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Peut-on s'étonner de tout ?

Publié le 24/12/2005

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Peut-on s'étonner de tout ? La question peut s'entendre en deux sens, tout d'abord, on peut se demander s'il y a vraiment des choses qui sont susceptible de provoquer l'étonnement. Ne peut-on pas à l'inverse dire que certaines choses vont de soit, et ne suscitent aucune surprise parce qu'elles vont de soi et sont évidentes ? N'y a-t-il pas des choses qui sont attendues, et par là même ne créent pas la surprise ? Ou plus simplement des choses qui sont sans intérêt et ne méritent même pas que l'on y attache son attention ? La première question est donc celle de la possibilité de s'étonner de tout. Mais cette première question plutôt factuelle en appelle une autre, d'ordre axiologique : est-il bon de s'étonner de tout ? Peut-on s'étonner de tout sans que cela ne paralyse notre action, notre évolution dans le monde ? C'est plutôt le terme « tout « qui pose alors problème : peut-on s'étonner de tout en permanence, tout le temps ? Cela ne consisterait-il pas à arrêter de vivre pour observer la vie ?

« etc.

La philosophie essaie, tente, de rendre compte de ce qui est.

C'est-à-dire de l'expliquer.

Soitsimplement en en énonçant les mécanisme, soit en essayant d'en donner le sens.

On en arrivera ainsi àdes questions dites métaphysiques : « Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » ( Leibniz ). Enfin, si la philosophie, selon Platon , commence par l'aveu de l'ignorance, son but est de faire cesser celle-ci.

Son but est la connaissance. Aristote insiste sur ce point essentiel, sur l'image que la science et la philosophie se font d'elles-mêmes : « Il est évident qu'ils poursuivaient la science pour savoir, et non en vue de quelque autre utilité. » Les philosophes recherchent le savoir pour le savoir et non pour une quelconque utilité pratique immédiate.

Cela ne veut en aucun cas dire que laphilosophie n'a aucun intérêt.

Mais d'abord, qu'elle n'a pas pour but de satisfaire un besoin, qu'il soit vital ou de confort.

C'est la preuve quedonne Aristote : « Presque tous les arts qui regardent les besoins et ceux qui s'appliquent au bien-être, étaient connus déjà quand on commença à chercher les explications de ce genre.

» C'est quand les problèmes urgents de la vie sont résolus, que l'on se lance dans les sciences ou la recherche.

La philosophie n'est donc pas une discipline asservie, liée aux nécessités vitales ou à la recherche d'un confort matériel.

Elle est uneactivité libre, qu'on exerce pour son propre plaisir, pour son intérêt intrinsèque.

En clair, c'est une activité libre parce que désintéressée. « Ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit une discipline libérale, puisque seule elle est à elle-même sa propre fin.Aussi est-ce encore à bon droit qu'on peut qualifier de plus qu'humaine sa possession. » C'est une constante de la philosophie grecque, et de la façon dont elle s'interprète : la philosophie nous arrache à la condition simplementhumaine , d'être périssable et obnubilé par sa survie, pour nous faire participer à un plaisir divin : la compréhension pure et désintéressée. Il se peut que cette vision paraisse naïve, après que Marx a assigné comme tache à la philosophie, non plus de connaître le monde mais de le transformer, et surtout que Descartes a fait comprendre que la science se doit de viser notre bien-être.

Mais elle est aussi le rappel que l'homme ne se réduit pas à un simple être naturel mais qu'il a part à un autre type de plaisir, celui de la compréhension, voire de la compréhension. Aristote nous rappelle que la philosophie naît et se nourrit d'un étonnement devant ce qui est.

Ce spectacle du monde entraîne, pour le « naturel philosophe », le désir de comprendre l'ordre du monde, la nature des choses.

En ce sens la naissance de la philosophie est contemporaine des sciences sans pourtant s'y réduire.

Enfin Aristote note qu'il existe chez tout être humain un plaisir désintéressé de comprendre, qui se manifeste aussi dans l'art, mais qui atteint son sommet dans la philosophie, laquelle nous fait participer, autant qu'il est possible, à une vie digne des dieux. C.

Mais Aristote voit dans le concept d'étonnement une autre caractéristique indispensable à la philosophie comme à la science : l'étonnement est la marque du désintéressement : cela suppose que la recherchephilosophique et scientifique ne puisse se faire que si « presque toutes les nécessités de la vie, et les choses qui intéressent le bien-être et l'agrément avaient reçu satisfaction, quand on commença à rechercher unediscipline de ce genre ».

Or, cela pose un problème tout à fait crucial : s'étonner de tout est-il possible, est-il souhaitable, alors que nous sommes pris avec les impératifs de la vie ? II.

On ne saurait pourtant s'étonner de tout. A.

On voit souvent l'agacement des parents devant l'étonnement continuel de leur enfant : c'est la manifestation d'un agacement contre l'interruption.

En effet, celui qui interroge sur tout, celui pour qui rienne va de soi ne peut tout simplement agir .

On pourrait penser que les enfants s'étonnent parce qu'ils sont plus ignorants que les adultes en vertu de leur âge, ce qui est certainement vrai, néanmoins, on constateque bien souvent les questions des enfants n'appellent pas de réponse immédiate et claire de la part desparents, ce qui montre bien que l'ignorance n'est pas la seule explication de cet étonnement continuel.

Il estpeut-être plus pertinent de supposer que c'est parce que les enfants n'ont que peu d'impératifs à tenir qu'ilss'étonnent tant : jouer est leur activité principale jusqu'à un certain âge, or, le jeu, comme l'étonnementsont des actions désintéressées.

Mais les parents, eux, pressés par l'action dans laquelle ils sont enpermanence engagés ne vivent pas au même rythme et ne peuvent prendre le temps de s'étonner avec eux.Il ne leur est tout simplement pas possible de s'étonner de tout parce que cela les empêcherait de vivre.

Lavie suppose l'action, qui suppose la certitude.

Nous sommes là au cœur du problème soulevé par Aristote : ilfaut que les besoins soient satisfaits pour que l'homme puisse s'étonner, c'est-à-dire avoir un rapportcontemplatif et désintéressé aux choses.

Celui qui s'étonne se place en effet en spectateur et donc enretrait de l'action.

B.

C'est pourquoi tout questionnement philosophique suppose que l'on puisse interroger les choses de. »

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