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Le problème du libre arbitre

Publié le 13/04/2004

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libre arbitre

A la liberté éclairée de Descartes, déterminée par la connaissance des raisons de l'action, correspond l'illusion de liberté de Spinoza, déterminée par l'ignorance des causes véritables de l'action. Les deux dernières phrases du texte sont une véritable critique de la liberté d'indifférence. "Un petit enfant croit librement appéter le lait, un jeune garçon en colère vouloir la vengeance, un peureux la fuite. Un homme en état d'ébriété aussi croit dire par un libre décret de l'Âme ce que, sorti de cet état, il voudrait avoir tu ; de même le délirant, la bavarde, l'enfant et un très grand nombre d'individus de même farine croient parler par un libre décret de l'Âme, alors cependant qu'ils ne peuvent contenir l'impulsion qu'ils ont à parler; l'expérience donc fait voir aussi clairement que la Raison que les hommes se croient libres pour cette seule cause qu'ils sont conscients de leurs actions, et ignorants des causes par où ils sont déterminés ; et, en outre, que les décrets de l Âme ne sont rien d'autre que les appétits eux-mêmes et varient en conséquence selon la disposition variable du Corps. Chacun, en effet, gouverne tout suivant son affection, et ceux qui, de plus, sont dominés par des affections contraires, ne savent ce qu'ils veulent ; pour ceux qui sont sans affection, ils sont poussés d'un côté ou de l'autre par le plus léger motif." B. SPINOZA, Éthique, III, prop. II, scolie, trad. Ch. Appuhn, Garnier-Fiammarion, 1965, p.

Capacité de se déterminer par soi-même, pouvoir de choisir. Seul l'homme possède un libre arbitre ; le com­portement des animaux, lui, est prédéterminé par ce que l'instinct commande.

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« Nous nous croyons libres, et nous éprouvons cette autonomie de notre volonté comme une sorte d'évidence.

Il sepourrait malgré tout que ce ne soit qu'une illusion, liée à notre ignorance des causes qui nous font agir. SPINOZAL'existence du libre arbitre, c'est-à-dire de la totale liberté de notre volonté, après avoir été hautement affirmée parDescartes, a été mise en cause par Spinoza de la manière la plus radicale.

Pour Spinoza, en effet, «l'homme est unepartie de la Nature» (l'Éthique, 1677).

Les êtres humains se trouvent donc, comme toutes les autres parties de laNature, soumis au déterminisme : leurs comportements comme leurs désirs et leurs décisions découlent de causesprécises.

Si les hommes se croient libres, c'est parce qu'ils ignorent les causes qui les font agir.

Le libre arbitre estdonc, selon Spinoza, une illusion qui provient de notre ignorance : ne sachant pas, la plupart du temps, quelles sontles causes qui motivent nos décisions, nous nous imaginons que nous décidons «par nous-mêmes ».

LeibnizCette critique du libre arbitre s'est ensuite prolongée chez Leibniz, en fonction de deux principes fondamentaux.

Le«principe de raison suffisante» veut que tout ce qui arrive en ce monde ne soit pas le produit du hasard, maispossède une raison d'être.

Notre volonté, si l'on applique ce principe, n'est donc pas cause d'elle-même.

Ce quenous pensons avoir décidé librement découle d'un élément particulier, même si celui-ci nous échappe.

L'autreprincipe est que «la nature ne fait pas de saut», ce qui signifie que tout événement découle de manière nécessairede ce qui le précède.

En ce sens, l'idée d'un commencement radical des actes libres et l'affirmation que la volontéen est la seule cause participent plus • de l'illusion que de la connaissance.

Cette analyse peut se comprendre demanière simple à partir d'un exemple concret.

Lorsque, dans un ensemble de pièces de monnaie identiques, nous enprenons une pour régler un achat, nous pourrions penser que c'est, là aussi, la volonté qui détermine nos actes etque, sans elle, rien ne se ferait.

Or il nous faut constater que cette situation est totalement déterminée.

La raisonqui nous fait choisir telle ou telle pièce de monnaie ne relève pas d'un choix.

D'abord parce que la rapidité de rattene laisse pas le temps de la réflexion.

Ensuite parce que la répartition des pièces dans la main se présente selon unordre qui peut nous influencer : nous prendrons la pièce qui est plus près de nos doigts, par exemple, en fonctiondonc d'une configuration spatiale qui a sa propre raison d'être et qui est indépendante de notre volonté.

Action morale et responsabilitéQuelle que soit la diversité des analyses, toutes les critiques du libre arbitre présentent la même démarche, quiconsiste toujours à replacer notre volonté et ses décisions dans des ensembles plus vastes — lois de la nature,séries causales, automatismes physiques ou psychiques.

Dès qu'elle n'est plus considérée comme un monde à part,souverain et autonome, notre volonté voit son indépendance et son pouvoir illimité remis en cause.

Le problèmecapital qui reste à résoudre, si l'on admet cette critique du libre arbitre, se situe dans le domaine de l'action moraleet de la responsabilité éthique.En effet, si le libre arbitre n'existe pas et si toute décision se trouve entièrement soumise à un enchaînement decauses qui agissent sur notre volonté, comment tenir qui que ce soit pour responsable? Comment porter unjugement moral sur les actes de qui que ce soit? Le problème est posé par Kant, qui affirme que, même si les actesd'un homme étaient entièrement explicables, il faudrait malgré tout le considérer comme autonome sur le plan de lavolonté.. »

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