Devoir de Philosophie

Suffit-il d'être certain pour être dans le vrai ?

Publié le 21/07/2004

Extrait du document

Partie du programme abordée : La vérité. Analyse du sujet : Un sujet qui interroge sur la relation entre la certitude – l'état de l'esprit qui donne son assentiment sans aucune crainte d'erreur – et le vrai, la conformité avec le réel. Conseils pratiques : Le terme de "certain” doit être questionné : il est ambigu, puisqu'il renvoie, soit à une attitude subjective, soit à des critères objectifs. Cette distinction vous permettra d'élaborer une stratégie de dissertation.

 

INTRODUCTION Toute pensée se voulant sérieuse est en quête de la vérité. Mais à quoi se reconnaît cette dernière? Qu'est-ce qui peut nous garantir sa présence? La certitude est-elle un indice suffisant de la vérité?

 

Introduction

  • I. Le problème : la certitude se produit à l'occasion du vrai comme du faux.

1. La certitude, marque du vrai. 2. La certitude peut néanmoins se produire à l'occasion du faux. 3. Cette ambiguïté de la certitude nourrit le scepticisme.

  • II. Il est néanmoins possible de rétablir l'unité de la certitude et de la vérité.

1. Critique du scepticisme. 2. Il est possible de s'assurer du vrai.     1 3. Des précautions à observer pour éviter l'erreur.

  • III. D'où vient le décalage entre certitude et vérité?

1. Le décalage entre certitude et vérité vient d'un acte de la volonté. 2. Les limites de la théorie cartésienne de l'erreur. 3. Critique spinoziste de la théorie cartésienne de l'erreur. Conclusion

« — Le rapport immédiat avec un objet passe d'abord par les sens.

Je puis être certain de ce que je ressens — maisaussi bien la philosophie que l'histoire de la science m'avertissent que de cette certitude intime, il est dangereux deconclure qu'elle accompagne un jugement vrai sur l'objet. — Il existe en effet des erreurs de perception, ou de fausses perceptions (mirages, illusions des amputés) qui sontbien accompagnées de certitude.

Dans de tels cas, la seule vérité que garantisse cette dernière concerne ce que jepeux dire à propos de l'état de ma subjectivité, mais non mon rapport au monde extérieur.— De la même façon, je peux être certain d'avoir raison, parce que j'y suis poussé par de multiples déterminations(je fais confiance aux informations que j'ai recueillies, ou au théoricien dont je répète les analyses ou la position enraison même de son « autorité », ou à ce qui me paraît constituer un ensemble incontestable d'« évidences »...).Mais il est toujours possible que j'ai tort (parce que je suis mal ou insuffisamment informé, parce que l'autorité àlaquelle je me réfère est elle-même dans l'erreur, etc.).— Dans de telles situations, la certitude est un sentiment trop grossier ou simple pour correspondre aux conditionsdans lesquelles une vérité peut être élaborée.

Et il en est ainsi dès qu'il s'agit du « réel », de l'univers empirique: lavérité qui le concerne demande à être élaborée scientifiquement, c'est-à-dire avec des méthodes et des conceptstrop complexes et éloignés de l'intuition pour que la certitude s'y trouve en jeu.

III.

LA CERTITUDE LOGIQUE — Dans les disciplines formelles (sans contenu empirique), les conditions du raisonnement et de la vérité qui s'yrattache sont définies rigoureusement.— La vérité y dépend du respect:• d'un vocabulaire symbolique univoque (vide, sans référent intuitif);• des règles d'opération ou de combinaison des éléments de ce vocabulaire.— Dès lors, la certitude qui peut accompagner un raisonnement formel (un calcul) signifie le sentiment d'avoir obéiaux contraintes initiales du système, et garantit en conséquence la vérité des jugements ainsi élaborés.

Elle renvoiecette fois, non au monde extérieur, mais à la raison elle-même dans sa capacité à définir ses propres règles defonctionnement, et rend compte de l'existence d'une nécessité purement rationnelle. En fait, l'impression vécue de certitude n'est pas suffisante pour caractériser le jugement vrai.

Car on peutse croire dans le vrai et cependant se tromper.

Je veux éprouver un sentiment très fort et très sincère decertitude et pourtant être dans l'erreur.

C'est une grave objection à la théorie de l'évidence-vérité. Comment distinguer les fausses évidences et les vraies évidences, C'est ici qu'un critère serait nécessaire.Descartes disait Leibniz , « a logé la vérité à l'hostellerie de l'évidence mais il a négligé de nous en donner l'adresse ».

Souvent les passions, les préjugés, les traditions fournissent des contrefaçons d'évidence.

Nous avons tendance à tenir pour claires & distinctes les opinions qui nous sont les plus familières, cellesauxquelles nous sommes habitués.

Les idées claires trop claires sont souvent des « idées mortes ».

En revanche, les idées nouvelles, révolutionnaires, ont du mal à se faire accepter.

Au nom de l'évidence de laprétendue évidence, c'est-à-dire des traditions bien établies et des pensées coutumières, les penseursofficiels, installés dans leur conformisme, ont toujours critiqué les grands créateurs d'idées neuves. Aussi, pour Leibniz qui juge l'évidence intuitive toujours sujette à caution, le raisonnement en forme fournit l'instrument du vrai, car il dépasse le psychologique pour s'élever au logique, au nécessaire.

Al'immédiateté de l'intuition il oppose les étapes nécessaires de la démonstration, conçue comme chaîne oùl'on substitue aux définis les définitions, et selon un ordre d'implication logique dont le syllogisme fournit undes modèles.

« Tous les hommes sont mortels.

Or, Socrate est un homme.

Donc Socrate est mortel. »S'il est évident que Socrate est un homme, cette évidence, pour être communiquée et fondée, requiert l'appel, non à une intuition, mais à la formalisation des relations d'implication logique entre des idées qui ne sauraientêtre considérées comme des absolus, mais comme les résultats de définitions ou de démonstration. Toutefois, et aussi loin que l'on pousse ce travail de réduction des éléments par application du principe d'identité,n'est-il pas inévitable de parvenir à un terme pour lequel on jugera que l'évidence intrinsèque du rapport ou du définiest, en fin de compte, et au moins pour nous, plus claire que la démonstration que l'on pourrait en tenter ? Et quelque soit par ailleurs le degré de formalisation des règles, ne faut-il pas toujours juger qu'elles sont correctementappliquées ? Ainsi force nous est de constater que le débat entre intuitionnisme et formalisme ne saurait se clore aubénéfice unique de l'un des deux termes, ce qui est probablement le signe qu'ils constituent non pas deuxéléments strictement antithétiques, mais plutôt deux pôles irréductibles de la connaissance humaine.

Ce queDescartes affirme, contre les critiques du formalisme, « tout critérium qu'on voudra substituer à l'évidence ramènera à l'évidence ». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles