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ACTE II - Scènes 1 et 2 - TARTUFFE DE MOLIERE

Publié le 15/06/2011

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moliere

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« surtout il occupe un des emplois les plus respectables, celui de directeur de conscience ! Pour les contemporains deMolière, ce mariage forcé n'avait donc rien de socialement inconvenant.

Et Mariane elle-même en est persuadée.Ils ne découvraient qu'à partir du troisième acte, et progressivement, ce que le projet d'Orgon avait de malséant etde grotesque, et ce, non pas d'après le visage de Tartuffe, mais en devinant sous son masque le cynisme et lafourberie.

S'il est socialement et physiquement acceptable pour gendre, Tartuffe est immoral.

En l'imposant à safille, Orgon offense donc la vertu, c'est-à-dire la raison, et en ce sens la « nature » humaine.

Mais, parmi les élites,nul n'eût songé à lui faire reproche d'ignorer les désirs de Mariane — bien au contraire ! — ou de marier sa fille tropau-dessous de sa condition, dès que Tartuffe n'est point « gueux » et que surtout il est un dévot directeur.

Tout auplus on trouvait ridicule, pour une Parisienne du bel air, d'aller s'ensevelir dans un désert, en province...

Acceptabletant d'un point de vue social que d'un point de vue « humain », ce projet n'est n'ignoble que parce que le pèreentend marier sa fille à un truand.Il n'y a que Dorine pour faire entendre, avec la réprobation du parterre, la voix des sens, de l'instinct et des espritsanimaux, cette seconde nature en nous...

Encore ne le fait-elle pas d'un point de vue hédoniste, ni mêmeeudémoniste, mais religieux, ou plutôt superstitieux : Dorine ne plaide ni le plaisir ni le bonheur de Mariane, mais lerespect de l'ordre cosmique.

Son argument est que la nature de certains maris combinée à celle de certaines fillesaboutit mécaniquement au cocuage, donc à la damnation : « Orgon va déclencher une série nécessaire dedésordres.

» Q.

Guicharnaud, op.

cit.

p.

58).Rien ne prête plus à contresens dans la lecture du Tartuffe que la réduction de la morale de Molière aux valeurs denotre individualisme consumériste (authenticité [be yourself], individualisme, illimitation et sacralisation des désirsindividuels, hédonisme).Molière, en dépit de son épicurisme et de son humanisme moderne, pense encore inconsciemment dans le cadred'une vision cosmologique de l'ordre naturel.

À ses yeux, la « nature », instinct ou raison, est pour les hommes unelimitation en essence, puisqu'ils ne sont que des exemplaires relevant de séries ou de « types », non une vocation àl'existence libre.

Les catégories de Molière, fort hétéroclites, oscillent entre l'aristotélisme médiéval et lecartésianisme.

C'est à ces catégories qu'il ramène Épicure. 4.

Du fait de l'inégalité des conditions, épouser Mariane représenterait pour Tartuffe une ascension socialeremarquable, ce à quoi du reste il ne cesse de s'employer : tel est en effet le but que poursuit le personnage, la finen vue de laquelle il est construit, et par laquelle il prend sens.

Tartuffe est le prototype de Julien Sorel. ÉCRITURE 6.

Le comique du rôle d'Orgon.

Orgon, le monomane, est le grand personnage comique de la pièce.

Molière ne cessede ridiculiser l'amour contre nature qu'il porte à Tartuffe :- dans la scène 4 du premier acte, il l'a présenté en pantin.

Dorine, reprenant à plaisir le tableau de la maladied'Elmire, s'est amusée à repousser sans cesse un ressort qui ne demandait qu'à partir : » Et Tartuffe ? n ;- dans la dernière scène du premier acte, on a vu Orgon réduit au silence par Cléante, éludant les questionsembarrassantes, tel le jésuite des Provinciales, par des laconismes hypocrites, et mis comme Alceste « au rouet »de ses propres contradictions : « Je ne dis pas cela » (v.

416) ;- ici, dans la première scène du deuxième acte, Orgon se ridiculise face à Mariane parce qu'il prête à sa fille l'amourque lui-même porte à Tartuffe, allant jusqu'à faire la déclaration à sa place (v.

441-445) ! Surtout, sa volonté neproduit pas le moindre effet sur Mariane, pourtant la personne la plus docile du monde (v.

437).

Un effet de comiqueverbal est ici remarquable, celui des répétitions.

Mariane restant abasourdie, Orgon interroge stupidement sastupeur : « Eh ? », Mariane, avec un effet d'écho fréquent dans le théâtre comique, répète : « Eh ? », Orgon : »Qu'est-ce ? », Mariane : Plaît-il ? », Orgon : « Quoi ? », sa fille : « Me suis-je méprise ? ».

Chacun attend uneréponse, qui ne vient pas.

Identiques par leur fonction purement phatique, ces questions sans effet se réfléchissenten échos, inutiles et comiques.

L'ingénue revient enfin de sa surprise : « Qui voulez-vous, mon père, que je dise /Qui me touche le coeur et qu'il me serait doux / De voir par votre choix devenir mon époux ? ».

Après avoir feint den'entendre rien, elle prie Orgon de répéter les mots qu'il a dits en les répétant elle-même, terme pour terme, commeen écho...

;- dans la scène 2, l'autorité d'Orgon sombre, complètement bafouée, sous les insolences répétées de Dorine, lasuivante forte en gueule qu'il ne parvient ni à faire taire, ni à souffleter.Cette gradation dans le ridicule de plus en plus farcesque détermine la progression du mouvement (1,4 —> II, 2) enquatre phases, contribue à l'unité, et conserve une situation dramatique dans le ton de la comédie. 7.

Les vers 427-430 ont un double rôle : d'abord ils constituent la préparation nécessaire à la production de lapéripétie que provoquera Damis au troisième acte, ensuite ils indiquent un effet majeur de la tartufferie : lacontagion de la tromperie et la propension qui en résulte à faire en secret tout ce qui devrait l'être en public : Orgoncraint d'être espionné par les siens, Tartuffe a miné toute bonne foi entre les membres de la famille.

Le cabinetadjacent est donc un lieu clé de la dramaturgie du Tartuffe : « petit endroit propre pour surprendre », il est à la foisun facteur d'instabilité et partant un instrument de tension dramatique, mais surtout il exprime symboliquementcette cancérisation de la bonne foi, qui est l'essence même de la tartufferie. 8-9.

Le mouvement dramatique et la dramaturgie comique.

La scène 2, chef-d'oeuvre de comédie et bel exemple de» dialectique du maître et de l'esclave », comporte deux mouvements égaux, le premier d'argumentation, le second. »

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