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« Accroître sa science, c'est accroître ses douleurs. » (Ecclésiaste.)

Publié le 20/02/2004

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« Accroître sa science, c'est accroître ses douleurs. » (Ecclésiaste.) Réflexion pessimiste tirée d'un livre que l'on sait être un des plus amers, des plus désenchantés qu'il y ait. Comme tous les aphorismes des pessimistes, qu'ils viennent de l'Ecclésiaste, de Lucrèce, de Pascal ou de Schopenhauer, celui-ci est certainement exagéré. `Mais, non moins certainement, il enferme une part de vérité. On engage le lecteur à réfléchir pour apercevoir ce qu'il y a de vrai, et aussi d'excessif, dans cette affirmation. D'une part, plus on sait, plus on veut savoir; et comme on ne peut pas tout savoir, on souffre de ce désir inassouvi. Toute science est limitée par sa nature même (étude du phénomène) et par les bornes de notre esprit : toute science aboutit finalement à un terme ultime derrière lequel il y a les ténèbres de l'inconnu. On a dit que le plus grand savant était celui qui reculait un peu plus loin que les autres la borne de notre ignorance; on a dit (M. Fouillée) que l'homme, en étendant la sphère du savoir, multipliait ses points de contact avec la nuit.

Analyse

 

• La connaissance est à la fois l’acte par lequel l’esprit saisit et comprend un objet ; et le résultat de l’acte de connaître. C’est donc une activité et un contenu.

On pourrait attendre ici un pluriel (accroître ses connaissances) : le singulier indique qu’il s’agit de toute connaissance, non pas uniquement par son contenu mais surtout par le simple fait de connaître.

à Connaître, apprendre, étudier, savoir impliquent aussi l’accroissement de la conscience. Est-ce de là que procéderait la souffrance ?

à Si la connaissance est, dans un premier temps, perçu comme quelque chose de positif, ce sujet invite à se demander quelle valeur accorder réellement à la connaissance, non pas sous l’angle épistémologique mais sous celui du bonheur.

• La souffrance est le fait de souffrir et l’état d’une personne qui souffre : ici, souffrance morale et intellectuelle, et non physique. Dans un sens plus rare aujourd’hui, la souffrance est également une tolérance pour ce que l’on pourrait éviter, le fait de supporter ce qu’on préférait être autre.

 

Questionnement

 

• La connaissance, acte intellectuel appartenant au domaine de l’esprit, est-elle ainsi liée à l’affectivité ?

• Comment ce qui est perçu comme un bien (la connaissance) peut-il donner lieu à la souffrance ? Par quels processus, sur quels modes et pour quelles raisons ?

Enjeu : faut-il pour autant porter un jugement négatif sur la connaissance ?

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