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Alain: Enfance et miracles

Publié le 18/04/2009

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alain
L'enfant vit dans un monde de miracles, et par une continuelle incantation. Il demande, il prie, il persuade ; c'est ainsi qu'il obtient ; tel est son travail propre ; voilà comment il gagne sa vie. Il le faut bien. L'enfant ne peut pas vivre de son travail ; il ne conquiert pas sur les choses ; il ne fait que jouer avec les choses. En revanche il prend au sérieux les hommes, et même trop ; d'eux toute sûreté et toute nourriture. Il s'agit de leur plaire ; mériter c'est plaire. On dit très bien que nos réelles idées nous viennent de notre propre expérience ; mais on ne considère pas assez que nos premières expériences sont de trompeuses expériences. Il n'est pas vrai que la tâche de l'homme soit de demander et d'obtenir. Ce qu'on obtient par grâce, ce qui circule de l'un à l'autre, serait comme néant si le travail s'arrêtait seulement un jour. La condition réelle de l'existence humaine est une lutte continuelle contre les choses et contre les bêtes. C'est une chasse, une culture, une construction, un transport à grand-peine, travaux qu'il faut toujours recommencer, parce que l'homme consomme et use, et parce que la nature vient toujours à l'assaut. Alain

L’enfant, pour la tradition philosophique, s’avère un être hybride : s’il dispose en germe des facultés nécessaires au développement de son être, il ne peut encore les utiliser de manière autonome. Guidé par l’autorité, subsistant par l’assistance d’autrui, il n’en est pas moins vrai qu’il développe un mode d’être au monde spécifique : Alain, dans le texte présenté, s’attache à analyser les particularités de ce dernier. Car même si l’enfance s’avère un état transitoire vers l’âge adulte, la question est de savoir de quelle manière il peut influencer l’être libre qui s’apprête à s’affirmer. En d’autres termes : comment s’effectue le passage d’une ère de l’immédiateté à celle du travail, tant sur la Nature que sur les choses ?

Les enjeux soulevés relèvent tant de l’épistémologie (comment se forment nos connaissances ?) que de la question politique : sur quel mode d’existence est-il possible pour l’homme de cohabiter afin de vaincre la nature ?

 

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« NB : Pour faciliter le travail, j'ai surligné en jaune les expressions qui constituent le ressort de l'analyse, et soulignéles articulations du texte. L'enfant, pour la tradition philosophique, s'avère un être hybride : s'il dispose en germe des facultés nécessaires audéveloppement de son être, il ne peut encore les utiliser de manière autonome.

Guidé par l'autorité, subsistant parl'assistance d'autrui, il n'en est pas moins vrai qu'il développe un mode d'être au monde spécifique : Alain, dans letexte présenté, s'attache à analyser les particularités de ce dernier.

Car même si l'enfance s'avère un étattransitoire vers l'âge adulte, la question est de savoir de quelle manière il peut influencer l'être libre qui s'apprête às'affirmer.

En d'autres termes : comment s'effectue le passage d'une ère de l'immédiateté à celle du travail, tant surla Nature que sur les choses ? Les enjeux soulevés relèvent tant de l'épistémologie (comment se forment nos connaissances ?) que de la questionpolitique : sur quel mode d'existence est-il possible pour l'homme de cohabiter afin de vaincre la nature ? L.

1 à 3 : l'enfance, âge de l'illusion L.

4 à 7 : des erreurs héritées de l'enfance : Alain et la tradition cartésienne l.

7 à la fin : médiatiser et construire : la lutte pour l'affirmation d'une pensée autonome. Relever le vocable utilisé par Alain dans la première partie du texte, qui se rapporte à la religiosité : « monde de miracles », « incantation », « prie ».

Ce monde de miracles, c'est avant tout la sphère de l'immédiateté.

Tous sesbesoins sont satisfaits, le plus souvent avec un empressement particulier, par les adultes qui l'entourent. Mais pour ce faire, à la différence du bébé qui ne peut se manifester que par le cri ou le mouvement, l'enfantcommence à posséder le langage.

Il use habillement de ce dernier, « il persuade » mais ne convint pas : ilcommunique avec le cœur de son interlocuteur, non avec sa raison.

Ce pouvoir de persuasion n'en efface pas moinsla distinction à établir entre le « peuple enfant », comme le nomme Alain dans ses Propos sur l'Education , et les adultes.

Le vocable à consonance religieuse usité par l'auteur renforce l'expression de la subordination qui existeentre les deux mondes. Or, ce mode d'existence et de communication qu'utilise l'enfant, Alain le qualifie de « travail propre ».

L'emploi du terme travail renvoie pourtant à une activité consistant à modifier la Nature, la matière, et par là engage à une transformation du sujet qui le réalise.

Le sujet s'avère conscient de la nature particulière de cette activité (s'il peutexister une part de travail dans le loisir, le travail sert surtout à répondre à ses besoins). Comment comprendre que c'est ainsi que l'enfant « gagne sa vie » ? L'enfant est un être qui commencer à maîtriserle langage, nous l'avons souligné.

Et c'est cette part d'échange langagière et affective qui constitue son travail . Travailler, dès lors, c'est trouver une reconnaissance dans les yeux d'autrui, en l'occurrence ici, de l'adulte.

Il n'enreste pas moins, en employant une terminaison hégélienne, que l'enfant n'est pas tout à fait Maître : dépendant del'adulte pour répondre à ses besoins, dépendant de sa considération, il « ne peut pas vivre de son travail ». Pour expliquer cette impossibilité, Alain distingue conquérir sur le choses et jouer avec les choses . Il nous faut considérer le terme « jouer » dans sa polyphonie.

C'est d'abord se divertir, et il apparaît que l'âge del'enfance est celui du jeu et du « faire semblant.

Mais c'est également jouer dans le sens de la comédie,d'interpréter un rôle.

Puisque l'enfant ne travaille pas, qu'il ne transforme pas la matière pour répondre à ses propresbesoins, il n'est en contact qu'avec des choses déjà transformées pour lui, avec lesquelles il peut jouer : au sens deles manipuler, mais non de les transformer. ð Ces premières lignes du texte d'Alain nous renvoient à une vision mythologique de l'enfance, au sensoù pour A.

Comte l'humanité connaît des phases successives qui vont de l'âge du mythe au triomphede la science.

L'enfant baigne dans un état de croyance permanente, considérant les adultes commedes entités par lesquelles lui parviennent les objets nécessaires à la satisfaction de ses besoins. Jusqu'ici, les rapports de l'enfant au monde ont été défini de manière négative : il ne travaille pas, ne fait que manipuler les choses, implorer l'assistance des adultes.

C'est précisément dans ce rapport aux adultes que sedéfinit l'enfant.

Il les « prend au sérieux (…) et même trop ».. »

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