Alexandre Sergueievitch POUCHKINE : L'Invité de pierre

« C'e st retiré à la cam­ pa gne que Pouchkin e (1799-1 837) éc rivit e n 1830 , dans un seul é lan , quatre "p etit es tra gédi es", dont L'Invit é de pierr e (ou Le Convive de pierre ), qui s'appui e sur le mythe de don Juan.

A la veille de s e mari er , il ne parla jamais de celle pi èce en vers qui n e fut publiée qu'apr ès sa m ort (P ouchkin e fut tu é e n du el apr ès qu 'on eut acc usé sa f emm e d'infid élit é).

Pouchkine Le livre Une inexorable séduction D on Juan et son serviteur Leporello sont à Madrid.

Inco­ gnito , car don Juan a été exilé en Sicile , après avoir assas­ siné le Commandeur , le frère de don Carlos ou un autre .

Ils se trouvent justement près du tombeau du Commandeur et don Juan apprend d'un moine que dona Ana, sa veuve, vient y prier chaque jour.

Ils la croisent , mais don Juan veut rendre visite à une ancienne conqu ê te , L aura , jeune et amoureuse actrice.

Celle-ci a retenu don Carlos chez elle après un souper.

Lorsque survient don Jua n.

Les deux hommes se battent , don Carlos est tué dans la chambre même où Laura va aimer don Juan .

Sur le tombeau du Commandeur , le séducteur , habillé en moine , observe chaque jour dona Ana qui y est sensible.

Il lui révè le son stratagème pour la voir, qu ' il n'est pas moine, qu' il brûle pour elle, et il obtient un rendez-vous nocturne chez elle.

Le pauvre Leporello surgit, qui doit demander à la statue du Com­ mandeur de venir en sentinelle à ce rendez-vous.

Malheur ! la statue acquiesce.

Chez elle, don Juan courtise dona Ana , lui avoue son nom et avoir tué son mari.

Dona Ana pardonne.

La statue du Commandeur entre, dona Ana tombe de saisissement , don Juan disparaît en enfer.

Une tragédie adagi o P ouchkine construit une tragédie d'un seul mouvement.

li est inspiré par Mozart, il cite Don Gio vanni (1787 ) en exer gue, reprend le nom de Leporello pour le serviteur et consacre 1 'une des trois autres "petites tragédies" , Mozart et Sali eri , au génial compositeur.

Or dans L'Invit é de pierr e, c'est à la musique qu'aspire Pouchkine.

Il écrit sans idée, sans psy­ chologie, avec tout juste des allusions , des résonances, des sug­ g estions.

L'action se tend jusqu 'au pardon accordé par dona Ana, qui a reconnu le sentiment sans équivoque et sans appel , l 'élan d'amour et de vie qu'a su scités en elle don Juan.

Don Juan qui a rappelé à la vie la statue même du Commandeur.

Et pour lui, qui repousse ou élimine ceux qui veulent le contraindr e, tendre la main à !'"invité de pierre" lui assure une disparition instantanée, sans rappel et sans jugement, dans un accord final.. »