le veux] », je ne fais pas le reportage d'un mariage : je me marie. Quel nom donner à une phrase ou à une énonciation de ce type ? Je propose de l'appeler une phrase performative ou une énonciation performative ou - par souci de brièveté - un « performatif ». Ce nom dérive, bien sûr, du verbe [anglais] perform, verbe qu'on emploie d'ordinaire avec le substantif « action » : il indique que produire l'énonciation est exécuter une action (on ne considère pas, habituellement, cette production-là comme ne faisant que dire quelque chose. (...) PEUT-IL ARRIVER QUE DIRE UNE CHOSE CE SOIT LA FAIRE ? (...) Une telle doctrine semble d'abord étrange, sinon désinvolte ; mais pourvue de garanties suffisantes, elle peut en venir à perdre toute étrangeté.

« façonnés par un monde historique que nous ne choisissons pas ; nous sommes nés à une époque donnée dansun contexte social donné, et nous n'y pouvons rien.

S'il a 20 ans quand la mobilisation générale l'envoie aufront combattre l'ennemi, pèse sur lui une série de contingences : c'est un homme, on ne mobilise pas lesfemmes dans son pays, il est citoyen d'un pays en guerre, donc mobilisable et à ce titre, tous ses projetssont suspendus, et il court même le risque absolu : celui de sa mort.

[Les pensées sont des actes ] La compréhension sartrienne de l'engagement nous suggère de modérer l'opposition entre les pensées et lesactes : les pensées sont des actes - de discours, mais des actes tout de même. Quand dire, c'est faire Le linguiste Austin a montré que le langage, loin d'avoir comme seule fonction la transmission d'informations,en remplit bien d'autres, dont la fonction performative, qui représente le mieux l'acte d'engagement et qu'ilrésume par la formule : « quand dire, c'est faire ».

Par exemple, dire « oui » lors de son mariage ou « je le jure» dans le cadre d'un procès constitue un acte authentique accompli devant témoins : un mot a changé toutle statut juridique de l'individu ainsi que sa situation personnelle et sociale. Les paroles sont triplement actes • Le linguiste et philosophe anglais J.

L.

Austin a souligné que toute parole, tout discours est triplement acte: – Acte locutoire.

Une parole, un discours est d'abord l'exercice de la faculté du langage.

Un discours est unénoncé ou un ensemble d'énoncés réellement produit par un locuteur (individuel ou collectif).

Il est dan parlui-même un acte : acte de locution. – Acte illocutoire.

Lorsque je parle (que j'accomplis un acte de locution), j'utilise le discours.

Mais je puisl'utiliser de différentes manières, car le discours a de nombreuses fonctions.

Je puis, par exemple, informer,suggérer, promettre, interdire, etc.

Donc en disant quelque chose, j'effectue un acte différent de l'actelocutoire qui est de dire quelque chose.

Austin appelle « illocutoire » cet acte effectué en disant quelquechose. – Acte perlocutoire.

Un discours a le plus souvent certains effets intentionnels ou non, même lointains, soitsur autrui, soit sur celui qui parle.

Ainsi lorsque je produis un acte locutoire (et par là-même un acteillocutoire) je produis un troisième acte, qu'Austin nomme « perlocutoire ». • Ces trois actes distincts sont illustrés par l'exemple suivant :– Acte locutoire : production de la parole, « Tu ne peux pas faire cela ».– Acte illocutoire la parole « Tu ne peux pas faire cela » manifeste une protestation contre une action.– Acte perlocutoire : la parole (et la protestation) « Tu ne peux pas faire cela » a pour effet de dissuaderl'interlocuteur de réaliser son action. "Nous prendrons donc comme premiers exemples quelques énonciations qui ne peuvent tomber sous aucunecatégorie grammaticale reconnue jusqu'ici, hors celle de l'« affirmation » ; des énonciations qui ne sont pas,non plus, des non-sens, et qui ne contiennent aucun de ces avertisseurs verbaux que les philosophes ontenfin réussi à détecter, ou croient avoir détectés : mots bizarres comme « bon » ou « tous » auxiliairessuspects comme « devoir » ou « pouvoir » constructions douteuses telles que la forme hypothétique.

Toutesles énonciations que nous allons voir présenteront, comme par hasard, des verbes bien ordinaires, à lapremière personne du singulier de l'indicatif présent, voix active.

Car on peut trouver des énonciations quisatisfont ces conditions et qui, pourtant, A) ne « décrivent », ne « rapportent », ne constatent absolumentrien, ne sont pas « vraies ou fausses » ; et sont telles quen B) l'énonciation de la phrase est l'exécution d'uneaction (ou une partie de cette exécution) qu'on ne saurait, répétons-le, décrire tout bonnement comme étantl'acte de dire quelque chose.

(...)Exemples :(E.a) « Oui [je le veux] (c'est-à-dire je prends cette femme comme épouse légitime) » — ce « oui » étantprononcé au cours de la cérémonie du mariage.(E.b) « Je baptise ce bateau le Queen Elisabeth — comme on dit lorsqu'on brise une bouteille contre la coque.(E.c) « Je donne et lègue ma montre à mon frère » — comme on peut le lire dans un testament.(E.d) « Je vous parie six pences qu'il pleuvra demain ».. »

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