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ABOU NOWAS

Publié le 27/06/2012

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Al-Amin est assassiné par son frère, al-Maamoun, qui lui succède. Cette tragédie a-t-elle déterminé chez Abou Nowâs une crise morale? On ne sait. Toujours est-il que les voluptés perdent leur saveur aux yeux du poète, qui oriente désormais sa pensée vers la miséricorde du Créateur, qu'il avait toujours crue plus grande que toutes les possibilités de péché de la créature. Alliant un sentiment religieux tardif à une extrême liberté morale, n'avait-il pas déjà écrit : « Multiplie tes péchés à l'extrême, car le Seigneur que tu dois rencontrer est indulgent.

« Son origine, comme celle de beaucoup de poètes de la même époque, était modeste.

Il n'en avait nulle honte, et déclarait : « Mon talent me tie?t lieu de noblesse! » Son aïeul paternel avait été l'esclave affranchi d'un gouverneur de la province iranienne du Khoras~ân, un.

Arabe de la tribu yéménite de Hakam, al-Djarrah, fils de Abdallâh le Hakamite, et ce dernier nom, passant comme d'habitude du maître au serviteur, se transmit dans la famille de l'ancien esclave jusqu'à Abou Nowâs.

Son père, damasquin de naissance, soldat dans l'armée du dernier khalife Omayyade, Marwân, étant en garnison à Al-Ahwâz, à l'est de Bagdad, avait épousé une Persane nommée Djoullabân, une simple laveuse de laine.

Abou Nowâs naît de cette union, à Al-Ahwâz même, ou peut-être à Basra.

En tout cas, c'est à Basra qu'il passe son enfance, dans cette ville fameuse de l'Irak qui, comme sa rivale Koufa, avait voué à la langue arabe une étude passionnée.

Il a dû s'y initier aux belles-lettres et y rimer ses premières compositions.

Il ne semble pas néanmoins avoir gardé très bon souvenir de son séjour dans cette ville.

Sa mère le mit en apprentissage chez un marchand d'épices et d'aromates.

On se représente, au milieu des sacs et des fioles dégageant mille senteurs troublantes, le jeune homme en mal de littérature.

A cette époque remonte sa rencontre avec le poète Abou Osâma Wâliba, fils de Houbab l'Asadite.

Frappé sans doute par la vivacité d'esprit, le don d'élocution et sûrement aussi le physique agréable du garçon droguiste, Wâliba lui dit : «Je vois en toi d'heureux présages que tu ne saurais démentir.

Tu dois cultiver la poésie.

Deviens mon disciple, et je te conduirai à la gloire.

» Ce langage n'étonne pas Abou Nowâs, qui répond hardi­ ment : « Mais toi, qui es-tu? » - «Je suis Abou Osâma Wâliba.

» - «J'accepte, lui répond-il aussitôt.

J'avais d'ailleurs déjà l'intention de me rendre à Koufa pour y recevoir ton enseignement et étudier ton œuvre poétique.

» Dans ce dialogue, on trouve déjà le sens de la repartie audacieuse, un des traits caractéristiques d'Abou Nowâs.

Le jeune garçon se rend donc à Koufa en compagnie de celui qui va devenir son maître.

Rencontre décisive.

Grand poète, mais aussi grand débauché, Wâliba exerce la meilleure des influences sur la formation intellectuelle de son disciple, et la pire au point de vue moral.

Est-cc à lui qu'il faut attribuer les mœurs contre nature d'Abou Nowâs, son goût immodéré pour le vin, pourtant sévèrement défendu par le Prophète, sa prédilection pour la vie de bohème, qui sont les principaux motifs de son inspiration? Il est des amitiés singulières qui ne s'expliquent que par des affinités secrètes.

Celle de Wâliba pour Abou Nowâs rappelle le penchant de Verlaine pour Rimbaud.

A Koufa, où il parachève sa culture littéraire, c'est-à-dire essentiellement sa culture poétique, il reçoit, sans doute, de Khalaf al-Ahmar, le conseil d'aller vivre au désert, de se plonger dans le milieu bédouin, qui n'a pas été contaminé par la vie citadine et qui maintient les traditions de pureté linguistique et de richesse poétique : stage indispensable, alors, au poète comme au philo­ logue.

Il séjourne toute une année dans un monde connu pour sa vie saine et rude, et qui jouissait d'un prestige inégalé.

Mais il ne peut résister à l'attrait des villes et pa,rticulièrement de la capitale de l'empire, Bagdad, résidence des khalifes de la dynastie abbasside, qui avait détrôné Damas, siège de la dynastie des Omayyades.

Il est présenté aux puissants du jour par Wâliba et par Ishâk de Mossoul.

Le disciple dépasse le maître et la gloire rapide, une fois de plus, fait un ingrat.

Maintes fois W âliba doit regretter d'avoir contribué à cette soudaine célébrité.

Le jeune poète est bien accueilli par Haroun ar-Rachîd, mais il est particulièrement en faveur auprès de la puissante famille des Barmécides, à laquelle appartient le fameux vizir Djaafar.

Après la chute de cette famille, il se met en quête d'un nouveau patron et se rend en Égypte, où il trouve un mé~ène en la personne du chef du divan des impôts, al-Khasib, fils d'Abd. »

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