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L'ambition est-elle condamnable ?

Publié le 23/02/2004

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Elle nous montre les hommes livrés à la frénésie des passions, poursuivant de manière opiniâtre des petits buts égoïstes, davantage mus par leurs intérêts personnels que par l'esprit du bien. S'il y a de quoi être triste devant un tel spectacle, faut-il, pour autant, se résigner, y voir l'oeuvre du destin ? Non, car derrière l'apparence bariolée des événements se dévoile au philosophe une finalité rationnelle : l'histoire ne va pas au hasard, elle est la marche graduelle par laquelle l'Esprit parvient à sa vérité. La Raison divine, l'Absolu doit s'aliéner dans le monde que font et défont les passions, pour s'accomplir. Telle est: « la tragédie que l'absolu joue éternellement avec lui-même: il s'engendre éternellement dans l'objectivité, se livre sous cette figure qui est la sienne propre, à la passion et à la mort, et s'élève de ses cendres à la majesté». Ainsi, l'histoire du devenir des hommes coïncide avec l'histoire du devenir de Dieu. Etats, peuples, héros ou grands hommes, formes politiques et organisations économiques, arts et religions, passions et intérêts, figurent la réalité de l'Esprit et constituent la vie même de l'absolu . « L'Esprit se répand ainsi dans l'histoire en une inépuisable multiplicité de formes où il jouit de lui-même. Mais son travail intensifie son activité et de nouveau il se consume. Chaque création dans laquelle il avait trouvé sa jouissance s'oppose de nouveau à lui comme une nouvelle matière qui exige d'être oeuvrée.

« réussi à jeter les bases d'un nouvel État capable de garantir à tous la paix et la sécurité.

Pour Machiavel,c'est l'ambition qui fait la force et le génie de l'homme d'État.Un exemple parmi d'autres de cette ambition, qui laissa Machiavel frappé de stupeur, mais sans doute aussi admiratif : César Borgia, pour faire régner l'ordre en Romagne, donna toute puissance à l'un de ses hommes deconfiance connu pour être cruel & expéditif.

La paix établie, pour éviter que l'opprobre ne s'attache à sapropre personne, il fit exécuter l'officier, exposant son corps coupé en deux morceaux sur une place publique.Bel exemple de duplicité et de détermination.

Borgia possédait la « virtù ».Le Prince ne se souciera donc pas de ce qu'exige la morale, mais il veillera à manipuler l'opinion pour asseoir saréputation.

La chose est aisée du fait de la crédulité du peuple.

« Les hommes, en général, jugent plutôt auxmains qu'aux yeux.

»« Qu'un Prince donc se propose pour but de vaincre, et de maintenir l'Etat ; les moyens seront toujoursestimés honorables et loués de chacun ; car le vulgaire ne juge que de ce qu'il voit et de ce qui advient ; oren ce monde il n'y a que le vulgaire ; et le petit nombre ne compte pour rien quand le grand nombre a de quois'appuyer.

» L'ambition est le moteur de l'histoireHegel pense qu'il n'y a pas de grandes actions sans passion.

La passion de vaincre est en soi une ambition.Elle anime le guerrier, mais également le chercheur, l'artiste.

L'ambition du savant est de vaincre ce qu'ilignore.

L'ambition du peintre est de vaincre ce qui l'empêche de traduire ce qu'il voit.

L'ambition est le propredu génie qui cherche à être reconnu parce qu'il sait qu'il ajoute une pierre à l'édifice culturel de l'humanité. "Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion..." HEGEL La passion a souvent été méprisée comme une chose qui est plus ou moinsmauvaise.

Le romantisme allemand et, en particulier, Hegel restituent à la passiontoute sa grandeur.

Dans une Introduction fameuse (« La Raison dans l'histoire ») àses « Leçons sur la philosophie de l'histoire » - publiées après sa mort à partir demanuscrits de l'auteur et de notes prises par ses auditeurs -, on peut lire (trad.Kostas Papaioannou, coll.

10118): « Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont participé.

Cetintérêt nous l'appelons passion lorsque, écartant tous les autres intérêts ou buts,l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes les fibresintérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous sesbesoins.

En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans lemonde sans passion.

» L'histoire est en apparence chaos et désordre.

Tout semble voué à la disparition, rien ne demeure : « Qui acontemplé les ruines de Carthage, de Palmyre, Persépolis, Rome, sans réfléchir sur la caducité des empires etdes hommes, sans porter le deuil de cette vie passée puissante et riche ? Ce n'est pas comme devant latombe des êtres qui nous furent chers, un deuil qui s'attarde aux pertes personnelles et à la caducité des finsparticulières: c'est le deuil désintéressé d'une vie humaine brillante et civilisée.

»L'histoire apparaît comme cette « vallée des ossements » où nous voyons les réalisations «les plus grandes etles plus élevées rabougries et détruites par les passions humaines », «l'autel sur lequel ont été sacrifiés lebonheur des peuples, la sagesse des Etats et la vertu des individus ».

Elle nous montre les hommes livrés à lafrénésie des passions, poursuivant de manière opiniâtre des petits buts égoïstes, davantage mus par leursintérêts personnels que par l'esprit du bien.

S'il y a de quoi être triste devant un tel spectacle, faut-il, pourautant, se résigner, y voir l'œuvre du destin ? Non, car derrière l'apparence bariolée des événements sedévoile au philosophe une finalité rationnelle : l'histoire ne va pas au hasard, elle est la marche graduelle parlaquelle l'Esprit parvient à sa vérité.

La Raison divine, l'Absolu doit s'aliéner dans le monde que font et défontles passions, pour s'accomplir.

Telle est: « la tragédie que l'absolu joue éternellement avec lui-même: ils'engendre éternellement dans l'objectivité, se livre sous cette figure qui est la sienne propre, à la passion età la mort, et s'élève de ses cendres à la majesté».Ainsi, l'histoire du devenir des hommes coïncide avec l'histoire du devenir de Dieu.

Etats, peuples, héros ougrands hommes, formes politiques et organisations économiques, arts et religions, passions et intérêts,figurent la réalité de l'Esprit et constituent la vie même de l'absolu .« L'Esprit se répand ainsi dans l'histoire en une inépuisable multiplicité de formes où il jouit de lui-même.

Maisson travail intensifie son activité et de nouveau il se consume.

Chaque création dans laquelle il avait trouvésa jouissance s'oppose de nouveau à lui comme une nouvelle matière qui exige d'être oeuvrée.

Ce qu'était sonœuvre devient ainsi matériau que son travail doit transformer en une œuvre nouvelle.

» Dans cette dialectique ou ce travail du négatif, l'Esprit, tel le Phénix qui renaît de ses cendres, se dressechaque fois plus fort et plus clair.

Il se dresse contre lui-même, consume la forme qu'il s'était donnée, pours'élever à une forme nouvelle, plus élevée.

De même que le Fils de Dieu fut jeté « dans le temps, soumis aujugement, mourant dans la douleur de la négativité », pour ressusciter comme « Esprit éternel, mais vivant etprésent dans le monde », de même l'Absolu doit se vouer à la finitude et à l'éphémère pour se réaliser dans savérité et dans sa certitude.. »

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