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Quels rapports établissez-vous entre "retenir" et "comprendre" ?

Publié le 18/02/2004

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RAPPORT : C'est un lien, une relation que l'esprit constate. Cela peut être une relation de ressemblance, de cause à effet, ou un rapport de grandeur..

« appui au fonctionnement de la pensée. L'oubli, en effectuant des coupes d'ailleurs souvent judicieuses dans la masse des souvenirs, allège cette masse,permettant ainsi à l'intelligence de la classer et de la coordonner. C'est en ce sens que Ribot a pu le définir comme « une fonction de la mémoire ».

L'art essaye du reste d'imiter surce point l'œuvre de la Nature et une saine pédagogie enseigne au moins autant à oublier qu'à retenir. Ainsi, défini par des éléments demeurant souvent étrangers à un moi qui devrait les rendre siens pour lescomprendre, le contenu de la mémoire peut résister à l'Intelligence ou même l'étouffer et, dans ce dernier cas, lalibération de la Pensée accompagne l'affaiblissement du souvenir. Mais de ce que Mémoire et Intelligence peuvent se montrer en fait indépendantes, est-on en droit de croire à leurnécessaire opposition ? Il serait évidemment abusif de le prétendre. Non seulement en effet certains hommes de génie ont tiré le plus grand parti d'une mémoire extraordinaire, maisencore une telle mémoire était habituellement spécialisée, ce qui suppose une adaptation caractéristique de lacapacité de retenir à la forme de l'activité intellectuelle : Mozart pouvait noter par cœur le « Miserere » de laChapelle Sixtine; Napoléon, incapable de retenir la moindre pièce de vers possédait, rangés dans son esprit ainsi quedans une série de tiroirs, les états d'armement de toutes les places fortes de l'Empire; comme si une intime unions'opérait entre les connaissances mises à la disposition de la Pensée, et les cadres organisateurs constitués peu àpeu par les préoccupations coutumières, les nécessités techniques et l'adaptation des processus intellectuels à uncertain nombre de problèmes. L'éventualité d'une aussi complète fusion s'explique, non moins que s'expliquaient les oppositions.

En effet, il estimpossible de supposer une construction mentale quelconque, dont les termes anciens seraient oubliés au momentoù l'on chercherait à obtenir un résultat nouveau, dont les formes de relations acquises s'évanouiraient à l'instant des'intégrer à une relation plus complexe.

La conscience ne saurait travailler sur des objets qui ne lui demeureraientpas présents.

Le joueur d'échecs ne peut prévoir et organiser les coups à venir que s'il retient les événementsantérieurs de la partie.

Le mathématicien ne peut conduire ses déductions que si' les conclusions desdémonstrations précédentes ont été conservées au cours des raisonnements intermédiaires et sont susceptibles deservir de prémisses aux démonstrations à venir.

C'est pourquoi Poincaré tenait la mémoire pour une des qualitésfondamentales du géomètre, apportant ainsi, sur un domaine particulièrement important, son adhésion à la formulede Pascal qui tient la mémoire pour « indispensable à toutes les opérations de l'Esprit ». Inversement, si l'intervention de la mémoire semble nécessaire à l'exercice de l'Intelligence, l'organisationintellectuelle paraît conditionner le fonctionnement de la mémoire. La raison principale s'en trouve dans ce fait que, la vie mentale constituant une continuité ininterrompue, leséléments ne sauraient guère y subsister sans s'y trouver en rapport avec d'autres éléments. Il est naturel dès lors qu'un souvenir possédant une certaine importance soit retenu, l'importance d'un tel souvenirse définissant par la multitude des relations qui l'unissent au reste de la vie mentale.

Si, dans ces conditions,certains ensembles paraissent se maintenir sans s'appuyer à rien, c'est précisément qu'ils s'appuient à tout.

Leursolidité vient, pour ainsi parler, d'une dignité intellectuelle qui les place au nœud de toutes les routes de la Pensée.Il faudrait une véritable ruine de l'esprit pour que s'évanouisse une notion vers laquelle ainsi tout ramène. Mais des souvenirs plus fragiles situés à des carrefours moins fréquentés disparaîtraient aisément, s'ils ne venaients'adosser à l'unité complexe des éléments essentiels et ne bénéficiaient ainsi de leur stabilité.

Et cet appui serad'autant plus efficace qu'en s'intégrant à l'unité d'un souvenir fondamental, ils en augmentent la valeur, etbénéficient de la richesse qu'ils communiquent par la protection plus active qu'ils reçoivent. Encore faudra-t-il que ce soutien ne soit pas payé d'une totale intégration.

Si en effet les souvenirs secondaires negagnent l'appui des souvenirs principaux qu'au prix de leur individualité, tout se passera à peu près comme s'ils sediluaient dans l'oubli; il restera à la place de leur variété une espèce de schéma indissociable, quelque chose commeune idée générale avec le sentiment vague et insuffisant d'une place des éléments dans le Tout. 11 est donc de la plus haute importance que l'annexion des souvenirs à un complexus plus puissant ne soit pas uneidentification.

En un mot il est nécessaire que dans le cadre de cette unité plus haute les souvenirs restent distinctsen même temps qu'unis.

C'est dire qu'ils trouveront le secret de leur persistance dans une mise en rapport où lesdifférences seront maintenues mais expliquées. Mais parler ainsi d'une mise en relation dans laquelle l'existence des termes ne serait pas seulement maintenue maisdéterminée dans un certain ordre, n'est-ce pas parler d'une intervention de l'Intelligence ? Cet appui prêté par l'Intelligence à la Mémoire peut lui-même se présenter sous deux formes.

Tantôt les souvenirsrestent isolés les uns des autres, mais parallèlement à eux s'opère une reconstruction rationnelle qui sert d'armatureà leur dispersion, armature permettant soit d'accrocher un souvenir instable à une connexion logique, soit de leretrouver déductivement quand il a disparu.

Un tel processus est le plus souvent volontaire.

Nous le rencontrons. »

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