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l'homme peut-il maîtriser le développement de la technique ?

Publié le 27/02/2005

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technique

• Partez de la vision commune : l'homme maîtrise la technique puisqu'il propose chaque jour de nouvelles améliorations utiles à notre bien-être. • Mais les progrès considérables de la technique ont aussi des conséquences néfastes, si bien qu'on peut penser que l'homme n'est pas totalement maître de ses propres inventions. Elles lui échappent et mettent l'humanité en danger. • Est-ce irrémédiable ? Non, si l'homme prend vraiment conscience que le monde dans lequel il vit, c'est le monde qu'il a choisi, ou en tout cas qu'il a accepté. Prenons en charge notre futur.

Devant les dangers que font courir à l'humanité les progrès de la technique, on peut se demander si l'homme a plein contrôle sur ce qu'il produit, s'il est capable, aujourd'hui, de stopper, de modifier, ou de faire prendre une autre direction au développement de la technique. Ou s'il est irrémédiablement « envahi « par ses propres inventions.

technique

« présente comme une domination possible de la nature : il s'agit en effet pour lui de remplacer la« philosophie spéculative » par une « philosophie pratique » , « par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent,aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employeren même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres etpossesseurs de la nature ».

On peut parler ici d'un projet technique de domination de la nature, dont on retrouve la tonalité chez Bacon (« commander » la nature) , projet qui montre que le lien entre nature et technique n'est ni pauvre, ni univoque (puisque la technique peut nous en apprendre sur la nature). Si donc le dialogue entre la nature et la technique est si riche, comment se fait-il que le progrès des applications de la technique humaine vienne mettre en danger les équilibre naturels ? N'y a-t-il pasquelque paradoxe à ce que la diffusion de CFC, diffusion qui obéit à une loi naturelle (celle de l'expansiondes corps gazeux), compromette l'existence de la couche d'ozone, autre réalité naturelle ? Si latechnique est dangereuse, c'est qu'elle en arrive à confronter les unes aux autres des lois et lesmécanismes naturels incompatibles entre eux.

Souvenons-nous d' Aristote ; «en « prolongeant » la nature, la technique l'emmène peut-être un peu trop loin, parce que, même si la fission atomique qui estle principe des bombes nucléaires est naturelle, la nature ne produit pas spontanément des bombes.

Dansle mythe du « Protagoras », Platon donnait d'ailleurs à la technique ce premier éclairage : Epiméthée , chargé de distribuer aux espèces mortelles les atouts et les qualités, avait été trop prodigue avec lesautres espèces, ce qui fait que plus rien ne restait pour l'homme.

voulant réparer l'oubli, Prométhée subtilise à Héphaistos et Athéna le feu et la connaissance des arts, ce pour quoi il sera puni par Zeus , comme s'il fallait comprendre que ce faisant il avait commis quelque acte répréhensible : avoir donné auxhommes le moyen d'aller trop loin.

Dans le Protagoras de Platon, le personnage de Protagoras (célèbre sophiste) fait le récit du mythe de la situationoriginelle de l'homme.

Dépourvu de tout, nu et sans défense, celui-ci est à la merci d'une nature hostile et peuprodigue à son égard.

Chargé par les dieux de distribuer des qualités spécifiques à chaque animal, Prométhéeaccepte de déléguer cette mission à son frère Epiméthée qui, dans son empressement, oublie l'homme.

Pour éviterque ce dernier ne disparaisse et pour réparer l'étourderie d'Epiméthée, Prométhée dérobe le feu à Héphaïstos et laconnaissance des arts à Athéna pour en faire présent à l'homme.

Mais les Dieux en sont irrités et punissentProméthée pour sa forfaiture.

Les leçons de ce mythe sont très nombreuses.

D'abord, on peut remarquer que sansles arts et le feu (c'est-à-dire sans la technique), l'homme est dans un état de dénuement total.

Comparativementaux animaux, il ne dispose en effet d'aucun "outil naturel" : pas de bec, pas de crocs, pas de fourrure, pas de venin,pas d'agilité à la course… L'homme est donc contraint, sous peine de disparaître, de pallier la faiblesse de sacondition par l'usage d'outils et d'artifices divers.

La technique se donne par conséquent, d'abord, comme unenécessité vitale à laquelle nous devons notre survie et notre arrachement à la nature ainsi que notre spécificité.Mais dans le mythe, il faut rappeler que les dieux punissent Prométhée et ce n'est pas seulement le vol qu'ilssanctionnent parce que celui-ci s'apparente plus fondamentalement à un viol : Prométhée a donné à l'homme lemoyen d'être une sorte de dieu lui-même, un rival inattendu.

Par le développement des arts et des techniques,l'homme dispose d'un pouvoir extraordinaire.

Alors, le cadeau est peut-être empoisonné : ce pouvoir, l'homme peut-ille maîtriser ? Ce à quoi il doit sa survie ne risque-t-il pas de préparer paradoxalement sa disparition ? Si la techniqueest d'origine divine, elle procure un grand pouvoir, une immense responsabilité, et elle peut aussi se retourner contreceux qui ne sont pas conscients des dangers qu'elle engendre. La technique peut donc se retourner contre la nature après en être issue et constituer un danger pour elle, et ce en un sens quin'est pas exclusivement matériel, mais qui est aussi spirituel.

Dansson analyse de la technique, Heidegger , très au-delà de la bonne conscience écologique, met en lumière une certaine relation d'« arraisonnement » : à force de vouloir se rendre « maître et possesseur de la nature », comme le disait Descartes , l'homme met, selon la riche métaphore heideggerienne, la nature « à la raison » : Heidegger parle aussi d' « arraisonnement » , comme si la technique abordait la nature en pirate ; Qu'est-ce à dire ? Danssa conférence titrée « La question de la technique », Heidegger part de la question suivante : « quelle est donc l'essence de la technique moderne pour que celle-(ci puisse s'aviser d'utiliser lessciences exactes de la nature ? » Pour répondre à cette question, il faut inverser le rapport traditionnel entre science ettechnique.

En apparence, la technique suit les sciences exactes dela nature ; en réalité, la relation est presque inverse : c'estl'application technique qui renforce un certain aspect de cessciences naturelles : « La physique moderne n'est pas une physique expérimentale parce qu'elle applique à la nature desappareils pour l'interroger, mais inversement : c'est parce que laphysique –et déjà comme pure théorie- met la nature en demeure de se montrer comme un complexe calculable et prévisible de forces que l'expérimentation est commise àl'interroger », ajoute Heidegger .

Et peut-être en effet peut-on aller jusqu'à dire que lorsque la science travaille, elle a déjà en vue les applications techniques, qui peut-être alors l'orientent dans ses travaux :. »

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