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La politique doit-elle chercher à éradiquer le mal ?

Publié le 15/02/2004

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Sa réélaboration ne peut passer que par la compréhension critique de son passé et par l'élaboration du concept d'idéologie. Dès lors que la philosophie cesse de se penser en opposition au monde réel, elle peut fournir -et elle est la seule à le pouvoir- à la volonté transformatrice la conscience de ses fins et la détermination de ses voies. Alors peut s'instaurer l'interaction féconde entre une pratique qui pousse à penser en faisant émerger des problèmes à résoudre, et une théorie capable en retour de transformer celle-ci en pratique savante, informant par la maîtrise des possibilités historiques la volonté d'abolir une situation transitoire d'exploitation de la masse des hommes. La onzième thèse a connu une si immédiate et durable fortune, précisément parce qu'elle inaugurait ce rapport inédit du savoir et de la pratique, en congédiant du même coup une conception éthérée de la philosophie et une définition pragmatique de l'action, pour envisager le mouvement sans fin, productif et transformateur dialectique de leur réconciliation. On ne peut donc séparer le Marx théoricien du Marx militant révolutionnaire. On ne saurait en conséquence isoler la réflexion Marxiste de sa portée pratique, ni couper la volonté politique s'en réclamant du souci permanent de faire toute sa place à une recherche théorique par définition inachevable. Contre cette tentation, Pascal nous avertit que l'angélisme conduit à la terreur : « L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête ». Freud partage ce point de vue, ce qui le conduit à écrire, dès 1929: « La tentative d'instauration d'une civilisation communiste nouvelle trouve son point d'appui psychologique dans la persécution des bourgeois. Seulement, on se demande avec anxiété ce qu'entreprendront les Soviets une fois tous leurs bourgeois exterminés. »  Kant nous rappelle que :«La vraie politique ne peut donc pas faire un pas sans avoir auparavant rendu hommage à la morale; et si la politique est par elle-même un art difficile, l'union de la politique avec la morale n'est pas du tout un art: la morale tranche le noeud que la politique ne peut délier, aussitôt qu'elles ne sont pas d'accord.

« avec et dans la « non-philosophie », dans la vie réelle, il réduit celle-ci à l'existence individuelle d'un homme pensé de manière abstraite, coupé des rapports sociaux (et par suite restreint à sa dimension sensible). L'opération critique effectuée ici par Marx consiste à redéfinir la réalité humaine.

Il s'agit de rejeter la thèse de l'existence d'une nature humaine et de lui substituer l'analyse d'une réalité sociale complexe et structurée, où leshommes édifient historiquement leur individualité en « produisant leurs conditions d'existence ». Il s'agit donc de récuser une vue abstraite et éloignée du réel pour s'attacher à ce que sont les hommes concrets etleur évolution historique. La sixième thèse énonce que « L'essence humaine n'est pas une abstraction inhérente à l'individu pris à part, dans sa réalité, c'est l'ensemble des rapports sociaux. » Il ne s'agit aucunement, contrairement à ce que maintes lectures hâtives ou prévenues affirment, de réduire l'individu aux rapports sociaux, mais d'affirmer que l'essence humaine n'apas la forme du sujet pensé par la psychologie. Autrement dit, que la clé de la compréhension de la personnalité concrète ne se trouve pas dans la conscienceindividuelle.

Mais, à l'inverse, celle-ci ne se détermine singulièrement que dans le cadre de rapports sociaux qui luipréexistent et qui constituent de ce fait ses « présuppositions réelles », base de sa formation effective et point de départ de son intelligence véritable. On ne peut donc pas comprendre l'individu en l'isolant de la société dans laquelle il s'insère, travaille, etc.

Il faut aucontraire, pour saisir l'individu dans sa singularité, ne pas prendre pour base les illusions qu'il peut se faire sur lui-même, en ce sens qu'il est victime des préjugés de son temps et que « les idées dominantes sont les idées de la classe dominante ». Par suite, l'activité individuelle est essentiellement, constitutivement, sociale et ne peut en aucun cas être réduite àl'ensemble des perceptions sensibles de l'individu isolé et des représentations qui en dérivent : « La véritable richesse des individus réside dans la richesse de leurs rapports réels .

» Par suite encore, les formes de conscience, que Marx désigne du terme d'idéologie, n'ont pas d'autonomie mais bien une spécificité.

Car, si « ce n'est pas la conscience qui détermine la vie mais la vie qui détermine la conscience », il reste à expliquer historiquement l'apparente séparation et opposition entre la réalité matérielle et les représentationsque l'on s'en fait. Le problème n'est donc pas tant de récuser une philosophie qui s'invente un monde séparé et dédaigne les hommesréels, que de mettre au jour les conditions de possibilité d'une telle méprise, que de dégager les prémissesmatérielles d'une telle conclusion.

La réponse proposée dans « L'idéologie allemande » est la notion de division du travail, plus précisément la division entre travail intellectuel et travail manuel.

Celle-ci permet aux « penseurs » d'oublier ou de méconnaître les conditions réelles de leur propre activité.

Il s tendent à justifier ce qui est, et àentraver le processus d'une véritable transformation du monde, tout en croyant à l'autonomie de leur pensée.L'idéologie, monde à l'envers, « camera obscura », est donc le résultat d'un processus historique. Il s'agit donc de partir, véritablement cette fois, du « monde réel », et de fonder la science de l'histoire : « Autrement dit, on ne part pas de ce que les hommes disent, s'imaginent, se représentent, ni non plus de ce qu'ilssont dans les paroles, la pensée, l'imagination et la représentation d'autrui, pour aboutir ensuite aux hommes enchair & en os ; non, on part des hommes dans leurs activités réelles, c'est à partir de leur processus de vie réel quel'on représente aussi le développement des reflets ou des échos idéologiques de ce processus vital. » C'est de cette nouvelle position du rapport de la théorie à la pratique que découle la question du statut de laphilosophie.

Celle-ci a-t-elle une pérennité par-delà la figure historiquement désuète de son autonomie proclamée ?Survit-elle à la mise à jour de ses fondements véritables ? Et si c'est le cas, peut-on lui accorder une indépendancerelative, une efficace propre, ou faut-il, au contraire, l'assujettir aux besoins d'une pratique qui lui imposerait sesexigences et la convoquerait selon son bon plaisir ? Marx nie que la philosophie puisse être une alternative autre qu'illusoire au monde de l'aliénation matérielle.

Elle n'est qu'un faux remède à des maux biens réels.

Prisonnière de sa méconnaissance de la réalité de l'histoire socialehumaine, la pensée de Feuerbach persiste à faire de la réflexion philosophique un refuge cotre la réalité effective. C'est contre cette conception du monde qui inclut une conception de la philosophie que Marx affirme l'unité de la théorie et de la pratique. Plus qu'un nouveau statut, Marx assignera progressivement une nouvelle tâche à l'activité théorique et à la nature proprement philosophique de l'élaboration des catégories les plus universelles concernant le rapport de la pensée àl'Etre. En affirmant que l'interprétation du monde est insuffisante, fausse, en raison même de son caractère partiel, Marx s'engage donc dans la critique d'une forme déterminée du rapport de la conscience et du réel.

Le terme de« philosophie » renvoie à une tradition qui se constitue dans cette coupure prolongée, maintenue, de la théorie et de la pratique, coupure que l'on peut ramener en dernière instance à la division sociale entre travail manuel et. »

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