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Peut-on vouloir ce qu'on ne désire pas ?

Publié le 01/03/2004

Extrait du document

On peut finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction dépend de nous.

Problématique: La volonté se distingue-t-elle seulement du désir par le recours à la délibération? N'y a-t-il pas un désir secret caché derrière toute décision apparemment volontaire? Il pourrait aussi y avoir inversement une complicité de la volonté à l'égard du désir.

BIEN LIRE LA QUESTION

*Il existe toujours une ambiguïté dans la locution " peut-on ". Elle peut en effet signifier deux choses : avons-nous la capacité, le pouvoir, la puissance de faire telle ou telle chose, et d'autre part avons-nous le droit, ou le devoir, de faire telle ou telle chose. Nous verrons que cette ambiguïté peut jouer un rôle important, dans la mesure où il est question ici de volonté et qu'une telle idée peut contenir la même nuance entre le droit et le fait.

* D'autre part, la question tend à opposer deux termes qui, dans le langage courant, sont souvent proches : vouloir et désirer. Les deux termes impliquent une tendance vers un objet ou une action. Il faut donc trouver des raisons suffisantes pour distinguer ces deux formes de tendance.

 

La volonté se distingue-t-elle seulement du désir par le recours à la délibération? N'y a-t-il pas un désir secret caché derrière toute décision apparemment volontaire? Il pourrait aussi y avoir inversement une complicité de la volonté à l'égard du désir.

 

  • I) On peut vouloir ce que l'on ne désire pas.

a) La morale n'est pas une quête du plasir (Kant). b) Je peux changer mes désirs pour éviter le malheur. c) Je peux être la dupe de mon inconscient.

  • II) On ne peut pas vouloir ce que l'on ne désire pas.

a) J'ignore pourquoi je veux. b) Mon désir n'est pas monolithique. c) La force de la volonté vient du désir.

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« «Il n'y a que la seule volonté, que j'expérimente en moi être si grande que je ne conçois pas l'idée d'aucune autreplus ample et plus étendue : en sorte que c'est elle principalement qui me fait connaître que je porte l'image et laressemblance de Dieu.» Descartes, Méditations métaphysiques (1641). • Pour Descartes, notre volonté est infinie: elle est ce qu'il y a de divin en l'homme.

C'est ce que l'on appelle le libre-arbitre: la faculté de décider d'agir, que chacun peut ressentir en soi-même au moment où il décide de faire ou dene pas faire un geste par exemple.• Cela ne signifie pas que l'homme soit toujours entièrement libre.

Car la volonté est une faculté de l'âme, maiscelle-ci, pour Descartes, est située dans le corps, et peut être déterminée par lui: c'est ce que Descartes appelleles «passions», où l'âme subit les effets du corps.

Mon corps et ses moyens limités limitent donc ma volonté, demême que mon entendement, lui aussi limité, peut m'amener à prendre de mauvaises décisions.

Même si ma volonténe surmonte pas toujours ces contraintes, elle peut, en principe, le faire.

« En quoi on connaît la force ou la faiblesse des âmes, et quel est le mal des plus faibles . Or, c'est par le succès de ces combats que chacun peut connaître laforce ou la faiblesse de son âme.

Car ceux en qui naturellement la volontépeut le plus aisément vaincre les passions et arrêter les mouvements du corpsqui les accompagnent ont sans doute les âmes les plus fortes.

Mais il y en aqui ne peuvent éprouver leur force, parce qu'ils ne font jamais combattre leurvolonté avec ses propres armes, mais seulement avec celles que luifournissent quelques passions pour résister à quelques autres.

Ce que jenomme ses propres armes sont des jugements fermes et déterminés touchantla connaissance du bien et du mal, suivant lesquels elle a résolu de conduireles actions de sa vie.

Et les âmes les plus faibles de toutes sont celles dont lavolonté ne se détermine point ainsi à suivre certains jugements, mais se laissecontinuellement emporter aux passions présentes, lesquelles, étant souventcontraires les unes aux autres, la tirent tour à tour à leur parti et, l'employantà combattre contre elle-même, mettent l'âme au plus déplorable état qu'ellepuisse être.

Ainsi, lorsque la peur représente la mort comme un mal extrêmeet qui ne peut être évité que par la fuite, si l'ambition, d'autre côté,représente l'infamie de cette fuite comme un mal pire que la mort, ces deuxpassions agitent diversement la volonté, laquelle obéissant tantôt à l'une, tantôt à l'autre, s'oppose continuellement à soi-même, et ainsi rend l'âme esclave et malheureuse.

» Descartes. B.

Désirer, c'est considérer l'utile et le nuisible dans ce qui peut nous arriver dans le futur (Descartes, Passions del'âme). Il me faut donc trouver une autre voie que technique et chimique pour dominer mes passions, mes désirs, mesémotions, et ainsi assurer mon bonheur.

Le problème est que, quand une passion me submerge, comme dans lacolère, non seulement elle est plus forte que ma volonté d'y résister, malgré tous mes raisonnements, mais elleaveugle mon esprit, détourne ma raison et ma volonté à son profit.

Je me mets alors à justifier ma conduitepassionnelle avec tous les talents de mon esprit, néanmoins faussé et dévoyé.

Je ne recouvre la totalité de mesfacultés de penser qu'après que la passion s'est évanouie, lorsqu'il n'est plus que le temps du regret. C'est donc d'abord ma raison qu'il faut endurcir, qu'il faut armer de principes qu'elle puisse objecter àl'aveuglement passionnel.

Pour éviter de succomber aux passions, il faut, dit Descartes , leur opposer des jugements fermes et déterminés sur ce qu'il convient de faire ou de ne pas faire, cad sur ce qui est bien ou mal.

Celan'éliminera pas la passion, mais m'empêchera au moins de me laisser diriger par elle.

Par exemple, si la colère mesaisit et me donne envie de frapper, je dois songer qu'il ne faut pas user de violence, surtout envers un être plusfaible.

Si la peur me prend avant un duel, je dois penser qu'il ne faut pas se déshonorer en se montrant lâche.

Si jen'ai pas formulé auparavant des jugements aussi précis, je peux au moins avoir pour règle générale de conduite dene pas céder à la passion, de ne pas me laisser déterminer par elle, cad de suspendre mes actes, de temporiser,d'attendre que l'ébullition du sang retombe, puisque ce sont de telles altérations corporelles qui causent les passionsdans mon âme.

Ce désordre corporel ne dure qu'un temps limité ; soumis aux lois de la mécanique du vivant, ils'apaise assez vite, et donc la passion aussi.

Dès lors, il me suffit de me retenir d'agir jusqu'au moment oùl'évanouissement de la passion me restitue mon sens du jugement et ma liberté véritable. C.

Par conséquent volonté et désir se distinguent par leurs objets, mais aussi par leur mode d'être.

En effet, le désirimplique le bien du corps, ou de l'union de l'âme et du corps, tandis que la volonté concerne l'âme seule. 2.

Critique de l'idée d'une volonté libre, qui serait indépendante de l'entendement, et qui serait une facultéd'affirmer ou de nier librement. »

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