Devoir de Philosophie

D'où les lois tirent-elles leur force ?

Publié le 27/06/2012

Extrait du document

...

« Sujet 20 • Corrigé défende le bien commun pour qu'elle soit respectée, à admettre qu'elle soit en elle-même respectable? D'où les lois tirent-elles leur force? En d'autres termes : suffit-il qu'une loi soit bien faite pour que les sujets s'y soumettent volontai­ rement et unanimement, ou ne faudra-t-il pas lui adjoindre toute la force pu­ blique? Une loi qui se fonde sur la force aura toujours besoin de la force pour se faire respecter; mais n'est-ce pas au fond le cas de toute loi, même de celles qui se fondent sur le droit? 1.

Une loi qui se fonde sur la force se fait respecter par la force Que serait une loi fondée sur la force? Lorsqu'un tyran met l'État au service de ses caprices, lorsqu'il édicte des règles contraignantes qui soumettent les sujets à ses caprices, il ne se fonde que sur cet axiome: je suis le plus fort, et parce que j'ai la force pour moi, je fais de vous ce que je veux.

Or, comme le remarquait Rousseau dans Le Contrat social (I, 3), ces règles n'auront que l'apparence de la loi, parce qu'elles ne sont pas l'expression d'un droit: il n'y a pas de droit du plus fort.

Pourquoi donc? Celui qui sort vainqueur d'un rapport de force peut bien exiger la soumission du vaincu et en faire sa propriété : c'est sur cette idée que reposait la pratique grecque de l'esclavage.

Mais cette soumission ne durera qu'aussi longtemps que la force sera du côté du maître : si c'est par force que l'esclave a été privé de sa liberté, il pourra toujours tenter de la reprendre par force également.

Or nul n'est assez puissant pour être assuré d'être toujours le plus puissant, d'autant que nul puissant n'est à l'abri d'une conjuration de ceux qu'il a soumis, lesquels, en réunion, seraient plus forts que lui.

Le maître a donc tôt fait de « transformer sa force en droit et l'obéissance en devoir », et d'abord en proclamant une loi qui donne à l'esclave l'ordre de se soumettre.

Mais cette loi n'en est pas une, précisément parce qu'elle se fonde sur un rapport de force: si je m'y soumets, c'est parce que la peur et la prudence me dictent la soumission, mais je ne me sens aucune obligation de la respecter.

Que la puissance du tyran s'amenuise, que la vieillesse l'affaiblisse, que sa police relâche sa surveillance, et c'est la révolte assurée, parce que la force ne fait pas droit.

Écoutons l'exemple pris par Rousseau : « Qu'un brigand me surprenne au coin d'un bois: non seulement il faut par force donner la bourse, mais quand je pourrais la soustraire suis-je en conscience obligé de la donner? » Je peux fort bien me défaire de mon argent sous la menace d'une arme, mais je n'accepte de le faire que par prudence.

Si le voleur laissait tomber son pistolet, et si j'avais l'occasion de m'en emparer, lui donnerais-je toujours ma bourse? Certes non,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles