Devoir de Philosophie

Valeur des passions

Publié le 15/01/2004

Extrait du document

est un ébranlement de l'âme opposé à la droite raison et contre nature. » Zénon de Cittium. « Suivant la définition des stoïciens, la sagesse consiste à prendre la raison pour guide; la folie, au contraire, à obéir à ses passions; mais pour que la vie des homme ne soit pas tout à fait triste et maussade, Jupiter leur a donné bien plus de passions que de raison. » Érasme, Éloge de la folie, 1511. « L'inclination que la raison du sujet ne peut pas maîtriser ou n'y parvient qu'avec peine est la passion. » Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, 1798. « C'est seulement dans la mesure où les hommes vivent sous la conduite de la Raison qu'ils s'accordent toujours nécessairement en nature. » Spinoza, Éthique, 1677 (posth.)Tant que les hommes sont soumis à leurs passions (l'amour, l'envie, la haine...), ils ne peuvent vivre en paix les uns avec les autres.

« « L'Esprit se répand ainsi dans l'histoire en une inépuisable multiplicité de formes où il jouit de lui-même.Mais son travail intensifie son activité et de nouveau il se consume.

Chaque création dans laquelle il avaittrouvé sa jouissance s'oppose de nouveau à lui comme une nouvelle matière qui exige d'être oeuvrée.

Cequ'était son oeuvre devient ainsi matériau que son travail doit transformer en une oeuvre nouvelle.

» Dans cette dialectique ou ce travail du négatif, l'Esprit, tel le Phénix qui renaît de ses cendres, se dressechaque fois plus fort et plus clair.

Il se dresse contre lui-même, consume la forme qu'il s'était donnée,pour s'élever à une forme nouvelle, plus élevée.

De même que le Fils de Dieu fut jeté « dans le temps,soumis au jugement, mourant dans la douleur de la négativité », pour ressusciter comme « Esprit éternel,mais vivant et présent dans le monde », de même l'Absolu doit se vouer à la finitude et à l'éphémère pourse réaliser dans sa vérité et dans sa certitude. Dès lors, ce n'est pas en vain que les individus et les peuples sont sacrifiés.

On comprend aussi que lespassions sont, sans le savoir, au service de ce qui les dépasse, de la fin dernière de l'histoire: laréalisation de l'Esprit ou de Dieu.

Chaque homme, dans la vie, cherche à atteindre ses propres buts,cache sous des grands mots des actions égoïstes et tâche de tirer son épingle du jeu.

Et la passion, cen'est jamais que l'activité humaine commandée par des intérêts égoïstes et dans laquelle l'homme mettoute l'énergie de son vouloir et de son caractère, en sacrifiant à ses fins particulières et actuelles toutesles autres fins qu'il pourrait se donner: « Pour moi, l'activité humaine en général dérive d'intérêts particuliers, de fins spéciales ou, si l'on veut,d'intentions égoïstes, en ce sens que l'homme met toute l'énergie de sa volonté et de son caractère auservice de ses buts en leur sacrifiant tout ce qui pourrait être un autre but, ou plutôt en leur sacrifianttout le reste.

» Mais si les passions sont orientées vers des fins particulières, elles ne sont pas, pour autant, opposées àl'universel.

Le tumulte des intérêts contradictoires, des passions se résout en une loi nécessaire etuniverselle.

L'individu qui met son intelligence et son vouloir au service de ses passions sert, en fait etmalgré lui, autrui, en contribuant à l'oeuvre universelle.

Telle est la ruse de la Raison: les individus font ceque la Raison veut, sans cesser de suivre leurs impulsions, leurs passions singulières, de même que grâceà la ruse de l'homme, la nature fait ce qu'il veut sans cesser d'obéir à ses propres lois. L'universel est donc présent dans les volontés individuelles et s'accomplit par elles et particulièrement parla médiation des grands hommes de l'histoire.

Ainsi, par exemple, Jules César ne croyait agir que pour sonambition personnelle en combattant les maîtres des provinces de l'empire romain.

Or, sa victoire sur euxfut en même temps une conquête de la totalité de l'empire: il devint ainsi, sans toucher à la forme de laconstitution, le maître individuel de l'Etat.

Et le pouvoir unique à Rome « que lui conféra l'accomplissementde son but de prime abord négatif » ouvrait une phase nécessaire dans l'histoire de Rome et dansl'histoire du monde: « Les grands hommes de l'histoire sont ceux dont les fins particulières contiennent la substantialité quecontre la volonté de l'Esprit du monde.

» Les individus historiques sont donc les agents d'un but qui constitue une étape dans la marcheprogressive l'Esprit universel.

Mais sans la passion, ils n'auraient ri pu produire.« Ce n'est pas le bonheur qu'ils ont choisi, mais la peine, le travail pour leur but.

[...

] En fait, ils ont étépassionnés, c'est-à-dire ils ont passionnément pour leur but et lui ont consacré tout leur caractère, leurgd et leur tempérament.

[...] La passion est devenue l'énergie de leur moi; sans la passion ils n'auraientrien produire.

» Les grands hommes, les peuples avec leur esprit, 1eur constitution, leur art, leur religion, leur science nemaîtrisent pas le sens de ce qu'ils font.

Ils ne sont, que « les moyens, les instruments d'une chose plusélevée, plus vaste qu'ils ignorent et accomplissent inconsciemment ».

Si « Rien de grand ne s'est accomplidans le monde sans passion », c'est bien parce que les passions sont énergie, incandescence du vouloir,tension vers un but, mais aussi et surtout parce qu'elles ne sont que « les moyens du génie de l'universpour accomplir sa fin ». B.

L'homme est l'esclave de ses passions Beaucoup de moralistes, bien loin de faire l'éloge des passions, tendent à les condamner.

Non pas qu'en général ilsconsidèrent, à la manière des stoïciens, que la sagesse réside dans l'indifférence et l'impassibilité, mais parce qu'ilsjugent que la passion est une perversion de la raison.

Kant dit des passions qu'elles sont « sans exceptionmauvaises ».

En effet, la passion prive les hommes de leur liberté, puisqu'ils sont incapables de s'affranchir du jougqu'exerce sur eux l'objet de leur passion.

La passion est une maladie d'autant plus nuisible que le malade « ne veutpas être guéri » et fait tout, au contraire, pour s'enfoncer toujours un peu plus dans la maladie.

Le joueur continueà jouer, malgré sa ruine prochaine ; et l'alcoolique se détruit inexorablement la santé, malgré les avertissements deson médecin.

Il y a une obnubilation passionnelle qui nous dissimule nos véritables intérêts ; c'est pourquoi toute. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles