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Qu'est-ce que les mythes nous donnent à penser ?

Publié le 27/02/2005

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mythes
      Que donne à penser le mythe ? Le mythe donne donc à penser, comme nous l'ont montré les Grecs, le monde dans lequel nous vivons et la nature. C'est à partir du mythe et de ce qu'il nous montrait de la nature et du monde que Pythagore, Thalès, Héraclite, Empédocle, Anaxagore ou Anaximandre - ceux que l'on nomme les « présocratiques » - ont commencé à réfléchir au monde et aux choses. C'est même du mythe que naît la philosophie. Le philo-sophos (littéralement « amoureux de la sagesse ») est aussi un philo-mythos (« amoureux du mythe »). Le philosophe entretient avec le mythe une relation complexe, à la fois critique et complice. L'exemple le plus frappant est bien sûr Platon qui ne cesse d'avoir recourt au mythe tout en s'en détachant. Mais Aristote qui donne l'étonnement comme disposition initiale de la philosophie en est aussi le témoin. En effet, les mythes, ces récits remplis de monstres étranges, de situations bizarres ne poussent-ils pas à l'étonnement ? Et donc à la pensée ?

Si notre monde est forgé par des grands mythes fondateurs – les mythes homériques, les mythes grecs, les mythes bibliques, etc… –, si nous savons reconnaître les mythes anciens qui ont construit notre civilisation, il semble que nous avons dépassé le stade du mythe. Nous pensons ainsi avoir mis de côté la représentation mythique grâce aux progrès de la science qui nous donne à penser à partir de données « certaines «. Comment expliquer le monde par le combat entre le Ciel et la Terre - Ouranos et Gaia – comme le faisait Hésiode dans sa Théogonie, alors que les théories scientifiques nous donnent à considérer la formation du monde à partir de la formation de cellules ? Tout semble indiquer que le mythe, aujourd’hui, a sombré dans l’oubli, ou, du moins, qu’il est simplement le témoin d’une vision du monde désormais dépassée. Dès lors, comment les mythes pourraient nous donner à penser ? A l’heure de l’explication rationnelle et de la preuve scientifique, le mythe existe-t-il encore ? Si oui, que nous donnerait-il à penser ?

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« au mythe tout en s'en détachant.

Mais Aristote qui donne l'étonnement comme disposition initiale de la philosophieen est aussi le témoin.

En effet, les mythes, ces récits remplis de monstresétranges, de situations bizarres ne poussent-ils pas à l'étonnement ? Et doncà la pensée ? Dans un passage de la « Métaphysique » (Livre A, chapitre 2), Aristote explique l'origine de la philosophie et le but qu'elle poursuit.

« Ce qui à l'origine poussa les hommes aux premières recherches philosophiques, c'était, comme aujourd'hui, l'étonnement . » L'admiration et l'incompréhension devant le monde poussent l'homme à chercher à comprendre et à rendrecompte de ce qui l'entoure.

Ainsi naît la philosophie, qui n'a d'autre but que de tendre à expliquerle monde. Dans ce passage de la « Métaphysique », Aristote reprend l'enseignement de son maître. En effet, Platon écrit dans le « Théétète » : « il est tout à fait d'un philosophe, ce sentiment : s'étonner.

La philosophie n'a point d'autre origine… » L'étonnement, pour les Grecs, est donc l'origine véritable de la recherche philosophique. L'étonnement consiste en l'arrêt admiratif devant une chose que l'on ne comprend pas.

Le motn'est pas à comprendre au sens moderne cad la stupéfaction devant quelque chose d'inhabituel. Le sens commun, la plupart des hommes ne s'étonnent que devant un phénomène extraordinaire, qui échappe à la routine, et dont il est clair qu'on ne le comprend pas, qu'on ne peutle classer dans les rubriques habituelles.

Or les phénomènes les plus communs ne sont pas lesplus connus, tant sen faut, et le sentiment de connaître ce que l'on voit souvent n'est qu'uneillusion. L'étonnement qui frappe le philosophe concerne n'importe quelle chose, aussi banale soit-elle en apparence.

C'est d'abord l'admiration devant la nature, et l'aveu de son incompréhension devant ses mécanismes.

« Or apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance […] ainsi donc ce fut pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie. » Les exemples que donne Aristote sont éclairants ; les premières recherches se concentrèrent sur les objets à notre portée, puis les phases lunaires, puis le cours du Soleil, puis la formation de l'Univers.

Deux points sont remarquables : Þ D'une part, la philosophie n'est pas ici séparée de la science ; les exemples de recherches philosophiquessont des exemples qu'on qualifierait aujourd'hui d'astronomiques.

En fait la séparation de la science d'avecla philosophie est très tardive.

Elle date du XVIII ème siècle, et tous les grands noms de la philosophiefurent aussi, jusqu'à cette époque au moins, des grands noms des sciences. Þ D'autre part, l'étonnement e s'exerce pas sur des choses extraordinaires, mais tout simplement devantce qui est, et dont la nature nous offre chaque jour le spectacle comme la course du Soleil, les marées,etc.

La philosophie essaie, tente, de rendre compte de ce qui est.

C'est-à-dire de l'expliquer.

Soitsimplement en en énonçant les mécanisme, soit en essayant d'en donner le sens.

On en arrivera ainsi àdes questions dites métaphysiques : « Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » ( Leibniz ). Enfin, si la philosophie, selon Platon , commence par l'aveu de l'ignorance, son but est de faire cesser celle-ci.

Son but est la connaissance. Aristote insiste sur ce point essentiel, sur l'image que la science et la philosophie se font d'elles-mêmes : « Il est évident qu'ils poursuivaient la science pour savoir, et non en vue de quelque autre utilité. » Les philosophes recherchent le savoir pour le savoir et non pour une quelconque utilité pratique immédiate.

Cela ne veut en aucun cas dire que laphilosophie n'a aucun intérêt.

Mais d'abord, qu'elle n'a pas pour but de satisfaire un besoin, qu'il soit vital ou de confort.

C'est la preuve quedonne Aristote : « Presque tous les arts qui regardent les besoins et ceux qui s'appliquent au bien-être, étaient connus déjà quand on commença à chercher les explications de ce genre.

» C'est quand les problèmes urgents de la vie sont résolus, que l'on se lance dans les sciences ou la recherche.

La philosophie n'est donc pas une discipline asservie, liée aux nécessités vitales ou à la recherche d'un confort matériel.

Elle est uneactivité libre, qu'on exerce pour son propre plaisir, pour son intérêt intrinsèque.

En clair, c'est une activité libre parce que désintéressée.« Ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit une discipline libérale, puisque seule elle est à elle-même sa propre fin.Aussi est-ce encore à bon droit qu'on peut qualifier de plus qu'humaine sa possession. » C'est une constante de la philosophie grecque, et de la façon dont elle s'interprète : la philosophie nous arrache à la condition simplementhumaine , d'être périssable et obnubilé par sa survie, pour nous faire participer à un plaisir divin : la compréhension pure et désintéressée.Il se peut que cette vision paraisse naïve, après que Marx a assigné comme tache à la philosophie, non plus de connaître le monde mais de le transformer, et surtout que Descartes a fait comprendre que la science se doit de viser notre bien-être.

Mais elle est aussi le rappel que l'homme ne se réduit pas à un simple être naturel mais qu'il a part à un autre type de plaisir, celui de la compréhension, voire de la compréhension.Aristote nous rappelle que la philosophie naît et se nourrit d'un étonnement devant ce qui est.

Ce spectacle du monde entraîne, pour le « naturel philosophe », le désir de comprendre l'ordre du monde, la nature des choses.

En ce sens la naissance de la philosophie est contemporaine des sciences sans pourtant s'y réduire.

Enfin Aristote note qu'il existe chez tout être humain un plaisir désintéressé de comprendre, qui se manifeste aussi dans l'art, mais qui atteint son sommet dans la philosophie, laquelle nous fait participer, autant qu'il est possible, à une vie digne des dieux. Deuxième partie : la mort du mythe ? 1.

Ce que le mythe donnait autrefois à penser tombe aujourd'hui sous le coup de la science. En effet, nous avons dit que le mythe donnait à penser le monde, la nature et la place de l'homme dans cettenature et dans ce monde.

Mais aujourd'hui, le mythe parait tomber dans l'oubli.

On sait, de source scientifique, qu'iln'y a pas de Titans, de monstres à trois têtes tel l'Hydre de l'Herne que combattit Hercule.

Tout cela n'est que purefiction.

On oppose ainsi les mythes à la raison.

La pensée semble s'être détachée du mythe.

On ne pense plus ens'étonnant de phénomènes extraordinaires racontés par des récits fantastiques, mais bien en s'étonnant dephénomènes extraordinaires dont la science rend compte.

Dès lors, on peut se demander, à l'instar de Nietzschedans le Livre du philosophe, si le mythe n'a pas aujourd'hui disparu : « Ce n'est que là où tombe la lumière du mythe que s'éclaire la vie des Grecs ; ailleurs elle est obscure.

A présent les philosophes se privent du mythe ; mais. »

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