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Jusqu'à quel point y a-t-il antagonisme entre liberté et sécurité ?

Publié le 05/01/2004

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Ce peuple devient une multitude d'hommes épars sans unité, sans cohésion. Le peuple n'est cohérent que par "la vertu républicaine" (Montesquieu), sans cette liberté, ce n'est qu'une foule soumise à un maître. La liberté ne saurait être cédé par un pacte car il n'y a rien au monde qui puisse pour un Homme compenser la perte de sa liberté. L'État a donc pour fin, pour but essentiel la liberté de tous les citoyens. Comment la vie sociale pourrait elle être organisée de sorte que règne liberté et égalité ? Comment l'Homme civil pourrait il retrouver sous forme de liberté civile l'indépendance qu'il connaissait dans l'état de nature ; autrement dit comment assurer la liberté en même temps que l'égalité de tous les citoyens ? Tel est le problème dont le Contrat Social donne la solution. 2.2. La loi, le contrat social et la volonté générale 2.

Vivre en sécurité peut être considéré comme une des principales demandes qu’un citoyen peut formuler vis-à-vis de son gouvernement. La sécurité repose alors sur des conditions matérielles, économiques, politiques qui entrainent l’absence de dangers pour les personnes et les biens. La sécurité détermine donc la confiance et la tranquillité. Or la liberté, que nous définissons pour le moment comme la possibilité de faire ce qu’on veut, semble à la fois reposer sur la sécurité et entrer en contradiction avec celle-ci. En effet, on peut dire que le champ de possibilité de nos actes dépend du degré de sécurité dans lequel nous vivons : se sentir en sécurité, c'est également pouvoir faire certaines choses, telles que se déplacer librement à toute heure du jour et de la nuit. Être en sécurité, c'est ne pas avoir à tenir compte de la présence des autres et de l’éventuel danger qu’elle représente, c'est être libre dans la mesure où cela revient à ne pas céder au chantage de la violence. Pourtant, la sécurité est également l’un des arguments de prédilection servant à justifier la restriction de certaines libertés. Le fait que par exemple certains lieux soient classés « secret défense «, que la plupart des frontières nécessitent aujourd'hui un papier spécial tel qu’un visa pour être passée, constituent autant de limite à la liberté de circulation ou même d’information qui ne sont admises qu’au nom de la sécurité. Il semble donc que les notions de sécurité et de liberté soient à la fois complémentaires et antagonistes. Complémentaires parce que la liberté suppose déjà une certaine sécurité, mais antagoniste parce que toute mesure sécuritaire passe par une suppression ou une limitation des libertés individuelles. Si antagonisme il y a, comment parvenir à trouver le juste équilibre qui permette d’assurer la sécurité tout en maintenant la liberté ?

« Hobbes, dans le Léviathan fait également de la sureté le point de départ de l'État, mais pour lui le danger ne vient pas d'un changementclimatique extérieur à l'espèce, mais bien de la nature humaine :« l'homme est un loup pour l'homme » écrit-il en reprenant le mot del'Ancien Plautus.

Pour lui, dans l'état de nature, chacun est poussé parla conservation de soi à vouloir assurer sa sécurité au détriment desautres.

Or, cette guerre de tous contre tous est sans fin : aucun n'estvraiment plus fort que les autres.

Au chapitre 6, il explique que c'estjustement parce que chacun a un avantage lui permettant de l'emporterà son tour que cette guerre est nuisible : il n'y aura jamais de vainqueuret de vaincu définitif.

Or, pour Hobbes, la liberté ne peut s'exprimer quedans la sécurité. En dehors de l'Etat, les hommes jouissent d'une liberté absolue.

Maischacun disposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subirdes autres ce qui leur plaît.

La constitution d'une société civile et d'unÉtat oblige à une nécessaire limitation de la liberté : il n'en reste que cequ'il faut pour vivre bien et vivre en paix.

Chacun perd de sa libertécette part qui pouvait le rendre redoutable pour autrui.

Dans l'état denature, chacun jouissait d'un droit illimité sur toutes choses, mais tous disposant du même droit, nul n'était assuré de ne rien posséder durablement.

L'État garantira la sécurité d'undroit de propriété limité.

Enfin, dans l'état de nature, chacun était exposé à la menace d'autrui : il pouvait êtreà tout instant dépouillé de ses biens et tué.

Dans une société civile, seul le pouvoir de l'État s'arroge ce droit.Un Etat capable de protéger tous les citoyens de la violence des uns et des autres, de garantir la sécurité deleurs corps et de leurs biens, de leur assurer la jouissance des fruits de leur travail, de faire régner la paix, lacivilité, le savoir et la sociabilité ne peut être que despotique.

Pour sortir les hommes de l'empire des passions,de la guerre, de la crainte, de la pauvreté, de la solitude, de l'ignorance et de la férocité, l'État est unepuissance absolue, instituée en vue de la paix et de la sécurité.

"Quiconque a droit à la fin, a droit auxmoyens." Chaque homme ou assemblée investis de la souveraineté sont juges absolus de tous les moyensnécessaires pour protéger ou garantir cette fin.

"Une doctrine incompatible avec la paix ne peut pas davantageêtre vraie, que la paix et la concorde ne peuvent être contraires à la loi de nature." La seule manière d'érigerun État est que tous confient leur pouvoir et leur force à un seul souverain (homme ou assemblée).

Toutes lesvolontés doivent être réduites à une seule volonté.

L'État n'est pas un consensus ou une concorde, mais uneunité réelle de tous en une seule et même personne. B. Mais une fois le Léviathan créé, il doit détenir un pouvoir absolu, c'est-à-dire un pouvoir qui dicte les lois et neconnait d'autres limites que les siennes propres.

C'est là la condition si ne qua non de la conservation du Léviathan et donc de ses sujets, qui sans lui retourneraient à l'état de nature et seraient en proie à laviolence.

La sécurité, lorsqu'elle est considérée comme le principe de la vie politique est donc ce qui prend lepas sur la liberté et la limite.

Le fait que le pouvoir soit absolu nous montre bien que la liberté passe au secondplan : les sujets sont libres de faire ce qui n'est pas interdit par la loi, il y a donc bien liberté, mais une libertéqui ne peut s'exprimer que dans les limites de la sécurité dont les enjeux sont dictés par le seul Léviathan. C. II.

L'antagonisme de la sécurité et de la liberté comme problème : le berceau de la démocratie. Rousseau, qui nous l'avons dit, fait de la recherche de la sécurité l'impulsion initiale des communautéspolitiques, commence son Contrat social par ces quelques mots : « l'homme est né libre, et partout il est dans les fers ».

Son ouvrage s'ouvre donc sur ce paradoxe : la vie de l'homme n'est pas conforme à sa naissance, etdonc à sa nature.

Or, dans l'anthropologie rousseauiste, ce qui constitue la nature humaine, c'est le souci deconservation de soi et la liberté.

Sécurité et liberté sont donc les piliers du droit naturel. A. Loin d'aboutir à proclamer l'antagonisme de ces deux besoins fondamentaux, Rousseau part de cet antagonismeet vise une réconciliation : un gouvernement qui soit « légitime et sûr », qui puisse donc à la fois êtreconforme à la nature libre de l'homme et à la fois garantir sa survie.

Or, la légitimité du gouvernement tel que lepense Rousseau vient de la forme même de la constitution des États : le contrat.

Le contrat suppose unconsentement libre de chacun des deux parties.

Pour cela, aucun ne doit être en position de force, puisque laforce ne saurait faire droit. B. C.. »

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