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Vivre l'instant présent est-ce une règle de vie satisfaisante ?

Publié le 05/01/2006

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• Pourquoi la question ?    On peut aborder ce sujet sous deux angles différents :  - En partant de notre expérience personnelle et d'une réflexion sur notre rapport au temps; cette approche peut donner lieu à un devoir honorable mais risque d'être un peu limitée.  - En reconnaissant dans la question un des thèmes très classiques de la philosophie antique et particulièrement de l'école épicurienne : le sujet fait évidemment allusion au fameux « carpe diem « ; reconnaître cet arrière-plan historique permettra d'étoffer la réflexion.    • Que signifie « vivre l'instant présent « ?    «Vivre « résume ici des expressions comme « vivre pleinement «, « vivre vraiment «, « jouir de «. L'expression ne dit pas de quoi le présent est fait ni ce qu'il faut faire pour en jouir; elle oppose surtout l'instant présent au reste du temps. Vivre l'instant présent c'est l'isoler dans la chaîne du temps et faire abstraction des regrets du passé et des soucis de l'avenir. C'est éviter de se projeter par la pensée ou l'imagination dans des temps qui ne sont plus ou ne sont pas encore.    • En quoi peut-on recommander cette conduite ?    Analysez la place du passé et de l'avenir dans nos préoccupations : en quoi nous détournent-ils du présent ? Quels sont les aspects du présent qui méritent d'être « vécus pleinement « ? S'agit-il seulement de l'expérience du plaisir? Ou peut-on y  intégrer le rapport à autrui ? Que nous révèle de la conscience et de l'existence humaines le fait qu'il faille un effort pour s'attacher au présent ?    • Quelles sont les limites de l'attachement au présent ?    Isoler le présent constitue une opération artificielle : analysez la valeur des notions d'effort, de responsabilité, de projet, de dynamique, de fidélité, de mémoire, etc. Par ailleurs, certains sentiments « négatifs « comme le regret, le remords ou l'inquiétude pour l'avenir ne sont-ils pas parfois bénéfiques ?

« L'épicurisme et le bonheur. Épicure pense que le but de la vie humaine est d'obtenir le bonheur.

Le moyende parvenir au bonheur est le plaisir né de la satisfaction des désirs.

Il fautrechercher le plaisir, car c'est son accumulation qui constitue le bonheur.Cette doctrine s'appelle l'hédonisme (du grec « hêdonê », le plaisir).

Il fautdonc se mettre en état de goûter du plaisir dans la vie, de profiter des bonsmoments, et même de chaque jour, de chaque instant, ce que dit la maximelatine qui reflète l'enseignement d'Epicure : « Carpe diem », « Cueille le jour ».Pour cela il faut éliminer les soucis et les angoisses. Le matérialisme contre les angoisses religieuses. Une des premières cause d'angoisse chez les humains est, selon Epicure,l'inquiétude religieuse et la superstition.

Bien des hommes vivent dans lacrainte des dieux.

Ils ont peur que leur conduite, leurs désirs ne plaisent pasaux dieux, que ceux-ci jugent leurs actes immoraux ou offensants enversleurs lois et ne se décident à punir sévèrement les pauvres fauteurs, en lesécrasant de malheur dès cette vie ou en les châtiant après cette vie.

Ilspensent aussi qu'il faut rendre un culte scrupuleux à ces divinités, leuradresser des prières, des suppliques, leur faire des offrandes afin de seconcilier leurs bonnes grâces.

Car les dieux sont susceptibles, se vexent pour un rien, et sont parfois même jaloux du bonheur des simples mortels, qu'ils se plaisent alors à ruiner.

Toutes cescroyances qui empoisonnent la vie des hommes ne sont que des superstitions et des fariboles pour Epicure.Pour s'en convaincre, il faut rechercher quels sont les fondements réels des choses, il faut une connaissancemétaphysique, cad une science de la totalité du monde.

Celle-ci nous révélera que le principe de toutes choses estla matière, que tout ce qui existe est matériel.

Ainsi, la science peut expliquer tous les événements du monde, tousles phénomènes de la Nature, même ceux qui étonnent et terrorisent le plus les hommes, comme procédant demécanismes matériels dépourvus de toute intention de nuire, et nullement d'esprits divins aux volontés variables.

Parexemple, les intempéries qui dévastent vos biens et vous ruinent ne sont nullement l'expression d'une vengeancedivine pour punir vos fautes passées, mais seulement la résultante de forces naturelles aveugles et indifférentes àvotre devenir.

C'est ce qu'établira de façon complète Lucrèce, en donnant même le luxe de plusieurs explicationspossibles des mêmes phénomènes, arguant du fait que l'essentiel n'est pas de connaître la vraie cause duphénomène, mais de savoir qu'il possède une cause matérielle non intentionnelle.

C'est en effet cela seul qui importeà notre bonheur, puisque ce savoir nous délivre des angoisses religieuses. La mort n'est rien pour nous. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme unsensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mortn'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. La modération des désirs.. »

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