Devoir de Philosophie

Pascal: L'imagination est-elle incompatible avec la raison ?

Publié le 11/03/2005

Extrait du document

pascal
Imagination. - C'est cette partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours ; car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l'était infaillible du mensonge. Mais, étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque de sa qualité, marquant du même caractère le vrai et le faux. Je ne parle pas des fous, je parle des plus sages ; et c'est parmi eux que l'imagination a le grand don de persuader les hommes. La raison a beau crier, elle ne peut mettre le prix aux choses. Cette superbe puissance, ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer, pour montrer combien elle peut en toutes choses, a établi dans l'homme une seconde nature. Elle a ses heureux, ses malheureux, ses sains, ses malades, ses riches, ses pauvres ; elle fait croire, douter, nier la raison ; elle suspend les sens, elle les fait sentir ; elle a ses fous et ses sages : et rien ne nous dépite davantage que de voir qu'elle remplit ses hôtes d'une satisfaction bien autrement pleine et entière que la raison. Les habiles par imagination se plaisent tout autrement à eux-mêmes que les prudents ne se peuvent raisonnablement plaire. Ils regardent les gens avec empire ; ils disputent avec hardiesse et confiance ; les autres, avec crainte et défiance, et cette gaieté de visage leur donne souvent l'avantage dans l'opinion des écoutants, tant les sages imaginaires ont de faveur auprès des juges de même nature. Elle ne peut rendre sages les fous ; mais elle les rend heureux, à l'envi de la raison qui ne peut rendre ses amis que misérables, l'une les couvrant de gloire, l'autre de honte.

pascal

« donc mieux faire droit au pouvoir de l'imagination, faire la paix avec elle, même si elle se trouve par làinjustement avantagée.

Si on prend garde à cette remarque, on n'interprétera pas le texte qui suit comme unepure et simple condamnation de l'imagination.

Sans doute « l'appareil » (le terme s'entend comme dérivé de «apparaître » et comme désignant l'apparat) par lequel les magistrats, les médecins, les savants (les « docteurs») en imposent est-il mensonger puisqu'il masque l'absence d'une véritable science.

Néanmoins, en ce quiconcerne plus particulièrement la justice, Pascal considère que la raison est incapable de nous en assurer.Vouloir substituer l'autorité de la raison à celle de la justice, c'est livrer la société à des conflits violents.

Ilestimera préférable le mensonge qu'accrédite l'imagination à cette violence.

(cf.

Pensée 60). PASCAL (Biaise). Né à Clermont-Ferrand en 1623, mort à Paris en 1662. Enfant précoce, il écrivit à onze ans un traité des sons, et retrouva tout seul, à douze ans, la trente-deuxièmeproposition du premier livre d'Euclide.

A dix-neuf ans, il inventa une machine arithmétique.

En 1646, il entre enrelations avec Port-Royal et fait sa première expérience sur le vide.

A partir de 1652, commence ce que l'on aappelé la « vie mondaine » de Pascal.

Ami du duc de Roannez, il fréquente les salons et les femmes, s'adonne aujeu, mais poursuit cependant la réalisation de ses travaux mathématiques : il se révèle le promoteur de l'analyseinfinitésimale et du calcul des probabilités.

Insatisfait de la vie qu'il mène, las du monde, le cœur vide, il éprouve lanostalgie de Dieu.

Pascal a une illumination dans la nuit du 23 novembre 1654, et trace quelques lignes sur unmorceau de papier, qu'il conservera cousu à l'intérieur de son vêtement.

Il se retire à Port-Royal-des-Champs, etparticipe avec ardeur à la polémique qui oppose les Jansénistes et les Jésuites, prenant la défense de Port-Royal(1656-1657).

La guérison de sa nièce, à la suite de l'attouchement d'une épine de la couronne de Jésus, le rendencore plus convaincu dans sa foi chrétienne.

Il abandonne ses recherches de mathématiques et de géométrie, etvit désormais dans l'humilité et la souffrance.

Il imagine la création de carrosses à cinq sols pour le déplacement despauvres, voitures qui sont à l'origine des transports publics en commun.

Il meurt le 17 août 1662.

— Bien entendu, iln'y a pas de système philosophique de Pascal, que Bayle a appelé « un individu paradoxe de l'espèce humaine ».Malade et las, Pascal a cherché en souffrant.

Il s'est approché de l'univers invisible, à tâtons.

Dieu est pour lui « ladernière fin, comme lui seul est le vrai principe ».

Polémiste, géomètre, physicien, Pascal est l'un des plus grandsécrivains français.

Sa distinction entre l'esprit de géométrie et l'esprit de finesse est célèbre.

L'esprit de géométrie,c'est celui qui procède par définitions et déductions rigoureusement logiques et qui s'étend jusqu'aux plus extrêmesconséquences.

L'esprit de finesse, c'est la « souplesse de pensée » qui permet, face à la complexité des choses,l'adaptation aux circonstances concrètes.

— Rappelons ici l'argument du pari, dans le problème de l'existence deDieu.

Ou bien Dieu est, ou bien il n'est pas.

Or, « il faut parier, cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué.Lequel prendrez-vous donc?...

Votre raison n'est pas plus blessée en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il fautnécessairement choisir.

Voilà un point vidé ; mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix queDieu est.

Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien.

Gagezdonc qu'il est, sans hésiter...

Tout joueur hasarde avec certitude pour gagner avec incertitude : et néanmoins ilhasarde certainement le fini pour gagner incertainement le fini, sans pécher contre la raison...

Et ainsi, notreproposition est dans une force infinie, quand il y a le fini à hasarder à un jeu où il n'y a pareils hasards de gain quede perte, et l'infini à gagner ».

— La grandeur de Pascal est dans ce combat qu'il a mené, où il a engagé toutes lescontradictions de son être, dans cette quête gémissante de la vérité.

Elle est aussi dans cette sourde inquiétudequ'il a fait naître dans le cœur des hommes, même dans le cœur de ses adversaires les plus obstinés.

Comme l'a ditun philosophe contemporain, « Pascal a vécu intensément le combat du chrétien, la lutte avec l'ange de la foi, où laseule victoire est de se reconnaître vaincu.

» Œuvres principales : Essai pour les coniques (1640), Expériences nouvelles touchant le vide (1647), Récits de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs (1648), Fragment d'un traité du vide (1651, publié en 1663), Discourssur les passions de l'amour (1652), Traités de l'équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l'air (1654,publié en 1663), Lettres de Pascal à Fermât sur la règle des partis (1654), Prière pour demander à Dieu le bon usagedes maladies (1654, publié en 1666), Entretien avec M.

de Saci sur Epictète et Montaigne (1655, publié en 1728),Comparaison des chrétiens des premiers temps avec ceux d'aujourd'hui (1655, publié en 1779), Les Provinciales(janvier 1656-mars 1657), Trois lettres circulaires relatives à la cycloïde (1658), Lettres à Mademoiselle de Roannez(1658), Histoire de la roulette (1658-1659), Fragments sur l'esprit géométrique et sur l'art de persuader (1659,publié en 1728), Pensées de M.

Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets qui ont été trouvées après samort parmi ses papiers (1669).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles