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La conscience comme réalité en soi

Publié le 06/02/2004

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Vous pensez bien, écrit Bergson de son côté, que je ne vais pas définir une chose aussi concrète, aussi constamment présente à l'expérience de chacun de nous.» La conscience parait être, pour chacun, l'objet d'un savoir immédiat. Le sujet qui pense, ne sait-il pas aussitôt qu'il pense? et s'il éprouve un sentiment de tristesse, ne sait-il pas, en même temps, qu'il est triste ? Le terme même de conscience ne dérive-t-il pas du latin «conscientia» qui signifie connaissance?Mais ce prétendu savoir immédiat de la conscience, qui découle de l'expérience naïve de la présence immédiate de soi à soi, n'est-il pas un leurre ? Il est vrai que Descartes parle d'une saisie immédiate de la pensée par elle-même, mais celle-ci n'a rien de commun avec une simple prise de conscience de soi, de nature psychologique. Ce n'est qu'au terme d'un processus de négation de ce qui n'est pas elle, que la pensée ou la conscience se saisit elle-même. Le travail d'épuration critique ou l'itinéraire du douteLe sujet de la connaissance, en quête du vrai, d'une certitude inébranlable, doit commencer par considérer comme faux tout ce en quoi il pourrait imaginer le moindre doute. Aussi Descartes ouvre-t-il les Méditations par la recension des choses que l'on peut révoquer en doute.
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« je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit».

C'est là, à ce moment de la démarche cartésienne, la seuleexception au doute universel.

Je peux douter de tout, mais je ne peux douter de la condition inhérente à l'actemême de douter.

Car si le rêveur, en proie à ses songes, ne pense pas qu'il peut rêver, et si le fou, dans sonaliénation, ne saurait ni penser ni dire qu'il est fou, il faut bien que moi, moi qui me persuade que je rêve ou que jesuis fou, moi qui veut douter, je pense et, partant, que je sois ou j'existe, justement pour pouvoir penser.La certitude ici conquise ne se rapporte à aucun objet de connaissance mais au sujet connaissant lui-même.

Lecogito fait abstraction de tout contenu et affirme l'existence du «moi pensant».

Ainsi, ce n'est qu'après qu'on aitrejeté tout ce qui était en elle, que la pensée ou la conscience se saisit immédiatement elle-même.

Ce n'est qu'auterme d'un processus d'épuration de ses objets, de ses représentations, que la pensée se saisit comme pensée. La conscience comme «substance» même de b pensée pure Je suis, j'existe.

Cela est certain au moment où je le conçois.

Mais que suis-je? Suis-je un corps? Non.

Certes, ceme semble: j'ai un visage, des mains, des bras...

Mais tout cela ne pourrait être qu'un beau songe.

Suis-jeDescartes? Non, je n'en suis pas certain.

N'y a-t-il pas des fous qui se prennent pour une cruche ? Et si le Malingénie m'abuse, rien ne peut me garantir de rien, sinon que pour être trompé encore faut-il que je pense.

Seule lapensée conditionne mon existence.

Je suis donc «une chose» ou «une substance» dont toute l'essence est depenser, c'est-à-dire une âme.

Or parmi les attributs de celle-ci, écrit Descartes, «un autre est de sentir...

un autreest de penser ; et je trouve ici que la pensée est un attribut qui m'appartient.

Elle seule ne peut être détachée demoi».

Autrement dit, l'imagination, les sensations, sont, en quelque sorte, extérieures à mon esprit.

Seulel'intelligence lui est inhérente.

Je ne suis donc précisément qu'un pur pouvoir de penser, c'est-à-dire «un Esprit, unEntendement ou une Raison».

La réalité que le cogito découvre «n'est nullement celle de mon moi personnelconcret, mais celle du moi pensant en général comme condition universelle de toute connaissance possibles».

Eneffet, si «le cogito, c'est le moi conçu sans le corps, ce moi ne peut être qu'intelligence pure,».Descartes parvient donc à l' affirmation d'une conscience réduite à un pouvoir intellectuel de connaître.

A partir delà se reconstruit la réalité psychique.

Une «chose» qui pense, c'est aussi «une chose qui doute, qui entend, quiconçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent».

Il y a donc bien identité entrela conscience et la pensée puisque celle-ci recouvre en nous tous les faits psychiques et conscients :l'entendement (l'intelligence), la volonté, l'imagination, les sensations, les sentiments. 3 Le cogito comme vérité métaphysique première Ainsi la pensée (ou conscience) se découvre d'abord elle-même, à l'exclusion de tout élément corporel, commeréalité en soi.

Elle se pose dans la réflexion comme nature simple, absolue.

Elle n'a pas besoin de preuve.

Sacertitude n'est pas le résultat d'une démonstration, mais elle jaillit directement et immédiatement.

Son évidence estincontestée et résiste à tous les efforts du doute.

Elle est, en outre, dans l'ordre de la recherche de la vérité, lapremière des connaissances.

Elle apparaît dès lors comme la condition et le modèle de toute connaissance.

Lacertitude ne sera jamais que l'adhésion de la conscience à une vérité reconnue par elle avec évidence comme telle.Les connaissances seront valides dans la mesure où elles seront illuminées par l'évidence absolue.

L'idée claire telleque nous l'expérimentons dans le cogito : «je pense, je suis» est le modèle métaphysique de la vérité. Cette phrase (« Je pense donc je suis ») apparaît au début de la quatrième partie du « Discours de la méthode », qui présente rapidement la métaphysique de Descartes .

On a donc tort de dire « Cogito ergo sum », puisque ce texte est le premier ouvrage philosophique important écrit en français. Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contexte dans lequel elle s'insère.

Le« Discours de la méthode » présente l'autobiographie intellectuelle de Descartes , qui se fait le porte-parole de sa génération.

Descartes y décrit une véritable crise de l'éducation, laquelle ne tient pas ses promesses ; faire « acquérir une connaissance claire & assurée de tout ce qui est utile à la vie ». En fait, Descartes est le contemporain & le promoteur d'une véritable révolution scientifique, inaugurée par Galilée , qui remet en cause tous les fondements du savoir et fait de la Terre, jusqu'ici considérée comme le centre d'ununivers fini, une planète comme les autres.

L'homme est désormais jeté dans un univers infini, sans repère fixe dansla nature, en proie au doute sur sa place et sa fonction dans un univers livré aux lois de la mécanique.

Or,Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle et révolutionnaire qu'il pratique, et de redéfinir la place de l'homme dans le monde. Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées en soi-même.

En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute : « Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s'y glisser auparavant.

Non que j'imitasseen cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter ; car, au contraire, tout mon dessein ne tendait qu'àm'assurer, et à rejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l'argile.

» (« Discours de la méthode », 3ième partie). Ce qu'on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & des choses, quitente de trouver « les premiers principes & les premières causes ».

Descartes , dans ce temps d'incertitude et de soupçon généralisé, cherche la vérité, quelque chose dont on ne puisse en aucun cas douter, qui résiste à l'examen. »

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