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La matière précède-t-elle l'esprit ?

Publié le 27/01/2004

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esprit
Problématique La matière représente tout ce qui touche au sensible, elle est le corps, le principe de vie, le domaine de la rencontre du hasard et de la nécessité dans les jonctions d'atomes. L'esprit touche à l'opposé, il est éthéré et reste dans l'abstrait, il symbolise la liberté de l'homme, il touche à sa conscience, à sa réflexion, on ne peut le définir clairement car contrairement à la matière il n'a pas de limites. Ces deux objets paraissent donc opposés et insociables pourtant ils sont constamment en relation dans l'union de l'âme et du corps. On ne peut penser un esprit sans un corps et vice versa. Ils sont en relation constante de ce fait on ne peut penser une action de l'un sans inclure l'influence de l'autre. De ce fait, comment peut on clairement définir lequel des deux influence l'autre? Dire que la matière précède l'esprit n'est pas omettre le fait que le corps n'a d'existence que parce que la conscience le perçoit? Introduction Il semble qu'il y ait d'emblée une spécificité irréductible à chacun des termes de cette distinction matière/esprit. En effet, alors que la matière peut qualifier ce que Descartes appelle « corps en général », c'est-à-dire le corps considéré dans son essence, l'extension en longueur, largeur et profondeur, l'esprit s'avère qualifier la sphère des phénomènes « mentaux », intentionnels et conscients. Il s'avère ainsi que c'est par « les yeux » de l'esprit que l'homme en vient à considérer les corps, ainsi que son corps propre. C'est aussi par l'esprit (comme cause formelle) que l'homme utilise sa main à des fins pratiques (comme construire une machine). Une main sans esprit conservera-t-elle sa fonction, son mode opératoire ? La matière est-elle à même de fonder le spirituel, ou n'est-elle pas cette obscure impénétrabilité qui a toujours besoin de quelque lumière (de l'esprit) pour la rendre intelligible ?     
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« nature, sa primauté ontologique le rend principe intelligible de la matière vivante et artificielle.

Descartes , qui est dualiste, montre qu'on peut former un concept clair et distinct de la res cogitans (substance pensante) dans lequel n'entre rien de ce qui est corporel, et un concept clair et distinct de ce qui est corporel dans lequeln'entre rien de ce qui est spirituel.

Selon Descartes, ce qu'on peut concevoirséparément de manière claire et distincte peut exister séparément.

Ainsi,avoir conscience de soi comme d'une res existante, et qui se conçoit en même temps clairement et distinctement comme n'ayant aucun autre attributque la pensée, c'est affirmer que cette res (cette chose) est substantiellement distinct du corps.

Le corps et l'esprit sont deux substancescertes (ils n'ont une différence que du point de vue de l'essence), mais lasubstance pensante conserve une primauté « ontologique » sur la res extensa .

Et dans l'ordre du savoir, c'est bien encore l'esprit qui a la primauté, cette connaissance qu'il a de son propre être dans l'acte de penser(Méditations Métaphysiques , et notamment la seconde avec l'épisode du morceau de cire).

Et si l'esprit humain est plus aisé à connaître que le corps,c'est bien parce que l'esprit est pour Descartes l'être, la substance parexcellence, puisque capable de déterminer ce qui ne varie pas dans le corps,au-delà des diverses qualités sensibles sans subsistance.

Non seulementl'esprit se connaît lui-même avant de connaître la matière, mais cetteconnaissance de lui-même est le fondement de toute connaissance de lamatière.

Mais cette prétention de l'esprit pensant et savant à déterminer unescience de la substance matérielle est-elle réellement fondée ? On serappellera Spinoza quand il affirme que « personne n'a déterminé jusqu'à maintenant ce que peut le corps » : on doit faire droit à tout ce que peut le corps par lui-même, car c'est à cette condition seulement qu'on pourradéterminer ce que le corps ne peut pas faire « à moins d'être déterminé par l'âme » (Spinoza, Ethique , III, 2, GF, p. 138).

III.

La nécessité de la matière « Il y a de la matière sans esprit, mais pas d'esprit sans matière.

La première partie de l'affirmation nous estenseignée par toute la nature non vivante et par une grande partie de la nature vivante ; la seconde partie nousvient du fait que tout esprit (devant inclure ici tous les modes de la subjectivité) n'apparaît qu'en lien avec unematière organisée d'une manière particulière – organismes, nerfs, cerveaux – et qu'aucun exemple d'esprit sanscorps ne nous est connu.

Il s'ensuit que la matière a un être autonome et originel, l'esprit un être qui estconditionné par le précédent et en est dérivé » (Hans Jonas, Puissance ou impuissance de la subjectivité ).

Dès lors, selon notre auteur, la primauté de la matière est incontestable dans l'histoire de l'être, et l'esprit subjectif n'estqu'un surgissement tardif de cet état matériel premier.

Il renoue ainsi avec le matérialisme du 18 e siècle, avec La Mettrie par exemple qui, dans son Traité du monde (1745), donne à la matière une puissance d'agir (contre le dualisme cartésien), mais aussi avec Diderot ( De l'interprétation de la nature , 1754) qui tend à une matérialisation de l'esprit (même si celle-ci implique une spiritualisation minimale de la matière).

Ainsi la matière serait subjectivité àl'état latent dès le départ, mais l'actualisation de ce potentiel aurait exigé des millénaires et en outre un hasardfavorable. Conclusion Du côté des théories de la connaissance, les empiristes voyaient dans les phénomènes sensibles une matièrenécessaire à la réflexion de l'esprit, à la subjectivité.

Les idéalistes quant à eux, voyaient tout sous l'angle de lareprésentation, et imaginaient être les seuls détenteurs de toute possibilité d'objectivité scientifique.

La philosophieissue du courant phénoménologique tentera d'effacer cette opposition stérile, en montrant que le sujet estconstitutif du monde en tant qu ‘« être au monde » (Heidegger, Merleau-Ponty), et d'autre part la physiquequantique (qui déjoue de nombreuses thèses de la physique classique) révélera la relativité fondamentale quipersiste dans la considération d'un objet par un sujet (Einstein, Heisenberg).

Si, à l'encontre de la tradition judéo-chrétienne, on s'accorde à penser que l'origine de la vie est déterminée par des matières premières, il n'en reste pasmoins qu'on n'ait pas prouvé encore aujourd'hui l'absence totale d'esprit dans la matière brute (au regard de théoriesphysiques interactionnistes, selon lesquelles tout interagit dans l'univers).. »

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