Devoir de Philosophie

Peut-on être trop raisonnable ?

Publié le 08/02/2004

Extrait du document

5) Avec une majuscule (l'Être), l'être absolu, l'être parfait, Dieu. [Introduction] La concept de « raison » désigne chez l'homme deux qualités qui sont propres à sa condition : penser avec logique et discernement, et bien agir. La première qualité est celle de la faculté de raisonner, d'exercer son jugement avec rationalité, la seconde renvoie à la faculté d'être raisonnable. Être raisonnable, c'est agir avec mesure, prudence et finalement sagesse. L'éducation nous enseigne que nous ne sommes jamais assez raisonnables. Il paraît donc surprenant de voir dans un usage excessif de la raison un risque et peut-être même un danger. Autrement dit, si la raison est nécessaire à la sociabilisation de l'homme, faut-il que l'homme s'en méfie ? Privilégier excessivement la raison, est-ce nuire à l'équilibre de la nature humaine qui trouve son juste milieu entre la raison et l'affection, et risquer d'abîmer l'union de l'âme et du corps ? [I. On n'est jamais assez raisonnable] La raison est le propre de l'homme.

« [III.

Il est déraisonnable d'être trop raisonnable] Être raisonnable, c'est accepter la réalité plutôt que de vouloir la changer.

Descartes disait déjà « qu'il vaut mieuxchanger ses désirs que l'ordre du monde ».

Mais n'est-on pas légitimement en droit de se demander si êtreraisonnable ne revient pas, en définitive, à être résigné ? Se contenter de la réalité, c'est refuser de s'engager pourla modifier.

Ici, n'est-ce pas de l'inconscience ou de l'abandon, n'est-ce pas déserter sa responsabilité ? Vouloirlutter contre le principe de plaisir, comme Freud nous le conseille raisonnablement, c'est se contenter du principe deréalité.

Mais là encore, la réalité seule suffit-elle à révéler notre vraie nature, celle d'être créateur ? Que vaut uneexistence qui ne s'autorise ni le rêve ni le fantasme ? Vaut-elle la peine d'être vécue ? Être trop raisonnable neserait donc pas un service à rendre à notre condition humaine qui est déjà, sous beaucoup d'aspect, suffisammentabsurde (cf.

Heidegger).Il est probablement raisonnable de se méfier de la raison, si elle n'est ni facteur d'équilibre ni facteur de bonheur.C'est avec Hume qu'il faut apprendre davantage à se méfier de la raison.

Pour Hume en effet, « la raison est, et ellene peut que l'être, l'esclave des passions ; elle ne peut prétendre à d'autres rôles qu'à les servir et à leur obéir ».

Laraison est entendue ici comme instrument permettant de calculer les moyens nécessaires pour l'obtention d'une fin.Si la fin projetée est une passion, alors la raison sera l'instrument réquisitionné pour oeuvrer à la réalisation de cettefin.

On comprend donc avec Hume que ce n'est pas la passion qui est déraisonnable mais que c'est le jugement.

On définissait, au début de notre réflexion, la raison comme faculté de juger ;maintenant, on sait définitivement que le jugement lui-même peut êtredéraisonnable.

On peut donc être en effet trop raisonnable et cela n'estguère raisonnable ! [Conclusion] Être raisonnable n'est pas aussi rassurant que ce qu'un regard négligentpouvait nous laisser imaginer.

Pour que la raison soit raisonnablementconvoquée il faut veiller à ne jamais sombrer, ni dans la misologie, ni dansl'obsessionnalité.

En un mot, être raisonnable c'est user avec prudence de laraison.

On comprend pourquoi les Anciens associaient la faculté d'êtreraisonnable avec ce qu'ils appelaient la « prudence », c'est-à-dire la sagessepratique.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles