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l'amour que l'on a pour les autres est-il, selon vous, une manière plus subtile de s'aimer soi-même

Publié le 20/03/2004

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amour
Sans doute, un LA ROCHEFOUCAULD n'eût pas hésité à se ranger à cet avis, lui qui n'a pas craint d'écrire : « L'intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé. » (Maximes, Épigraphe de la 4° édition, 39.) Ou bien : « Ce que les hommes ont nommé l'amitié n'est... qu'un commerce où l'amour-propre se propose toujours quelque chose à gagner. » (Ibid., 83.) Mais ces formules sont tellement exagérées! Et l'auteur des Maximes vise plutôt à frapper qu'à dire l'exacte vérité, ses sentences devant servir de thème à discussion dans les salons. b) Vaut-il la peine, pareillement, de réfuter un utilitarisme pour qui l'amour d'autrui se réduirait à la quête d'un voisinage certainement plus avantageux que la méfiance ou l'hostilité ? « L'état de guerre », par lequel l'individu (ou telle société) aurait débuté, aurait maintenant fait place à "l'état commercial", l'expérience des générations ayant montré à l'homme qu'il est plus profitable de s'entendre avec son semblable que de lui chercher querelle. A ces raisons, l'homme sensé répond qu'il ne désire pas du bien à son ami pour être payé de retour : certains dévouements, excluant toute chance de bénéfice, tel le sacrifice de la vie qu'un homme peut être amené à consentir pour sauver sa patrie.
amour

« III.

ESSAI DE SYNTHÈSE L'amour que l'on a pour les autres sera-t-il donc une manière plus subtile de s'aimer soi-même ? Nous ne le pensonspourtant pas.

Une critique des critiques s'impose.

à son tour.a) Ne cédons pas au vertige en présence des raisons métaphysiques que nous venons de considérer.

Certes, unamour est l'amour qu'éprouve et réalise un sujet, tout comme une parole est prononcée par une bouche et unspectacle est vu par un spectateur.

Mais cela ne permet pas de conclure que l'aimant se recherche égoïstementdans l'aimé, pas plus que le voyant ne poursuit son image dans le spectacle contemplé.

L'amour enrichira l'aimant;mais la visée de cet acte est bien l'aimé lui-même.

Si l'aimant peut constater, après coup, qu'il s'est enrichi, c'estdans la mesure où il aura été pleinement aimant-l'aimé.

Une égoïste recherche de soi n'aboutirait nullement à ceprogrès, mais conduirait à un appauvrissement certain.

L'erreur de Narcisse est démontrée aussi bien sur le planpsychologique que métaphysique.

Au reste, l'examen de la notion d'égoïsme corroborerait ces observations.

Parlerd'égoïsme, en effet, c'est se référer à une générosité de droit.

Le terme visé par l'amour, c'est la personne aimée.On ne pourra parler de retour sur soi qu'en fonction d'une sortie de soi qui aurait dû se maintenir dans sa ligne «extatique ». b) Reste pourtant la question de fait.

Ne mêlons-nous pas, dans la pratique, des visées subtiles d'égoïsme dans nosaffections en apparence les plus généreuses ? Ne sommes-nous pas, malgré nous, à l'affût des avantages quel'amitié nous procurera, ne serait-ce que par la joie d'être aimé ou de nous sentir le bienfaiteur d'autrui ? A chacunde s'examiner loyalement et de répondre humblement.

Nous pensons, quant à nous.

qu'il est humainement trèsdifficile d'échapper entièrement aux retours offensifs de l'égoïsme, parce que ce dernier se pare d'excellentes «raisons » et de motifs très honnêtes.Mais nous n'en sommes pas moins certains que la question de droit demeure intacte : l'amour d'autrui n'est pas unesubtile recherche de soi, car il est en lui-même générosité pure.

Si nul ne peut se flatter d'avoir réalisé cet idéal, ildoit au moins chercher courageusement à l'approcher de plus en plus.. »

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