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Faut-il renoncer à connaître ce qui est changeant ?

Publié le 08/02/2004

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b) Résultat de cet acte. RENONCER: abandonner un droit, une idée, se défaire, se dessaisir, se démettre.Si notre intelligence, essentiellement rationnelle et discursive, ne combine que des idées générales, elle est réduite à ignorer le singulier et, comme nous venons de le voir, le changement. Dans ces conditions, la connaissance humaine est soit condamnée à demeurer imparfaite, incapable d'atteindre la vérité dynamique et mouvante des choses singulières, soit forcée à se tourner vers une autre faculté que l'intelligence pour parvenir à la connaissance vraie. Quelle pourrait être cette autre faculté ? Elle n'aurait pas recours aux mots, nécessairement généraux ; elle serait donc intuitive ; elle consisterait en une saisie directe et immédiate du changement. Il s'agirait donc plus d'un vécu spécifique que d'une connaissance rationnelle. La vérité de ce genre de connaissance ne consisterait plus en une copie des choses mais en une expérience des choses elles-mêmes.Pourtant ne peut-on pas défendre la possibilité d'une connaissance proprement rationnelle du changement ? La physique n'est-elle pas capable d'expliquer l'évolution des structures matérielles, le déplacement des objets dans l'espace ?

« a.

La légalité n'est qu'une régularité Cependant, nous opposerons à ce que nous venons de dire que la légalité n'existe pas, que nous la confondonsentièrement avec la régularité.

En effet, David Hume montre parfaitement dans toute son œuvre que ce que nousprenons pour de la légalité n'est qu'une répétition dont il n'est pas certain qu'elle existera toujours.

L'alternance dujour et de la nuit n'est pas une loi, car nous ignorons la cause efficiente de ce phénomène : elle n'est qu'unehabitude, une régularité.

Comme le dit Diderot dans « Le rêve de d'Alembert » : « De mémoire de rose, on a jamaisvu mourir un jardinier ».

Cette phrase nous invite à comprendre que nous sommes pareils aux roses qui prétendentque les jardiniers sont immortels : nous jugeons des phénomènes naturels dont l'extension dans le temps nousdépasse infiniment. b.

La connaissance n'existe pas : il n'y a que du savoir A la lumière de ce que nous venons d'avancer, nous dirons que l'impermanence, caractéristique de l'ensemble desêtres et des choses, est un obstacle fondamental à l'activité de connaissance.

Si tout est impermanent, nous nepouvons rien connaître.

Nous dirons donc qu'il n'y a pas de connaissance (discours sur les choses définissantdéfinitivement ce qu'elles sont, évaluant pour toujours le moyen d'agir sur elles) mais que du savoir, c'est-à-dire uneconnaissance du ponctuel, du singulatif (c'est-à-dire, de ce qui ne se produit qu'une fois). III. L'impermanence des êtres et des choses n'est pas un obstacle à la connaissance a.

Un savoir ponctuel est encore une connaissance : l'analogie de la mort et de la connaissance Nous emploierons ici une analogie entre la mort et la connaissance.

Lorsqu'un homme vit et meurt, sans que sonpassage sur terre ait changé en rien la face de celle-ci, il n'en reste pas moins que sans lui l'ensemble du monde eutété différent.

Son passage sur terre est dépendant d'un enchainement causal qui trouve sa source dans lecommencement des temps ; et il demeurera toujours vrai qu'il a existé, un monde sans lui ne serait pas le notre :chaque être laisse donc en quelque sorte une trace ineffaçable.

Il en va de même pour tous les phénomènes : mêmesi rien ne se produisait deux fois, si tout n'avait qu'une existence singulative, il n'en resterait pas moins que tellechose a eu lieu de telle manière en tel lieu et tel moment.

Le savoir du ponctuel est encore une connaissance. b.

L'impermanence des phénomènes, condition nécessaire de l'activité scientifique Nous finirons donc en disant que l'impermanence des choses n'est pas un obstacle à la connaissance des choses,mais au contraire leur condition.

En effet, l'activité scientifique s'édifie sur des savoirs incertains, sur la constatationde régularités.

Pour Karl Popper, une hypothèse scientifique n'en est une que si elle est réfutable : tant que lesrésultats des tests expérimentaux sont conformes aux prédictions de la théorie, on dit que celle-ci est corroboréepar l'expérience.

Dans le cas inverse, elle est falsifiée par l'expérience.

Est donc scientifique tout ce qui peut êtrefalsifié : l'impermanence des objets est donc la condition de la connaissance de type scientifique. L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.

Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Tout succèsscientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'iln'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudo-sciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie del'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper , dans « Logique de la découverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifique d'une théorie.

Il écrit : « C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisseêtre choisi, une fois pour toutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'ilpuisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de lascience empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

» A l'époque de Popper , on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était le caractère empirique de sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, lesavant en tirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires etuniversellement valides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pas vérifiable est« métaphysique » et doit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper , l'induction, qui consiste à inférer une règle universelle à partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partir d'énoncés singuliersvérifiés par l'expérience, est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissions avoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs. » Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigences auxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout d'abord, être synthétique, de manière à pouvoir représenter un monde possible, non contradictoire.

En deuxièmelieu, il devra satisfaire au critère de démarcation, c'est-à-dire qu'il ne devra pas être métaphysique mais devrareprésenter un monde de l'expérience possible.

En troisième lieu, il devra constituer un système qui se distingue dequelque autre manière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seul à représenter notremonde de l'expérience.

». »

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