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L'amour rend-il aveugle ?

Publié le 12/04/2009

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amour

 L'amour est un sentiment qui survient, se projette, d'un être vers un autre. L'amour dessine une relation privilégiée, mais pas forcément réciproque. Les formes de l'amour sont infinies : ce terme d' « amour « englobe aussi bien l'amour-passion des amoureux, que l'amour parents-enfants, qui survient dès la naissance d'un être ou progressivement, au fil du temps. On pense aussi à l'amour de l'art, des belles choses, de la philosophie, amour amical ou « platonique «. Dans tous ces domaines l'amour est présent, sous différentes formes. Il est souvent dit que l'amour rend aveugle. Parler d'un amour aveugle semble facile au premier abord, parce que c'est une sorte de lieu commun, souvent répété, dans la littérature notamment ; mais la réponse s'annonce elle plus complexe. Quand on est aveugle, c'est qu'il nous manque la vue. De ce constat, être aveugle est donc un handicap voire une maladie. Stendhal disait de l'amour qu'il était « comme la fièvre, il naît et s'éteint sans que la volonté y ait la moindre part «. L'amour altèrerait la perception, le sentiment amoureux diminuerait la capacité de voir jusqu'à anéantir. De voyant, l'amoureux deviendrait non voyant. Mais jusqu'où une telle affirmation peut elle s'avérer ? C'est à cette question que nous allons réfléchir en proposant tout d'abord le fait que l'amour rend bien aveugle au premier abord, puis nous apporterons une nuance en disant qu'en fait, il modifie notre regard. Enfin nous verrons que loin de rendre aveugle, l'amour élargit notre vision.

 

    Tout d'abord, en apparence, l'amour rend aveugle.

On parle assez souvent de véritable « coup de foudre « pour décrire la soudaineté de l'événement. Le sentiment arrive à l'improviste comparable à un choc violent, qui fige de stupeur, électrise, et puis, pour un temps plus ou moins long, rend aveugle. Etre aveugle est un handicap, qui peut venir d'une maladie, ou d'un incident ; on peut devenir aveugle si on regarde trop longtemps le soleil, par exemple. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'amour est comparé à un éblouissement dans la littérature ; dans Roméo et Juliette, Roméo dit à sa bien aimée « tu es le Soleil «, et nous savons quel destin leur est réservé.

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« un autre regard complètement banal.

L'admiration met en mouvement l'imagination qui pare l'être aimé de toutes lesperfections.

Il suffirait alors « de penser à une perfection pour la voir en ce qu'on aime ».

D'après Galimberti, grâceà l'amour, « la vie devient réelle et tangible, comme si des écailles t'étaient tombées des yeux et que tout, autourde toi, se manifestait pour la première fois, comme si tu entendais chaque son pour la première fois, et frémissait dejoie au premier contact des choses ».Il survient le problème de l'illusion, aspect un peu plus négatif : Pour Rousseau, aimer c'est aimer un être et un seul,comme si l'amour mettait des oeillères, nous n'avons d'yeux que pour le bien-aimé L'amour est projection ; le fait de doter l'aimé de tant de qualités, Freud appelait cela fantasme, c'est-à-direprojection par laquelle on se met soi-même dans la peau d'autrui.

D'autre part, pour Freud, l'amour est répétitiond'un cliché : celui de l'image de la mère/du père ; le mouvement qui fausse ici le jugement est celui de l'idéalisation,véritable régression infantile.

Elle transfert sur la personne aimée cette qualité d'unicité qu'enfant nous attribuions ànos parents parce que nous les surestimions et ne nous étions pas aperçus de leur faiblesse.

L'amour est ainsi unequête de projection des traits d'une figure autrefois aimée dans l'objet.

Cela peut même être une projection fausse,erronée : Rousseau voyait en Madame d'Aoudetot la Julie qu'il aimait.

Cela devient alors une fixation : « cet objet sefixa sur elle ».

Et, comme dans ce transfert, Rousseau transpose son imaginaire sur la femme réelle, il revêt Mmed'Aoudetot de « toutes les perfections dont il venait d'orner l'idole de son coeur », donc de Julie.

En outre, l'amour est illusion.

Si on attribue de cette manière des perfections à l'être aimé alors qu'il ne lespossède pas, c'est qu'il ne peut y avoir de véritable amour.

Il se fonde alors une « vérité inadéquate » où l'on setrompe sur les qualités et vertus de la personne aimée.

Nous savons au fond que si la personne élue venait àchanger du tout au tout, nos sentiments s'en ressentiraient.

L'amour est démesuré mais il est juste : il aime desqualités précises, il s'attache à un style, une manière d'être, etc.

Selon Lucrèce, l'amour ne serait qu'un prétexteaux mièvreries de la littérature et il déplore l'embellissement de l'être qui caractérise selon lui l'amour assisté del'imagination.

Tant que dure l'amour, l'être aimé est créature de rêve ; quand l'amour s'éteint, part avec lui lecharme de la personne et au final on se dit qu'il ou elle « n'avait rien de spécial ».

Aussi, l'amour, s'il est basé sur lephysique, notamment lors des coups de foudre comme dit précédemment, est abstrait, selon Ibid : « celui qui aimequelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non, car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne,fera qu'il ne l'aimera plus ».

De plus, lorsqu'un des membres, dans un couple subit une déception, il peut être tentéde nier toute valeur à l'autre, autrefois idéalisé.

Il avait alors refusé de voir la part d'ombre de l'autre lorsqu'il enétait tombé amoureux.

A présent, après la trahison, il ne veut voir de lui que cette zone d'ombre.

Deux excèss'offrent alors, l'amour aveugle puis la haine aveugle disent combien notre aime peut être infantile et primitive.

Enfin, l'amour peut déformer notre interprétation : si on aime quelqu'un ( dont l'amour n'est pas réciproque), onpeut voir dans chacun de ses regards un signe, comme un appel, voire une provocation.

L'amour modifie notreperception.

Il embellit donc l'être aimé, mais cette mutation de l'amoureux implique le soucis de l'illusion, de la bonne« correspondance » entre l'être lui-même et celui que l'on pense aimer.

Mais de façon plus positive, loin de nousrendre aveugle, l'amour pourrait nous ouvrir de nouvelles perspectives.

L'amour nous ouvre les yeux et élargis notre champ de vison Pour Platon, l'amoureux ne voit que la beautésensible de l'être aimé, puis il découvre sa beauté intelligible, celle de son âme.

L'amour lui ouvre donc les yeux et luidonne en quelque sorte les clés du monde des Idées, à ce qui ne se voit pas immédiatement.

Aimer donnerait doncaccès à une certaine connaissance, et élargirait les perspectives de l'amoureux, qui s'élèverait de l'amour des corpsà l'amour des âmes.

De plus, par expérience, on constate que le fait d'être amoureux élargit notre champ deperception : on voit plus de choses chez la personne aimée que ce que peuvent en voir les autres.

Ainsi celui quiaime voit plus que celui qui n'aime pas.

Dans le Banquet Platon explique que loin de se réduire à un sentimentaliénant, l'amour est la voie royale qui conduit à la connaissance du beau en soi, du vrai et du Bien.

Grâce à l'amour,le voile qui nous sépare de la réalité se fait de plus en plus infime, et on devient heureux de cette proximité, envahispar la perception de la beauté.D'autre part, l'amour permet d'échapper aux conventions sociales et d'être vraiment soi-même en « touchant dubout des doigts les limites de l'être humain ».Enfin, dans un autre domaine, la philosophie, amour de la sagesse, porte un long regard sur des terrains inexploréset ne se donne aucune limite.

Nous avons donc rechercher si l'amour apportait un flot plutôt négatif ( la cécité est un handicap) ou s'il apportaitune richesse de points de vue nouveaux à l'être aimant.

L'amour ne peut pas se réduire à ses aspects négatifs etnous retiendrons donc le flot de choses positives de celui-ci : L'amour offrirait ainsi à qui le maîtrise desperspectives innombrables.

Il s'agit d'être raisonnable et de ne pas laissé la folie amoureuse nous envahir.

Sinon,l'amour peut rendre aveugle, et amener avec lui des déceptions telles que la désillusion, la déception, la déraison quinous pousserait à rester cantonné dans un univers à deux, clos au reste du monde.

Sujet désiré en échange : faut-il renoncer à l\'utopie ?. »

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