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La faute et l'erreur ?

Publié le 10/02/2004

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Encorefaut-il ajouter que la responsabilité de celui qui agit étant plus facile à déceler que celle de celui qui subit, à la faute est liée l'idée d'une responsabilité morale (et l'on retrouve ici le sens de culpabilité), tandis que l'erreur (état) ne laisse pas toujours saisir la forme de la responsabilité de celui qui s'y trouve. Mais c'est dans une dialectique entre les deux termes que l'on pourra voir comment la faute engendre l'erreur, comment, à l'inverse, l'erreur engendre la faute. Pourtant c'est toujours la prise de conscience de la faute qui permettra de redresser l'erreur, alors que la perception de l'erreur comme telle aura conduit à rechercher la faute qui avait pu, antérieurement, engendrer l'erreur.Un certain nombre d'expressions, telles que « nos sens nous trompent ", « les apparences sont trompeuses... » tendent à montrer que nous rejetons volontiers l'erreur sur les circonstances considérées comme déterminantes lors de l'engagement dans l'erreur. Mais cela n'est possible qu'après expérience, lorsqu'on a décelé la faute par laquelle l'erreur a pu se produire : ce qu'on exprime alors en notant que l'erreur est le fait de l'homme (errare humanum est), qu'il y a des « puissances trompeuses », comme l'écrivait Pascal. Finalement nous rejoignons la remarque de celui qui reconnaît simplement « je me suis trompé », car il y a toujours une raison à l'erreur, qui appartenait au donné, à la situation - et dont on aurait dû se méfier. En ce sens, l'erreur est la conséquence d'une faute de jugement; elle est liée à un défaut de méthode, dans la mesure où l'on aurait dû savoir que les éléments en cause ne sont rien d'autre qu'eux-mêmes, ou, si l'on veut, ne promettent rien, que la responsabilité de l'usage qu'on en fait ou de l'interprétation qu'on en donne incombe à celui-là seul qui en décide. C'est pourquoi l'ignorance est une source de fautes, non pas en tant qu'on sait être dans l'ignorance, mais en tant qu'on ne la connaît pas comme telle. D'où le mot de Socrate se disant le plus savant des hommes pour savoir qu'il ne savait rien : celui qui est dans l'erreur, s'il se juge dans l'erreur, fait ce qu'il peut pour en sortir; l'ignorant y reste pour ne pas savoir qu'il s'y trouve.
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« Si, d'une façon générale, la faute est regrettée parce qu'elle procède de l'erreur ou parce qu'elle y conduit, lerapport se trouve inversé d'un point de vue strictement moral.

C'est la faute qui devient, alors, l'objet même de laréprobation, et l'erreur dont elle est issue, ou à laquelle elle aboutit, est moins importante que l'acte qui la révèle oul'annonce.

La faute, en effet, n'est plus rapportée au défaut du savoir, mais à l'absence de volonté droite; onsuppose que toute faute ne procède pas de l'ignorance — qui d'une certaine façon l'excuserait —, mais d'uneincapacité à promouvoir la vérité, à la soutenir, à la faire triompher : ce qui est condamnable alors dans la faute,c'est la défaillance du vouloir, l'abandon de soi-même.

Voilà pourquoi le mot faute prend tout son sens en termes demorale.

L'emploi du mot erreur y apparaît, par contre, comme une atténuation ou un euphémisme destiné à masquerla faute.Sans doute est-ce là un des effets les plus durables de cette représentation que Kant donnait de la valeur lorsqu'il écrivait : Il n'y a qu'une seule chose bonne au monde, c'est la bonne volonté(c'est-à-dire la volonté du bien).

Or, on admet souvent, à la suite deRousseau et de Kant (et malgré Socrate ou Descartes) que le sujet, l'êtremoral sait, de toute façon, quelle est la solution morale, tout au moins qu'ilpouvait le savoir en tout état de cause, simplement mais impérativement;enfin qu'il avait, en tant qu'être moral, la charge de trouver ou d'inventer lasolution.En somme, c'est parce que la morale est, avant tout, une technique del'action valable, que la faute y est plus grave que l'erreur; c'est parce que laconnaissance représente une situation que l'erreur y est plus importante quela faute.

Cependant, dans les deux cas, il faut admettre que les deux termess'appellent l'un l'autre : et c'est pourquoi la logique et la morale, commesciences normatives, veillent à redresser l'erreur en donnant le moyen d'éviterou de déceler la faute.

Aussi, à la lumière, si l'on peut dire, de nos seuleslumières, c'est toujours l'erreur qui nous conduit à la faute, et la faute quinous enferme dans l'erreur : l'acceptation des conduites communes etl'absence de contrôle individuel paraissent à la source des défaillances dans ledomaine de la vie morale comme dans le domaine de la connaissance..

Mais laprécipitation, la prévention, la présomption peuvent encore se nommer plusprécisément : primat accordé à l'égoïsme, jugement superficiel ou refus dejustice.

En ce sens il est loisible de dire que la logique est une morale del'intelligence, la morale une logique de l'action.

Ajoutons que, par le sentiment qu'elles développent, nous pouvons former comme une esthétique des conduites réfléchies, dont l'intuition est sansdoute ce qui répond à la notion de conscience.. »

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