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Vaut-il mieux subir ou commettre l'injustice ?

Publié le 28/01/2004

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Ce sujet renvoie à une affirmation de Socrate que l'on trouve dans plusieurs textes de Platon (par exemple dans l'Apologie de Socrate). Celui-ci répète qu'il vaut mieux subir l'injustice que de la commettre, qu'il est préférable du point de vue du devoir moral ou même de notre bonheur d'être victime que bourreau. Qu'est-ce qui est préférable, entre subir l'injustice (être victime d'une injustice) et commettre l'injustice (être l'auteur/acteur d'une injustice, être bourreau) ? Comment instituer un système de valeurs ? En fonction d'un but, d'une finalité (il est préférable de commettre l'injustice si l'on estime que la fin la plus haute est la vertu, la morale) ? Si, tel Calliclès dans le Gorgias de Platon, on place au-dessus de toute la vie biologique la survie et la domination sur les autres, alors il semble qu'une injustice est préférable (Socrate démontre que cette préférence est non seulement indéfendable moralement, mais en plus illogique, absurde). Il s'agit donc bien de questionner le sens de cette préférence. Si la justice n'est que le strict respect des lois (proposition que Socrate combat puisqu'il distingue dans l'Apologie la justice comme institution, relative et discutable, de la justice comme vertu, comme idéal qui doit nous guider dans l'action), alors subir une injustice de manière passive est à proscrire : c'est respecter des lois que l'on sait injustes (lois tyranniques, lois racistes, etc.). En ce sens, il vaut peut-être mieux se battre que subir etc. se révolter, même si cela implique de transgresser la loi, autrement dit de commettre une injustice. Mais il convient de penser la justice aussi comme un idéal que l'on se donne, une idée régulatrice en quelque sorte. Par rapport à cet idéal qui définit la vie bonne et le bonheur au sens moral, est-il préférable de ne pas commettre l'injustice ?

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L’injustice est le plus simplement possible un défaut de justice, c’est-à-dire une entorse à un horizon d’attente normatif. L’injustice se comprend à l’aune d’une conception de la justice. Elle est communément comprise comme l’absence de justice, c’est-à-dire la manifestation d’une déception relativement à des attentes normatives. Or le sujet dans toute sa radicalité nous pose une question impliquant un choix ; une choix quasi existentiel à savoir entre subir une injustice et la commettre quel est le moindre mal ? Autrement dit, si l’on choisissait de répondre à la question par l’adage populaire qui veut qu’entre deux maux il faut choisir le moindre alors il semble qu’une solution à ce dilemme relevant à la fois de la morale et de la politique, du droit et de la morale pourrait trouver une solution. Mais est-ce aussi simple ? En effet, subir une injustice semble la pire des chose : l’expression d’un déni de justice flagrant, d’un manque de sens relevant proprement de l’immérité. Subir une injustice serait alors pure que de la commettre, surtout que le verbe « subir « insiste bien sur l’involontaire de l’action, sur la position passive de l’agent se faisant déposséder de quelque chose ou réduisant sa puissance d’action. Commettre l’injustice serait donc volontaire et bénéfique à celui qui la ferait. Et dans ce cas, on pourrait comprendre l’émergence du droit pour pallier justement ces injustice. Mais ne faut-il pas prendre en compte le poids de la conscience et du remords dans cette « balance du pire « ? Dès lors la solution ne devient pas évidente.

            Or si nous envisagerons ces deux points de vues au cours de nos deux premiers moments de réflexion (parties 1&2), il sera peut-être nécessaire de s’interroger sur la possibilité même et le implications d’effectuer un possible choix si l’on peut parler encore ce choix dans un troisième moment (3ème partie). En effet, entre Charybde et Scylla y a-t-il un choix possible ou alors cette question ne relève-t-elle pas plus d’une vision que l’on peut avoir de la société et des attentes que l’on peut en avoir, c’est-à-dire d’une réflexion politique plutôt que proprement philosophique. Radicalement, peut-on répondre à cette question de manière a priori ou alors doit-on entrer dans une casuistique sans fin ? Et dans ce cas, même si nous donnions pas réponse définitive, ne serait-ce pas encore ici faire preuve de sagesse tant pratique que théorique et dès lors bien produire une réponse proprement philosophique (entendue comme sagesse et prudence pratiques et théoriques) ? C’est bien à ce type de problème que nous confronte radicalement ce sujet et c’est en ce sens que nous entendons l’examiner suivant en en cherchant son sens, sa valeur et son fondement.

« être puni et c'est bien pour éviter aussi la vengeance que le droit est institué.

Si l'on peut juger quelqu'un pour uneinjustice qu'il a commise c'est alors qu'on le considère comme responsable.

Il y a donc imputation ce qui supposealors une volonté effective dans l'action.

Et c'est bien parce que laisser une injustice impunie pourrait ruiner le tissusocial et civique le droit est nécessaire entre les hommes pour pacifier et normer les relations.

En effet, commettreune injustice nous apporte un bien, souvent matériel, que nous n'aurions pas dû avoir ou ne pas subir une peine quenous aurions due mériter. c) Du point de vue social, une injustice est un défaut, c'est-à-dire la déception suivant un horizon d'attente commele montre à juste titre Emmanuel Renault dans l'Expérience d'injustice .

Or pour que l'on prenne en considération vraiment l'expérience de l'injustice d'où vient l'inégalité il ne faut pas seulement poser les exigences d'une justicesociale mais bel et bien une théorie de la reconnaissance qui seule peut rendre compte et pallier ce sentimentd'injustice.

Or la théorie de la reconnaissance comme le développe Emmanuel Renault dans l'Expérience d'injustice remonte effectivement aux attentes normatives fondamentales sur lesquelles repose notre vie éthique et morale,condition qui, lorsqu'elles sont durablement insatisfaites, sapent tout ce qui fait la valeur de l'existence et c'estpourquoi la théorie de la justice comme équité est insatisfaisante.

Le renvoi à un ordre de justice supérieur est enfait symptomatique d'un manque de reconnaissance.

L'inégalité et le vécu d'injustice qu'elle développe est donc lamise en exergue d'un conflit entre un horizon d'attente relativement à des normes sociales et ces mêmes normessociales.

C'est pourquoi l'inégalité doit être compris dans une dynamique normative faisant référence à desrevendications et comme rejet des situations injustes.

Et c'est bien ce sens que du point de vue de l'individu subirl'injustice est pire que la commettre. Transition : Ainsi paraît-il bien pire de subir une injustice que de la commettre non seulement que commettre une injustice peutnous rapporter quelque chose, mais surtout que parce que la commettre c'est généralement la vouloir consciemmentc'est-à-dire être actif et ne pas simplement la subir.

Et c'et bien en ce sens que le droit et la justice luttent contrecette injustice ; d'où le fait que l'injustice soit une déception face à une attente normative. II – Le poids de la conscience a) Pourtant ce qu'il y a de paradoxal avec l'exemple que l'on a pris en première partie avec les Confessions de Rousseau c'est que si ce dernier considère le fait de subir une injustice comme la pire chose qui soit il n'en reste pas moins que l'injustice du peine cassé ce n'est pas lui l'a subie mais bien la petite servante et qu'il a été complicede cette injustice par omission.

Il a laissé accusé la jeune servante sans rien dire et s'il reconnaît bien le poids del'injustice et qu'il nous dit bien qu'il n'a cessé de penser à cette petite infortunée c'est bien que le poids de saconscience, d'avoir commis l'injustice est bien pour le lui le pire des maux.

C'est donc bien la voix de la consciencequi est toujours présent qui est pour le lui le comble des maux pour reprendre la thématique de la Profession de foi du vicaire savoyard .

En effet, la conscience est bien cette voix qui me parle sans cesse et me rappelle mes forfaits. b) Or comme le dit bien Kant dans la Fondation de la métaphysique des mœurs la conscience morale est bien ce tribunal intérieur qui ne cesse de juger nos actions par rapport à la loi morale que nous connaissons.

Agir en pleineconnaissance de cause contre la loi morale peut donc sembler bien pire que de subir les effets de ce mauvais usage.En effet, le subir c'est être éprouver notamment par rapport au devoir qu'exprime la Doctrine de la vertu , à savoir le devoir imparfait de toujours aimer son prochain.

En ce sens, commettre l'injustice c'est agir contre la destinationmorale de l'homme c'est d'une certaine manière se mettre au banc de l'humanité, s'en exclure en vue du bien finalc'est-à-dire du Souverain bien.

C'est donc risquer des châtiments futurs notamment à cause du postulats de laraison pratique à savoir l'existence de Dieu et de l'immortalité de l'âme, et dès lors de la liberté (voilà les troispostulats de la raison pure).

En ce sens, commettre une injustice c'est surtout commettre une injustice surtoutcontre soi, c'est-à-dire agir contre soi. c) Or si cela paraît contre-intuitif, il n'en reste pas moins que nous avons des devoirs envers nous-mêmes, etprouve l'existence d'une injustice envers soi-même.

Et comme Kant le note dans la Doctrine de la vertu , § 2, il y a des devoirs de l'homme envers lui-même : « car je ne peux me reconnaître comme obligé vis-à-vis d'autres hommesque dans la mesure où je m'oblige en même temps moi-même – cela parce que la loi, en vertu de laquelle je meconsidère comme obligé, procède dans tous les cas de ma propre raison pratique, par laquelle je suis contraint, enmême temps que je suis, vis-à-vis de moi-même, celui qui exerce la contrainte.

» Et puisque l'homme, envisagé danssa personnalité, est un être doué de liberté intérieure, il apparaît comme un être capable d'obligation donc aussicapable de désobéir.

En ce sens, l'existence d'un devoir envers soi-même relève de la possibilité de comprendrel'homme suivant une double structure : phénoménale et nouménale.

C'est en considérant cette dernière organisationque l'antinomie peut être levée.

L'existence du devoir envers soi existe donc son contraire aussi à savoir l'injusticeenvers soi-même.

Et si commettre une injustice c'est risquer la cohésion de la société c'est donc aussi être injusteenvers soi-même quand bien même le fait de commettre l'injustice ne serait pas, sur le plan moral, une injusticeenvers soi intrinsèquement en tant que je dois pourvoir aussi à mon bonheur. Transition : Ainsi peut-on dire aussi que compte tenu des implications notamment du point de vue du poids la conscience et dela nécessité d'agir en vue de promouvoir son bonheur et le bonheur d'autrui, commettre une injustice peut être bienpire que de la subir.

En effet, face au poids de la culpabilité et de ce tribunal intérieure de la raison : quelleéchappatoire possible ? Cependant, à juger de la confrontation de nos deux première parties il semble que nous. »

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