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Philosopher, est-ce renoncer a transformer l'ordre du monde ?

Publié le 27/12/2005

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Le prolétariat, travailleur, s'oppose à la bourgeoisie, propriétaire du capital et des moyens de production. Ainsi, le capitalisme, dont le but est l'accumulation du capital (selon Marx) conduit l'homme à soumettre l'homme. Marx (et Engels) avancent la thèse que seule une prise du pouvoir par la masse prolétaire pourra entraîner une révolution nécessaire pour un nouveau monde : la société communiste, sans classe sociale, division responsable de la soumission de l'homme par l'homme. (en 2 étape : 1/ dictature du prolétariat 2/ mise en place de la société, avec la collectivisation des moyens de production, de redistribution, d'échange, de décision, etc.). "De même que la philosophie trouve dans le prolétariat ses armes matérielles, le prolétariat trouve dans la philosophie ses armes intellectuelles. Et dès que l'éclair de la pensée aura pénétré au fond de ce naïf terrain populaire, les Allemands s'émanciperont et deviendront des hommes."  (Marx, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel) Cette théorie du marxisme a bousculé le 19è siècle, siècle de nombreuses révoltes en Europe, et n'est pas qu'un outil théorique désengagé de la réalité sociale. Au contraire, son influence a été énorme. Sur l'histoire sociale de l'Europe, et notamment sur l'histoire russe, par Lénine & Trotski.

Dans l'imaginaire collectif, la figure classique du philosophe est un homme perdu dans ses pensées et dans ses interrogations sur la nature du monde. Si la philosophie nécessite une telle mise à l'écart du monde réel, peut-on en déduire que le philosophe est celui qui, par sa démarche, se résigne et accepte le monde tel qu'il est ? Si la philosophie exige dans un premier temps que l'on se donne les moyens de comprendre le monde tel qu'il se présente, par une introspection qui demande de l'éloignement, n'est-il pas faux de la limiter à cette résignation apparente ? L'histoire ne nous dit-elle pas le contraire ?

« - Epicure (3è siècle avant JC) rejetait la soumissions aux désirs vains, tels que la gloire,la richesse ou la reconnaissance.

Rejeter en bloc la recherche de tels plaisirs, n'est-cepas se résigner à sortir du monde, à ne pas le changer ? Epicure est un bel exemplehistorique de philosophe n'ayant pas désiré changer l'ordre du monde, mais ne s'étant pasrésigné à modifier sa propre conduite face à celui-ci.

Puisque tous les hommespoursuivent des plaisirs vains, se disait-il, je vais m'écarter de ces hommes.

Ainsi, pourcertains philosophes, une conduite philosophique saine pouvait consister en l'acceptationcalme de l'ordre du monde : si je ne peux le changer, alors je me changerai, ou je lequitterai.

- Cela rejoint ce que Descartes écrivait.Pour Descartes, tout tourne autour de l'ego, du "je".

Le sujet peut par sa pensée changerles représentations et l'objets des désirs qu'il a en lui.

Le sujet, tout puissant, peut devenirmaître de ses désirs, et règler l'objet de sa volonté sur l'accessible et le possible.

Ainsi,même l'esclave peut être heureux si il agit avec philosophie : c'est à dire s'il se limite à cequi lui est donné.

Autrement dit, le philosophe doit, si sa recherche est celle du bonheur,accepter l'ordre des choses.Vouloir changer l'ordre du monde au lieu de changer l'ordre de ses propres désirs, voilà quiest source de malheur et de déséquilibre.

Tout tourne autour de la pensée, seul celui quil'use avec sagesse peut atteindre le stade supérieur de celui qui se refuse à changerl'ordre du monde."Je trouve ici que la pensée est un attribut qui m'appartient: elle seule ne peut être détachée de moi." Descartes, Méditations métaphysiques - La liberté, chez Descartes, c'est le refus conscient de changer l'ordre du monde.Pouvoir rejeter ses désirs innaccessibles de changer l'ordre des choses, pour Descartes, représente une condition de possibilité de laliberté et du bonheur.Faire la différence entre ce qui dépend de nous (la forme de nos désirs) et ce qui ne dépend pas de nous (l'ordre du monde), voilà quiforge le concept de liberté chez Descartes."Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l'ordre du monde etgénéralement, de m'accoutumer à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir, que nos pensées" (Descartes, Discoursde la méthode).

2/ Aux origines, la philosophie ne se donne pas comme but de "changer l'ordre du monde".

- Philosophie : fille de l'étonnement.Si l'on observe la philosophie matinale, celle des premiers ages, on se rend compte que la philosophie est née de l'étonnement et del'ignorance de l'homme.

Inquiet face à l'inconnu (dont la figure maitresse est la mort), l'homme s'est mis à philosopher.Aristote écrit (après Platon), dans "La métaphysique" : "Ce fut l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques.

Au début, ce furent lesdifficultés les plus apparentes qui les frappèrent, puis, s'avançant ainsi peu à peu, ils cherchèrent à résoudre des problèmes plusimportants".Aristote affirme donc : la philosophie est fille de l'étonnement.On peut également citer cette fameuse phrase de Socrate : "Tout ce que je sais c'est que je ne sais rien".Ainsi, la philosophie semble venir avec l'homme.

Celui-ci, mis face à son ignorance, debout face à la mort, ne peut pas ne pas seposer la question de sa place dans l'univers, de son origine, du but de l'existence, de la nature du monde, de la forme de ses pensées,de la présence d'autrui, etc.

- Ainsi, dès son origine, la philosophie ne se donnait pas comme but de "changer l'ordre du monde".

- Double objection de l'argument précédent, transition critique :a) Mais, si la philosophie n'est certes pas née pour agir sur le monde, nous ne pouvons ignorer qu'elle a muté au cours des siècles, etnous ne pouvons fermer les yeux sur l'influence qu'elle a eu sur l'homme et sur le monde.b) objection logique : affirmer que la philosophie ne se donne pas comme but originaire de changer l'ordre du monde ne revient pas àdire qu'elle s'apparente à un refus de changer le monde.

3/ La philosophie a pourtant changé le monde.

- Figure du philosophe : l'allégorie de la caverne.Comme le montre Platon, par la fameuse allégorie de la caverne, dans République, le philosophe désireux de s'extraire du mondefaux, pour atteindre la vérité, commence par fournir l'effort de se détacher du monde.

C'est l'homme qui sort, seul, de la caverne.

Sorti,l'homme voit la vérité, il est même d'abord ébloui par elle.

Mais cet accès à la vérité n'est pas une fin en soi pour autant : l'homme doitensuite redecendre dans la caverne pour partager ses découvertes avec ses compagnons.Ainsi, si le philosophe de la caverne, quand il a pris sur lui le courage de sortir de ses illusions, s'est détaché du monde fermé de lacaverne.

Mais le fait est qu'il est bel et bien revenu dans celle-ci, pour changer les hommes (et donc le monde), en les éclairant de lalumière de la vérité.Cette fameuse allégorie vient comme objection aux arguments de la première partie.

Même si le philosophe peut sembler se résignerà ne pas changer l'ordre du monde, en se perdant dans ses propres errances méditatives, le philosophe est bel et bien ancré dans lemonde et ses évolutions.. »

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