l'amour n'est-il qu'une illusion ?

« irrationnelle et incontrôlée.

Nos sens y sont vraiment pour beaucoup : ils fonctionnent tellement fort qu'on estdépassé, mais on garde une confiance aveugle en eux, et on n'écoute plus notre raison.

On rend inconsciemmentnotre raison incapable, pour vivre notre rêve éveillé de l'amour. Mais que se passe-t-il si nous arrivons à contrôler notre raison ? Serait-il possible de vivre l'amour ? Sil'on ne fait pas confiance à nos sens, et que l'on suit quoi qu'il se passe notre raison, ce qui nous poussera à agirsera la connaissance.

Lorsqu'une relation amoureuse se termine, on connaît la personne à force de la côtoyer, alorsque lorsque la relation débutait, on la connaissait moins bien, voire même pas du tout.

On imaginait alors sapersonnalité, son monde.

Mais petit à petit, en vivant à ses côtés, on apprend des choses sur elle, on remarque quele monde dans lequel on imaginait qu'elle vivait n'existe pas.

L'intimité, donc la connaissance de l'autre, tue l'amour.Il suffit de posséder la personne aimée pour s'éprouver dépossédé de cette illusion d'un monde meilleur quis'annonçait à travers elle.

Tout s'écroule autour de nous, on ne ressent plus le besoin de l'autre.

On a l'impressiond'avoir fait une erreur, on se demande comment on a pu avoir des sentiments pour cette personne, on s'interrogesur l'authenticité des sentiments qu'on a pu avoir à son égard.

Quand on repense à un amour passé, on doute quel'on ait pu aimer la personne, on se demande souvent pourquoi on a partagé notre vie avec elle. Dans ce cas, pour vivre l'amour, ne faudrait-il pas tout faire pour ne pas connaître la personne, pourrester dans l'illusion ? Lorsque l'on connaît une personne, on connaît ses qualités, mais aussi ses défauts.

La solutionconsisterait donc à ne pas se dévoiler complètement à l'être aimé, et à ne pas chercher à tout connaître de l'autre,à garder une part de mystère dans la relation.

L'illusion planera toujours devant nos yeux, comme un rideauprotecteur, et notre bonheur sera assuré.

L'image du monde idéal que représente pour nous l'être aimé seraconservée. Mais est-ce utile d'être heureux dans nos rêves ? Ce bonheur n'est-il pas un peu superficiel ? Il est eneffet inquiétant de laisser l'illusion produite par le désir contaminer la réalité.

Si au beau milieu de notre rêve éveillé,nous nous retrouvons brusquement dans la dure réalité, comme lors d'une rupture brutale, le choc seraparticulièrement destructeur. Notre imagination ne peut donc pas suffir à un bonheur durable.

La réalité, malgré tout, est nécessaire.Il faut vivre en vrai son amour, et non pas en rêve, pour en profiter de jour en jour.

Personne n'est éternel, lavieillesse, puis la mort nous guette.

C'est une réalité qui peut être dure à accepter.

Dans « La Charogne »,Baudelaire exprime bien cette réalité : alors qu'il se promène avec une amie, il va découvrir une carcassepourrissante sur le bord de la route.

Il va comparer la carcasse à son amie pour lui faire comprendre que, belleaujourd'hui, elle deviendra elle aussi une carcasse pourrissante.

Alors il faut qu'elle profite de l'instant présent.Charles Baudelaire souhaitait une aventure sans lendemain, il n'avait pas en tête l'idée d'un amour durable où l'onprofite des instants que l'on passe ensemble.

L'exemple de Baudelaire n'est peut être pas le meilleur, mais lamétaphore de la charogne peut malgré tout très bien illustrer que pour jouir d'un amour durable, il faut profiter aumaximum du temps qu'on peut partager, pour connaître des satisfactions plus profonds que celles que peuvent nousapporter nos illusions. Le bonheur est un idéal, non pas de la raison, mais de l'imagination.

Il est très difficile de le vivre dans laréalité, car il faut auparavant s'affranchir de nos illusions.

Ces illusions sont très tenaces : on a beau savoir, on selaissera toujours abuser, car le pouvoir de l'imagination est tel qu'elle peut compenser toutes nos peurs, toutes nosangoisses, en nous faisant vivre un rêve éveillé.

Le désir même est donc à l'origine de nos illusions.

Mais il faut faireattention à ces rêves : lorsqu'ils prennent le pas sur la réalité, c'est la porte ouverte aux déceptions et à lasouffrance.

Pour connaître un bonheur réel, il faut pouvoir mettre fin au jeu complaisant de l'imagination, car lesillusions procurent un bonheur superficiel, illusoire, lorsqu'elles ne sont pas destructrices, et la réalité, aussi duresoit-elle, peut seule procurer des satisfactions profondes et authentiques. L'amour n'est pas qu'une illusion.

Il peut l'être, mais lorsque le désir est à l'origine des illusions, ons'expose aux déceptions et au déchirement.

Il peut aussi prendre la forme d'un amour qu'on vit, d'un amourvéritable, qui plus est difficile à trouver, mais qui seul peut nous faire connaître le bonheur ultime.. »