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La représentation de la réalité dans l'art est-elle illusoire ?

Publié le 11/10/2005

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Les images-copies ne cherchent pas à tendre parfaitement vers le double ou la simulation du double, donc à tromper, contrairement aux images-simulacres. L'effet d'illusion est volontaire et est recherché par l'artiste comme on peut le voir aussi en République X, 602b. Ainsi la perspective est condamnée comme elle apparaître dans le tombeau de Philipe II à Vergina. Or si l'illusion de l'art est  efficace chez les enfants et les hommes privés de raison, elle peut aussi corrompre les honnêtes gens. L'art s'adresse toujours à la partie inférieure de l'âme, au bas ventre, il touche l'homme là où il est fragile : dans son corps. L'art produit donc des illusions de la réalité et notamment ce que l'on peut saisir à travers le fameux cas du « mythe de la caverne » dans la République (livre VI) de Platon. En effet, il y a utilisation d'un artifice qui s'efface dans l'illusion du vrai. Le naturel est le produit du plus grand artifice. Alors la définition la plus étroite de l'illusion que l'on puisse produire est celle d'une perception erronée de la perception sensorielle. Elle est donc tromperie et erreur.

L'illusion est un état mental de celui qu’on abuse et qu’on trompe. Elle se différencie de l’erreur, acte de l’esprit jugeant vrai ce qui en réalité est faux. Il peut y avoir une positivité de l’illusion, cela apparaît moins possible pour l’erreur. L’illusion produit du réel. Cette croyance possède une fonction et un contenu positif. Néanmoins, même connue l’illusion peut se perpétuer sans vraiment se dissiper. Si l’erreur de jugement provoquée par l’illusion peut être corrigée, l’illusion, elle, persiste et n’est pas dissipée. L’illusion n’est donc pas la même chose qu’une erreur. Il y a en elle quelque chose de positif, alors que est  simplement une « privation de connaissance «. Elle n’est pas non plus le mensonge qui procède essentiellement avec une intentionnalité, mais surtout par la présence d’un interlocuteur. Cependant, l’illusion pose le problème du mensonge à soi-même dans la mesure où illusion vient du latin « Illudere «, c’est-à-dire : jouer, abuser, tromper.

Or qu’est-ce à dire de définir l’art comme une représentation illusoire de la réalité ? C’est insister sur le rapport d’imitation et le caractère trompeur de l’art. autrement dit, il s’agit dans une première lecture d’une vision critique de l’art notamment dans sa fécondité cognitive et gnoséologique. L’art ne serait qu’un divertissement ne permettant pas d’accéder à la vérité où à la réalité de la chose représenté. En effet, la « re-présentation « exprime bien ce rapport de dualité entre l’art et le réel : l’art serait un double, un reflet, un miroir du réel. Mais alors à quoi bon ? N’est-ce pas une entreprise démesurée de vouloir rivaliser avec la nature réduisant l’art à une simple question d’habileté ? N’est-ce pas réduire la portée conceptuelle de l’art et en faire un concept négatif ? L’art pourrait manifester l’essence des choses. Taxer l’art d’apparence est peut-être vrai mais il n’en reste pas moins qu’il permettrait de rendre sensible l’idée ce qui serait une tentative pour ressaisir positivement le concept d’art dans toute son acception et toute sa valeur. Et pourquoi aller plus loin en montrant que l’art en tant qu’illusion est nécessaire et cela peut-être en raison de la déception éprouvée face à un réel ne faisant plus ou pas sens pour nous. Dans ce cas, l’illusion serait un pieux mensonge : une illusion consolatrice.

C’est donc suivant ces trois moments que nous entendons traiter de la question : « l’art est-il une représentation illusoire de la réalité ? «

 

« Transition : Ainsi l'art privilégie le sensible comme moyen d'expression et il est une représentation illusoire de la réalité ; unsimulacre, donc intrinsèquement un mensonge ce qui lui vaut la condamnation platonicienne au nom de la philosophieet de la recherche de la vérité.

Le problème est en effet que l'art peut nous faire croire que le vrai se croire dans lesensible alors qu'il se trouve dans l'idée, donc dans une forme intelligible qui se trouve dans le monde suprasensible.Or ce refus de l'art comme illusion n'est pas le fruit d'une distinction naïve entre être et apparaître ? II – L'illusion comme apparition de l'essence : positivité a) En effet, il revient à Hegel dans son introduction au Cours d'esthétique d'avoir désamorcé la dualité entre essence et apparence : « On dit que l'artest le règne de l'apparence, de l'illusion.

Le beau ne serait qu'illusoire.

Rien deplus exact : l'art crée des apparences et vit des apparences.

» Qu'est-ce quel'apparence ? Quel rapport avec l'essence ? Toute essence doit apparaîtrepour ne pas rester une abstraction pure.

L'apparence n'est pas inessentielle,au contraire, elle est le « moment essentielle de l'essence ».

L'art est uneapparence, mais une apparence propre.

L'art donc en tant que manifestationde l'idée est alors une illusion nécessaire : elle rend sensible l'idée ; elle est cequi permet sa phénoménalité et son effectivité essentielle.b) L'illusion trompe-t-elle ? Encore une fois Hegel dans son introduction au Cours d'esthétique montre que comparé à la réalité du monde extérieur, il semble que l'art ne soit qu'illusion ; mais on peut inverser le rapport avecautant de raison dans le sens où la réalité serait une illusion plus forte, uneapparence plus trompeuse que l'apparence de l'art.

« Tout cet ensembled'objets et de sensations n'est pas un monde de vérité, mais un monded'illusions.

» La réalité vraie existe au-delà de la sensation immédiate et desobjets que nous percevons directement.

L'illusoire s'applique dès lors bien plusau monde extérieur qu'à l'art.

Le qualificatif d'illusoire s'applique donc bien plusau réel, ce que nous appelons réel, et l'art dépasse cette illusion en nousdonnant à voir les idées.

L'art n'est donc pas en reste sur le réel : « Ce quenous appelons réalité est une illusion plus forte.

» L'art démontre la liberté del'esprit en créant des œuvres qui n'ont pas de référent réel.

L'illusion prend donc un autre sens, ce n'est plus unesimulation du réel, ce n'est plus une « illusion de ».

L'art est alors contraint de se conformer à ce qu'il représente,même si c'est avec artifice.c) En effet, l'art même s'il est illusoire donne accès à la vérité comme le précise Hegel dans l'introduction du Cours d'esthétique .

Le beau se définit comme la manifestation sensible de l'idée : « En disant donc que la beauté est idée, nous voulons dire par là que beauté et vérité sont une seule et même chose.

Le beau, en effet, doit être vrai ensoi.

» L'idée doit aussi se réaliser extérieurement et acquérir une existence définie, en tant qu'objectivementnaturelle et spirituelle.

Le vrai existe également en s'extériorisant.

L'idée, n'est pas seulement vraie, mais elle estégalement belle : « le beau se définit ainsi comme la manifestation sensible de l'idée.

Si l'art n'était qu'unereprésentation illusoire de la réalité, ce serait faire de l'art un concept négatif et dire qu'il ne doit qu'être uneimitation la plus proche possible du réel.

Le but essentiel de l'art serait alors de reproduire habilement les objets telsqu'ils existent dans la nature.

Dans ce cas, l'art serait superflu.

Mais s'il n'était que ça, dans quel but imiter ?Comme le dit Hegel, « en entrant en rivalité avec la nature, on se livre à un artifice sans valeur » comme le suggèrel'histoire de Zeuxis et Praxeas ; en d'autres termes ce serait comme « un ver faisant des efforts pour ressembler àun éléphant ».

Transition : Ainsi, si l'art est une représentation illusoire de la réalité, il n'en reste pas moins que l'on e doit pas conclure à unecritique négative de l'art, mais bien voir toute la positivité de cette question dans la mesure où l'art permet lamanifestation sensible de l'idée et un accès au vrai.

L'illusion n'est pas seulement un simulacre ou une imitation de laréalité mais bien déjà un mouvement essentiel de l'effectivité de l'essence.

Dès lors ne pourrait-on pas aller plus loinet ressaisir pleinement le rapport entre réalité et illusion ? III – L'Art, illusion consolatrice et réalité. »

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