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A l'aide d'exemples précis tirés de l' École des Femmes, montrez comment Molière a renouvelé, en peignant Agnès, le caractère traditionnel de l'ingénue et lui a donné une réalité vivante, concrète, fondée sur l'observation de la nature féminine.

Publié le 17/02/2011

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INTRODUCTION Dans de très nombreuses comédies maintenant oubliées, l'ingénue était un personnage aux caractéristiques conventionnelles et fixées : une pure jeune fille « mitonnée « par un jaloux ou un barbon, amoureuse du jeune premier qu'elle finissait par épouser. La naïveté, l'amour, la jalousie étaient des données immuables, des sentiments qui ne variaient pas entre le premier et le cinquième acte. Cette pauvreté psychologique obligeait l'auteur à remplir la pièce au moyen d'intrigues, de ruses, de scènes plus ou moins farcesques dont le comique était surtout matériel. Tout change chez Molière dont le comique est fondé en raison par l'observation de la nature humaine. Le théâtre s'enrichit d'une nouvelle dimension : la vie, le devenir. Agnès se transforme au cours de la pièce. De même que Néron dans Britannicus sera le monstre naissant, Agnès est une Célimène naissante.

« observé l'éveil d'une vocation de coquette qui se joue de l'homme.Entièrement possédée par son amour, attachée à son galant, elle ne veut plus rien entendre.

Arnolphe résume aveclucidité son évolution : Votre simplicité, qui semble sans pareilleDemande si l'on fait les enfants par l'oreille,Et vous savez donner des rendez-vous la nuit,Et pour suivre un galant vous évader sans bruit (v.

1492-95). Elle ne trouve rien de mal dans tout ce qu'elle a fait.

Elle confond Arnolphe et le spectateur par sa naïveté : Il faut se marier pour ôter le péché (v.

1511). Est-ce une naïveté dont le tuteur ou la nature sont responsables? Ou n'est-ce pas plutôt l'égoïsme absolu dequelqu'un qui ne veut obéir qu'à son caprice? b) Les débuts de Célimène.Elle est de ces femmes avec qui l'homme aura toujours tort, tellement elles ont d'assurance, d'insolence (cf.Misanthrope, IV, 3).

Arnolphe pense logiquement, et ne peut comprendre Agnès.

Celle-ci ne suit que son instinct.Elle sait déjà être cruelle : ARNOLPHE.

- Et ne saviez-vous pas que c'était me déplaire?AGNES.

- Moi? point du tout : quel mal cela vous peut-il faire? Elle raisonne comme une précieuse, couvre son cynisme inconscient du nom de vertu : Voulez-vous que je mente? (v.

1532). Elle triomphe, elle accuse même : Car à se faire aimer il n'a point eu de peine (1540).Vous avez là-dedans bien opéré vraiment (1554). Elle a des mots d'enfant cruel qui jettent Arnolphe au rebut comme un fruit sec : Horace avec deux mots en ferait plus que vous (1606). Elle est avant tout égoïste, jouisseuse, et son dernier cri dans la pièce est : Je veux (v.

1726) Elle sent qu'elle a tous les droits.

Bien qu'Arnolphe soit odieux, Agnès ne nous paraît donc pas aussi sympathiqueque les ingénues traditionnelles.

Même son amour pour Horace ne nous est pas montré sous un jour particulièrementdésintéressé, généreux : elle aime pour son plaisir surtout.A l'égard de son tuteur Arnolphe, elle pourrait au moins montrer quelque gêne, quelques scrupules, un bon coeur.

Onne lui demande pas d'être cornélienne mais humaine, ce qu'elle n'est pas.

Elle n'a aucun mot de consolation.

Instruitpar l'expérience, Molière nous a fait douloureusement sentir l'inhumaine cruauté virtuelle d'une future coquette.Contrairement aux jeunes héroïnes des romans, Agnès n'est pas une jeune fille vertueuse, mais un être instinctif,presque matérialiste, qui ne vit que pour lui et qui saurait devenir au besoin un personnage de tragédie.

Elle n'aurajamais la largeur d'esprit, la générosité de l'Éliante du Misanthrope. CONCLUSION Molière a réussi à nous faire rire en « attrapant » la nature, en chargeant à peine sa peinture.

Ainsi ses traitsvivants passent la rampe.

Mais dans cette comédie il ne peut s'empêcher de nous laisser sentir finalement le fondamer et tragique de la comédie humaine.

Certes Arnolphe n'a aucune excuse et n'a pas droit à notre pitié.

Mais au. »

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