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La vie comme art ?

Publié le 07/02/2004

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L'instinct le plus profond de l'artiste va-t-il à l'art, ou bien n'est-ce pas plutôt au sens de l'art, à la vie, à un désir de vie ? - L'art est le grand stimulant de la vie: comment pourrait-on l'appeler sans fin, sans but, comment pourrait-on l'appeler l'art pour l'art ?" NietzscheSituation.Nietzsche s'est toujours intéressé aux questions de l'art: aussi bien dans son interrogation sur la « Naissance de la tragédie » (1872) que sur l'oeuvre musicale de Wagner qui l'a tant fasciné et dont il a tant de mal, dans Le Crépuscule des idoles (1889) à se déprendre.En fait, la tournure aphoristique de ses oeuvres lui fait rencontrer sans cesse, sous forme de notations brèves et souvent provocantes la question de l'art, quitte à se reprendre d'un texte à l'autre, et pourquoi pas à se contredire. De toute façon, il excelle à épouser la thèse de son adversaire imaginaire, puis à se retourner brusquement, et à en montrer l'inanité. C'est le cas de ce texte où il se montre d'abord partisan de la notion de l'art pour l'art, pour montrer par la suite que l'art est toujours l'expression du désir.Remarques pédagogiques.L'erreur serait ici d'interpréter à la lettre ce texte et de croire que Nietzsche s'oppose totalement à l'art pour l'art. Au contraire, il fait sienne la nécessité de débarrasser l'art de toute fonction moralisatrice.

« Remarques pédagogiques. L'erreur serait ici d'interpréter à la lettre ce texte et de croire que Nietzsche s'oppose totalement à l'art pour l'art.Au contraire, il fait sienne la nécessité de débarrasser l'art de toute fonction moralisatrice.

Cependant, il affirme quela théorie de l'art pour l'art laisse échapper la signification véritable de l'art. Introduction Nietzsche s'interroge sur la fonction de l'art en avançant la thèse : l'art est le stimulant de la vie. 1.

Ceci en partant de la notion d'« art pour l'art » conçuecomme mise en question d'une fin « moralisatrice » de l'art. 2.

Mais débarrasser l'art d'une finalité moralisatrice n'empêche pas l'art de remplir une fonction. 3.

L'art a un sens : c'est l'exaltation du désir de vie. Développement. 1.

La notion d'« art pour l'art » est posée d'emblée par Nietzsche comme thème de sa « considération ».

C'est unthème qui renvoie à l'actualité des débats de l'histoire littéraire de son temps qui oppose dans la littérature lestenants du réalisme à la Zola, aux partisans de l'art pour l'art, Comme Mallarmé. Mais, plus que témoin, Nietzsche dégage la signification d'une telle théorie, comme prise de position contre: affirmer« l'art pour l'art », c'est non seulement dire que l'art a sa fin en lui-même, c'est encore plus soutenir qu'il n'y a pasde finalité moralisatrice de l'art.

Nietzsche le fait en soulignant fortement la présence de luttes dans le champ desthéories artistiques: une théorie n'est pas seulement une affirmation, elle est aussi négation, une pièce de guerrecontre « la lutte contre la fin de l'art », « la lutte contre les tendances moralisatrices ». Cette revendication de « l'art pour l'art » est donc, selon Nietzsche, positive.

A double titre: comme purificatrice parrapport à des orientations extérieures à l'art (« les tendances moralisatrices », où l'ordre social tented'instrumentaliser l'art); comme libératrice par rapport à une soumission (« une subordination de l'art à la morale »).La force du propos de Nietzsche est de traduire l'expression relativement neutre de « l'art pour l'art » en un motd'ordre relativement violent: «Que le diable emporte la morale ! » Ce qui lie, sans presque le dire, la morale àl'approche religieuse, comme s'il y avait quelque chose de diabolique dans le rejet de la morale. 2.

La justesse de l'analyse de Nietzsche tient à sa capacité de ne pas prendre pour argent comptant la déclarationde l'art pour l'art».

La revendication de l'art pour l'art est forte: cela témoigne de la force du préjugé de l'artmoralisateur.

La violence (récente) du conflit entre l'art pour l'art et l'art moralisateur ne marque pas pour autant letriomphe de la thèse nouvelle.

C'est parce que le préjugé de l'art moralisateur reste puissant que la position de l'artpour l'art se formule de manière outrancière (« Que le diable emporte...

»). Certes, on ne peut un seul instant soupçonner que Nietzsche soit favorable à l'idée (et à la pratique) d'un artmoralisateur.

On connaît bien ses prises de position constantes - et souvent violentes - contre le moralisme(chrétien ou autre).

Mais à combattre le moralisme en art, il n'est pas, pour autant, favorable à l'« idée de l'art pourl'art » (« il ne s'ensuit pas encore que l'art doive être absolument sans fin »).

Visualisant cette expression, quidébute et s'achève par le mot « art », et avec le goût journalistique de la pointe, il désigne l'expression par l'imagede l'ourobouros, « un serpent qui se mord la queue ».

Autrement dit, à n'affirmer que cela, on n'affirme pas grand-chose...Ayant réglé son compte à l'élucidation du sens de l'expression « l'art pour l'art » (comme réaction à l'artmoralisateur), Nietzsche prend position, non pas immédiatement sur le contenu (cela ne se révélera qu'à la fin dutexte) mais en examinant les présupposés des positions.Deux positions sont possibles : celle de la passion pure (« Etre plutôt sans but, que d'avoir un but moral! ») et celledu psychologue (« Que fait toute espèce d'art ? »).Le texte témoigne d'une progression de la pensée, à condition de passer de la position de la passion à celle dupsychologue.

Mais cette progression n'est pas linéaire, elle ne peut se faire que grâce à un renversement.Premier temps: l'art auquel on ajoute un but (qui n'est pas le sien): moraliser.Deuxième temps, qui est celui de la passion: retrancher ce but, et laisser alors l'art, seulement comme art.

C'est «l'art pour l'art ».Troisième temps, qui est celui du psychologue (nous dirions plus volontiers du philosophe, et c'est la véritableposition de Nietzsche): comprendre l'art lui-même comme expression de quelque chose qui lui est antérieur.Le renversement, c'est ce passage du postérieur (le but ajouté: la morale) à l'antérieur, la découverte d'unefonction latente de l'art.. »

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