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Alain : Euclide et la géométrie

Publié le 13/04/2005

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alain
Nos idées, par exemple de mathématique, d'astronomie, de physique, sont vraies en deux sens. Elles sont vraies par le succès ; elles donnent puissance dans ce monde des apparences. Elles nous y font maîtres, soit dans l'art d'annoncer, soit dans l'art de modifier selon nos besoins ces redoutables ombres au milieu desquelles nous sommes jetés. Mais, si l'on a bien compris par quels chemins se fait le détour mathématique, il s'en faut de beaucoup que ce rapport à l'objet soit la règle suffisante du bien penser. La preuve selon Euclide n'est jamais d'expérience ; elle ne veut point l'être. Ce qui fait notre géométrie, notre arithmétique, notre analyse, ce n'est pas premièrement qu'elles s'accordent avec l'expérience, mais c'est que notre esprit s'y accorde avec lui-même, selon cet ordre du simple au complexe, qui veut que les premières définitions, toujours maintenues, commandent toute la suite de nos pensées. Et c'est ce qui étonne d'abord le disciple, que ce qui est le premier à comprendre ne soit jamais le plus urgent ni le plus avantageux. L'expérience avait fait découvrir ce qu'il faut de calcul et de géométrie pour vivre, bien avant que la réflexion se fût mise en quête de ces preuves subtiles qui refusent le plus possible l'expérience, et mettent en lumière cet ordre selon l'esprit qui veut se suffire à lui-même. Il faut arriver à dire que ce genre de recherches ne vise point d'abord à cette vérité que le monde confirme, mais à une vérité plus pure, toute d'esprit, ou qui s'efforce d'être telle, et qui dépend seulement du bien penser. Alain

• Bien cerner la problématique : il s'agit ici du caractère a priori de la vérité mathématique.

 • Recenser les analyses classiques pouvant confirmer ce que dit Alain.

 • Bien repérer les allusions à une « préhistoire « des mathématiques.

 • Avoir en tête la différence entre vérité « formelle « et vérité « matérielle «.  

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« Lire : Descartes, Discours de la méthode, deuxième partie. Entre le vrai selon l'expérience et le vrai selon l'esprit, Alain fait sentir la prééminence du second sur le premier.

Ceciest suggéré par certaines expressions du texte avant d'être explicitement formulé.

D'une part, lorsqu'il est questiondu monde de l'expérience, Alain précise qu'il est constitué d'ombres "redoutables".

Le mot "ombre" évoque tout cequi est image, reflet, en un mot apparence, et qui n'est pas le réel véritable.

Ces ombres sont "redoutables"précisément parce qu'on est tenté de les prendre pour le réel alors qu'elles n'en sont que l'apparence.

Mais en mêmetemps ce monde est le nôtre en tant qu'il est le milieu de notre vie.

C'est pourquoi les connaissances que l'on en apar expérience sont tournées vers la satisfaction des besoins vitaux."L'expérience avait fait découvrir ce qu'il faut de calcul et de géométrie pour vivre." D'autre part, quand il s'agit duvrai selon l'esprit, Alain parle de subtilité et de pureté.

Pureté en ce sens que la pensée n'emprunte rien au domainede l'expérience et que l'esprit y développe ses propres créations.

Subtilité, parce qu'une telle démarche n'est pasimmédiate et qu'elle suppose un "détour", on pourrait dire une conversion de l'esprit.La dernière idée que l'on peut repérer dans ce texte porte sur la difficulté qu'il y a à opérer cette conversion.

Ledisciple s'en "étonne d'abord" car ce qui lui paraît "le plus urgent" et "le plus avantageux", ce qui le plus utile à lavie, n'est pas "le premier à comprendre", ce qui servira de principe à l'enchaînement des raisons.

Cette conversion,opérée par Euclide dans les mathématiques, est nécessaire pour "bien penser", c'est-à-dire penser selon l'esprit pur. Se laisser étonner par le texte, s'interroger sur les principes et les conséquences d'une telle conception et poser cesinterrogations. Nous sommes devant ce texte comme le "disciple" qui s'étonne.

Si l'on admet la valeur accordée à une démarchepure de l'esprit, on se demande comment elle est possible.

Les mathématiques existent, cela est un fait, maiscomment se sont-elles constituées ? Voilà un premier questionnement, que l'on peut préciser ainsi : d'où viennentles idées de l'esprit si elles ne sont pas empruntées à l'expérience ? S'opposent sur cette question les empiristespour qui toute connaissance vient des sens, et les rationalistes, comme Descartes et Alain, pour qui l'esprit doitpouvoir se suffire à lui-même, ce qui suppose que les idées soient innées. Lire : Descartes, Méditations Métaphysiques, troisième et cinquième méditations. Lire : Kant, Critique de la raison pure, préface à la deuxième édition.Une deuxième réflexion porterait sur la conception du réel, sous-entendue par le texte, qui est à rapprocher de ladoctrine de Platon. Lire : Platon, La République, livre VII. Un conception de l'homme est aussi engagée.

Le corps nous met au contact du monde par l'expérience et rendnécessaire le souci de la vie, tandis que l'âme serait destinée à la pure pensée.

D'où la conversion qui libère l'âme detout commerce avec les choses sensibles.Enfin on peut mentionner les conséquences qu'on peut tirer de ce texte.

Si le "bien penser" est l'exercice pur del'esprit, doit-on concevoir que toute science puisse se construire sur le modèle des mathématiques, sans recours àl'expérience.

C'était l'idéal cartésien de la science.

Idéal, comme le suggèrent quelques expressions du texte, mais àquestionner au regard de l'histoire des sciences.. »

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