Devoir de Philosophie

Commentaire composé du monologue d'Isabelle - L'Illusion Comique

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

illusion
  L'Illusion Comique écrite par Corneille en 1636 achève la série ininterrompue de ses comédies. Avec cette pièce disparaît donc un certain Corneille : celui qui fait rire et sourire en décrivant le comportement de ses contemporains. En effet, L'Illusion Comique est d'abord une comédie mais c'est aussi une tragédie par l'insertion de monologues. En choisissant le monologue, Corneille utilise l'outil dramaturgique le plus immédiatement tragique car il est le lieu privilégié du débat intérieur. S'y exprime le déchirement et la résolution du héros confronté à une situation extrême. Le monologue est une tirade à un personnage seul ou qui se croit seul. Il constitue une scène à lui tout seul. Il révèle la véritable personnalité d'un personnage, permet l'expression lyrique des sentiments et peut avoir une fonction dramatique. Le désespoir d'Isabelle devant l'exécution prochaine de Clindor en est le plus bel exemple. Dans l‘acte III, Clindor, après avoir tué Adraste, est condamné à mort. Le monologue qui débute l'acte IV exprime donc le désordre affectif, émotionnel d'Isabelle.
illusion

« Isabelle exprime non seulement ses sentiments mais aussi dénonce explicitement l'injustice faite à Clindor.

Le pouvoir l'emporte sur la justice.

Clindor est donc condamné par « un jugement inique » qui « doit abuser demain d'unpouvoir tyrannique ».

Grâce à ce parallélisme, Isabelle assimile le « pouvoir tyrannique », symbolisé par son père, àla justice abusive, comme s'ils étaient équivalents.

Clindor occupe dans le monologue d'Isabelle un statut devictime.

C'est un « pauvre inconnu » dont « l'innocence » ne lui procure qu'un « faible appui ».

Elle démontre lecaractère insensé des motifs de la condamnation de Clindor : il sera mort juste pour l'avoir aimée et « d'être tropparfait ».

Elle insiste sur l'absurdité de tels motifs comme en témoigne l'anaphore « Contre […] Contre ».

Pourélaborer ses arguments, Isabelle utilise deux champs lexicaux : celui de l'injustice : « jugement inique », « décretinjuste », « faible appui » et celui du pouvoir : « pouvoir tyrannique », « décret ». En dénonçant l'injustice, Isabelle clame l'innocence de Clindor.

Son amant se distingue des autres par saperfection.

Il est « trop parfait », capable de faire prévaloir un amour pur au-dessus de ses propres intérêts etentretenir avec Isabelle des liens de « saintes ardeurs ».

Clindor est « un pauvre inconnu » qui n'a personne pour lesauver et qui a tué un noble en se défendant.

C'est pourquoi Isabelle apprécie ses « vertus » et plusparticulièrement son courage pour avoir défendu leur amour sans avoir eu peur des conséquences.

Pour établir untel éloge, Isabelle a surtout utilisé un vocabulaire mélioratif pour rendre ses arguments plus convaincants :« qualité », « trop parfait », « vertus ». II – Délibération Après s'être lamentée, Isabelle prend du temps pour réfléchir sur ce qu'elle doit faire et elle se met àdélibérer.

Elle est consciente qu'il faut agir mais elle se sent dans une situation d'impasse.

L'ouverture du monologueet plus particulièrement le premier mot « enfin » en témoigne.

En effet, ce connecteur logique exprime uneconclusion et donc fait référence à une impasse.

Isabelle est consciente qu'elle ne peut pas modifier la « rigueur dusort » et Clindor sera exécuté.

A cause de « la haine de mon père, la faveur du pays, la qualité du mort, le malheurd'Isabelle et la rigueur du sort » la mort de Clindor est inévitable.

Cette accumulation de malheurs laisse voir lelourd fardeau que porte Isabelle.

Elle se sent aussi impuissante devant le pouvoir de son père qui « doit triompher ».L'emploi du verbe devoir met en valeur l'immuabilité de la situation.

Le complément circonstanciel de temps« demain » rappelle l'imminence de la mort de Clindor d'où la nécessité de prendre une décision. Après avoir analysé la situation dans laquelle elle se trouve, Isabelle réfléchit sur ce qu'elle doit faire.

Elledécide de se suicider : « Je veux perdre la vie en perdant mon amour.

».

L'emploi du verbe « vouloir » nous montreque cette décision est définitive.

Il n'y a pas d'autre issue.

Elle justifie alors la prise d'une telle résolution par le faitqu'elle est la cause de la mort de Clindor : « Je veux suivre ta mort puisque j'en suis la cause.

» .

En effet, Clindorest condamné parce qu'il aime Isabelle et c'est pourquoi elle se sent responsable.

« Puisque » est d'ailleurs bien unconnecteur logique de cause.

On observe un effet de simultanéité entre les propositions « Prononçant ton arrêt » et« c'est de moi qu'on dispose » dû au gérondif « prononçant ».

Ceci renforce le choix de cette décision : les actionsévoquées par ces deux propositions doivent avoir lieu.

Isabelle ne se contente pas d'avoir résolu son problème mais elle analyse aussi les conséquences de sadécision.

Le sentiment amoureux, chez Isabelle, est un sentiment pur qui unit les âmes.

Sa vision spirituelle del'amour peut lui faire envisager le suicide comme la seule issue possible à la mort de son amant et le sacrifice de soiest la conséquence naturelle de l'amour.

Isabelle envisage l'avenir et se rend compte qu'elle ne pourra pas vivresans Clindor.

Elle décide de le rejoindre dans l'au-delà : « Et le même moment verra par deux trépas nos espritsamoureux se rejoindre là-bas ».

On remarque le parallélisme entre « deux trépas » et « là-bas » qui évoque lesretrouvailles de Clindor et d'Isabelle.

Ce parallélisme se trouve renforcé par le verbe « se rejoindre » placé entre cesdeux expressions.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles