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Qu'est-ce qu'un acte volontaire ?

Publié le 27/03/2004

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Que va-t-il faire de cet argent ? Le déposer à la caisse d'épargne ? L'idée peut paraître étrange et suffirait sans doute à prouver que l'auteur de cette dissertation n'est plus écolier : elle n'est pas cependant impossible. Acheter un appareil de T.S.F. ou un petit cinéma, une bicyclette ou un vélo moteur, des livres ou un microscope ? Se payer quelques journées de haute montagne pour s'entraîner au ski ou une croisière durant les grandes vacances ?... Des intérêts et des attraits fort divers entrent en jeu et tour à tour l'emportent et doivent céder. La délibération se poursuit durant plusieurs jours.

« *** On pourrait d'abord répondre que cet acte est volontaire parce qu'il dépend en définitive de la volonté : la volontépourrait avoir donné aux motifs qui justifient la décision une force qu'ils n'avaient pas eux-mêmes; elle aurait puencore ajouter à ces motifs une.

raison nouvelle, le « je veux », insuffisant pour déclencher l'acte, mais sans lequelles motifs seraient eux-mêmes inefficaces.

Dans les deux cas, la volonté serait la raison dernière de l'achat, et c'estprécisément pour cela que cet achat serait volontaire.

Peut-on admettre cette conception de l'acte volontaire ?Reconnaissons-le, la volonté a le pouvoir de faire prédominer des motifs qui tout d'abord, ne l'auraient pas emportéd'eux-mêmes : l'homme n'est pas l'esclave des motifs; il est libre.

Ce n'est pas à dire pour cela qu'il soit indifférentaux motifs : c'est toujours le motif le plus fort qui l'emporte; mais la force des motifs dépend de l'attention que,librement, il leur accorde ou leur refuse.

Seulement, ce pouvoir d'obtenir avec des données identiques des résultatsdifférents, c'est la liberté et non la volonté.

La force supplémentaire que la volonté, en prolongeant l'attention, peutdonner aux motifs, fait d'un acte simplement volontaire un acte libre.

Or.

c'est la nature de l'acte volontaire lui-même que nous avons à préciser ici et non celle de l'acte libre.

En quoi consiste l'acte volontaire proprement dit ?Si la volonté n'est pas la faculté de modifier la force des motifs ou de se substituer à eux, ne sommes-nous pasacculés à la thèse opposée à celle que nous avons dû éliminer : à parler rigoureusement, dans l'acte que nousappelons volontaire, la volonté ne fait rien.

Les divers intérêts qui se disputent entre eux la prééminence agissentd'eux-mêmes et la décision n'est que la résultante de la lutte qui se livre en nous sans nous.

Nous serions soumis àun jeu de forces, comme les objets matériels, comme la feuille emportée par le vent et que divers tourbillons sedisputent : à chaque instant notre attitude dite volontaire résulterait rigoureusement des, diverses forces quiagissent sur nous.

Pouvons-nous admettre que la volonté ne fait rien dans les actes que nous appelons volontaires?Nous représentant l'activité spirituelle à l'image de l'activité matérielle, il nous est difficile d'admettre que chacun denos actes ne soient pas la simple résultante des forces qui agissent sur nous à l'instant où nous agissons! Maisl'observation nous amène à admettre l'intervention d'une puissance particulière qui, sans créer ou sans apporter uneforce nouvelle, mobilise et organise celles qui existent et aboutit ainsi à cette «résultante » que, laissées à elles-mêmes, les forces en présence ne réaliseraient pas.

Les psychiatres nous décrivent certains malades parfaitementsains d'esprit, voyant avec netteté les raisons de se décider, désirant vivement prendre celle décision et nepouvant y aboutir.

Nous observant nous-mêmes, noue remarquerons que parfois, sans atteindre à ce degré depassivité inerte, nous nous trouvons dans un état analogue : ce ne sont pas les raisons qui manquent, ni les désirs;il n'y a pas d'obstacle insurmontable, ni même peut-être de difficulté sérieuse; et cependant nous ne nous décidonspas; nous n'aboutissons pas à l'acte volontaire.

L'acte, volontaire n'est donc pas une simple résultante des forcesqui agissent sur nous : ces forces, nous les constatons; et cependant elles n'aboutissent à aucune résultante, àaucun acte.

Que manque-t-il ? La volonté. *** La volonté est donc comme la vis d'assemblage qui réunit en un faisceau nos forces éparses : elle est un pouvoir desynthèse des divers intérêts qui nous tiraillent en divers sens; elle est aussi un pouvoir d'action synthétique, c'est-à-dire le pouvoir d'agir en faisant collaborer à notre action tout ce que nous sommes.

Mais elle est surtout cemystérieux ressort qui nous fait sortir de l'inertie, du rêve et du désir.

Peut-être, en définitive, se rattache-t-elle auvouloir-vivre essentiel à tout vivant, mais pénétré chez l'homme de pensée et d'intelligence.Nous pouvons donc définir l'acte volontaire celui qui résulte de la mise en jeu consciente et réfléchie des forces quidéterminent l'action.. »

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