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Le désir comme mythe de la totalité perdue ?

Publié le 09/02/2004

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Alors Zeus, touché de pitié, imagine un autre expédient : il transpose les organes de la génération sur le devant; jusqu'alors ils les portaient derrière, et ils engendraient et enfantaient non point les uns dans les autres, mais sur la terre, comme les cigales. Il plaça donc les organes sur le devant et par là fit que les hommes engendrèrent les uns dans les autres, c'est-à-dire le mâle dans la femelle. Cette disposition était à deux fins : si l'étreinte avait lieu entre un homme et une femme, ils enfanteraient pour perpétuer la race, et, si elle avait lieu entre un mâle et un mâle, la satiété les séparerait pour un temps, ils se mettraient au travail et pourvoiraient à tous les besoins de l'existence. C'est de ce moment que date l'amour inné des hommes les uns pour les autres : l'amour recompose l'antique nature, s'efforce de fondre deux êtres en un seul, et de guérir la nature humaine. XVI. - Chacun de nous est donc comme une tessère* d'hospitalité puisque nous avons été coupés comme des soles et que d'un nous sommes devenus deux; aussi chacun cherche sa moitié. Tous les hommes qui sont une moitié de ce composé des deux sexes que l'on appelait alors androgyne aiment les femmes, et c'est de là que viennent la plupart des hommes adultères; de même toutes les femmes qui aiment les hommes et pratiquent l'adultère appartiennent aussi à cette espèce. Mais toutes celles qui sont une moitié de femme ne prêtent aucune attention aux hommes, elles préfèrent s'adresser aux femmes et c'est de cette espèce que viennent les tribades. Ceux qui sont une moitié de mâle s'attachent aux mâles, et tant qu'ils sont enfants, comme ils sont de petites tranches de mâle, ils aiment les hommes et prennent plaisir à coucher avec eux et à être dans leurs bras, et ils sont parmi les enfants et les jeunes garçons les meilleurs, parce qu'ils sont les plus mâles de nature. Certains disent qu'ils sont sans pudeur; c'est une erreur : ce n'est point par impudence, mais par hardiesse, courage et virilité qu'ils agissent ainsi, s'attachant à ce qui leur ressemble, et en voici une preuve convaincante, c'est que, quand ils ont atteint leur complet développement, les garçons de cette nature sont les seuls qui se consacrent au gouvernement des États.

« XV.

- Alors Zeus délibéra avec les autres dieux sur le parti à prendre.

Le cas était embarrassant : ils ne pouvaientse décider à tuer les hommes et à détruire la race humaine à coups de tonnerre, comme ils avaient tué lesgéants; car c'était anéantir les hommages et le culte que les hommes rendent aux dieux; d'un autre côté, ils nepouvaient non plus tolérer leur insolence.

Enfin Jupiter, ayant trouvé, non sans peine, un expédient, prit la parole: "je crois, dit-il, tenir le moyen de conserver les hommes tout en mettant un terme à leur licence : c'est de lesrendre plus faibles.

Je vais immédiatement les couper en deux l'un après l'autre; nous obtiendrons ainsi le doublerésultat de les affaiblir et de tirer d'eux davantage, puisqu'ils seront plus nombreux.

Ils marcheront droit sur deuxjambes.

S'ils continuent à se montrer insolents et ne veulent pas se tenir en repos, je les couperai encore unefois en deux, et les réduirai à marcher sur une jambe à cloche-pied."Ayant ainsi parlé, il coupa les hommes en deux, comme on coupe des alizes pour les sécher ou comme on coupeun oeuf avec un cheveu ; et chaque fois qu'il en avait coupé un, il ordonnait à Apollon de retourner le visage etla moitié du cou du côté de la coupure, afin qu'en voyant sa coupure l'homme devînt plus modeste, et il luicommandait de guérir le reste.

Apollon retournait donc le visage et, ramassant de partout la peau sur ce qu'onappelle à présent le ventre, comme on fait des bourses à courroie, il ne laissait qu'un orifice et liait la peau aumilieu du ventre : c'est ce qu'on appelle le nombril.

Puis il polissait la plupart des plis et façonnait la poitrine avecun instrument pareil à celui dont les cordonniers se servent pour polir sur la forme les plis du cuir; mais il laissaitquelques plis, ceux qui sont au ventre même et au nombril, pour être un souvenir de l'antique châtiment.Or, quand le corps eut été ainsi divisé, chacun, regrettant sa moitié, allait à elle; et, s'embrassant et s'enlaçantles uns les autres avec le désir de se fondre ensemble, les hommes mouraient de faim et d'inaction, parce qu'ilsne voulaient rien faire les uns sans les autres; et quand une moitié était morte et que l'autre survivait, celle-ci encherchait une autre et s'enlaçait à elle, soit que ce fût une moitié de femme entière - ce qu'on appelle unefemme aujourd'hui -, soit que ce fût une moitié d'homme, et la race s'éteignait.Alors Zeus, touché de pitié, imagine un autre expédient : il transpose les organes de la génération sur le devant;jusqu'alors ils les portaient derrière, et ils engendraient et enfantaient non point les uns dans les autres, mais surla terre, comme les cigales.

Il plaça donc les organes sur le devant et par là fit que les hommes engendrèrent lesuns dans les autres, c'est-à-dire le mâle dans la femelle.

Cette disposition était à deux fins : si l'étreinte avaitlieu entre un homme et une femme, ils enfanteraient pour perpétuer la race, et, si elle avait lieu entre un mâle etun mâle, la satiété les séparerait pour un temps, ils se mettraient au travail et pourvoiraient à tous les besoins del'existence.

C'est de ce moment que date l'amour inné des hommes les uns pour les autres : l'amour recomposel'antique nature, s'efforce de fondre deux êtres en un seul, et de guérir la nature humaine. XVI.

- Chacun de nous est donc comme une tessère* d'hospitalité puisque nous avons été coupés comme dessoles et que d'un nous sommes devenus deux; aussi chacun cherche sa moitié.

Tous les hommes qui sont unemoitié de ce composé des deux sexes que l'on appelait alors androgyne aiment les femmes, et c'est de là queviennent la plupart des hommes adultères; de même toutes les femmes qui aiment les hommes et pratiquentl'adultère appartiennent aussi à cette espèce.

Mais toutes celles qui sont une moitié de femme ne prêtent aucuneattention aux hommes, elles préfèrent s'adresser aux femmes et c'est de cette espèce que viennent les tribades.Ceux qui sont une moitié de mâle s'attachent aux mâles, et tant qu'ils sont enfants, comme ils sont de petitestranches de mâle, ils aiment les hommes et prennent plaisir à coucher avec eux et à être dans leurs bras, et ilssont parmi les enfants et les jeunes garçons les meilleurs, parce qu'ils sont les plus mâles de nature.

Certainsdisent qu'ils sont sans pudeur; c'est une erreur : ce n'est point par impudence, mais par hardiesse, courage etvirilité qu'ils agissent ainsi, s'attachant à ce qui leur ressemble, et en voici une preuve convaincante, c'est que,quand ils ont atteint leur complet développement, les garçons de cette nature sont les seuls qui se consacrentau gouvernement des États.

Quand ils sont devenus des hommes, ils aiment les garçons, et, s'ils se marient etont des enfants, ce n'est point qu'ils suivent un penchant naturel, c'est qu'ils y sont contraints par la loi : ils secontenteraient de vivre ensemble, en célibataires.

Il faut donc absolument qu'un tel homme devienne amant ouami des hommes, parce qu'il s'attache toujours à ce qui lui ressemble.Quand donc un homme, qu'il soit porté pour les garçons ou pour les femmes, rencontre celui-là même qui est samoitié, c'est un prodige que les transports de tendresse, de confiance et d'amour dont ils sont saisis; ils nevoudraient plus se séparer, ne fût-ce qu'un instant.

Et voilà des gens qui passent toute leur vie ensemble, sanspouvoir dire d'ailleurs ce qu'ils attendent l'un de l'autre; car il ne semble pas que ce soit le plaisir des sens qui leurfasse trouver tant de charme dans la compagnie l'un de l'autre.

Il est évident que leur âme à tous deux désireautre chose, qu'elle ne peut pas dire, mais qu'elle devine et laisse deviner.

Si, pendant qu'ils sont couchésensemble, Héphaïstos leur apparaissait avec ses outils et leur disait : "Hommes, que désirez-vous l'un de l'autre?"et si, les voyant embarrassés, il continuait : "L'objet de vos voeux n'est-il pas de vous rapprocher autant quepossible l'un de l'autre, au point de ne vous quitter ni nuit ni jour? Si c'est là ce que vous désirez, je vais vousfondre et vous souder ensemble, de sorte que de deux vous ne fassiez plus qu'un, que jusqu'à la fin de vos joursvous meniez une vie commune, comme si vous n'étiez qu'un, et qu'après votre mort, là-bas, chez Hadès, vous nesoyez pas deux, mais un seul, étant morts d'une commune mort.

Voyez si c'est là ce que vous désirez, et si enl'obtenant vous serez satisfaits." A une telle demande nous savons bien qu'aucun d'eux ne dirait non et netémoignerait qu'il veut autre chose : il croirait tout bonnement qu'il vient d'entendre exprimer ce qu'il désiraitdepuis longtemps, c'est-à-dire de se réunir et de se fondre avec l'objet aimé et de ne plus faire qu'un au lieu dedeux.Et la raison en est que notre ancienne nature était telle et que nous étions un tout complet : c'est le désir et lapoursuite de ce tout qui s'appelle amour.

Jadis, comme je l'ai dit, nous étions un; mais depuis, à cause de notreinjustice, nous avons été séparés par le dieu, comme les Arcadiens par les Lacédémoniens.

Aussi devons-nouscraindre, si nous manquons à nos devoirs envers les dieux, d'être encore une fois divisés et de devenir comme les. »

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