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L'amour de la vérité peut-il faire obstacle au jugement ?

Publié le 01/09/2004

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amour

1  Pour juger il faut connaître la vérité. « Et je n'ai aucun droit de me plaindre, si Dieu, m'ayant mis au monde, n'a pas voulu me mettre au rang des choses les plus nobles et les plus parfaites ; même j'ai sujet de me contenter de ce que, s'il ne m'a pas donné la vertu de ne point faillir, par le premier moyen que j'ai ci-dessus déclaré, qui dépend d'une claire et évidente connaissance de toutes les choses dont je puis délibérer, il a au moins laissé en ma puissance l'autre moyen, qui est de retenir fermement la résolution de ne jamais donner mon jugement sur les choses dont la vérité ne m'est pas clairement connue. « DESCARTES, Méditations métaphysiques, IV.  1.2  Sans amour de la vérité le jugement se fourvoie. « Mais quoique le défaut d'attention soit la principale cause de leurs erreurs, il y en a encore une qui leur est particulière. C'est que trouvant toujours dans leur mémoire une infinité d'espèces confuses, ils en prennent d'abord quelqu'une qu'ils considèrent comme celle dont il est question : et parce que les choses qu'on dit ne lui convienne point, ils jugent ridiculement qu'on se trompe. Quand on veut leur représenter qu'ils se trompent eux-mêmes, et qu'ils ne savent pas seulement l'état de la question, ils s'irritent, et ne pouvant concevoir ce qu'on leur dit, ils continuent de s'attacher à cette fausse espèce que leur mémoire leur a représentée. Si on leur en montre trop manifestement la fausseté, ils en substituent une seconde et une troisième, qu'ils défendent quelquefois contre toute apparence de vérité, et même contre leur propre conscience ; parce qu'ils n'ont guère de respect ni d'amour pour la vérité, et qu'ils ont beaucoup de confusion et de honte à reconnaître, qu'il y a des choses qu'on sait mieux qu'eux. « MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité II.

L'amour est un sentiment, il peut aussi être une passion quand il est excessif. Il est l'indice d'un intérêt particulier pour une personne ou un objet. L'expression « amour de la vérité « nous invite à penser cet amour dans le sens d'un manque, l'amour de la vérité signifiera alors recherche de la vérité. Ce qui est vrai est ce qui est exact, certain et correspondant à la réalité, autrement dit la vérité est ce sur quoi je peux m'appuyer dès que je veux par exemple discourir sur quelque chose ou le juger. Ainsi ce que je saurai sur une chose, la possession de connaissances vraies sur cette chose, me permettra d'avoir un jugement correct sur elle. Il faut alors distinguer la vérité générale et les vérités particulières, ce que je sais être vrai de telle chose. Juger c'est donc discerner, critiquer au moyen de connaissances justes. Il semble donc qu'il n'y ait pas de contradiction entre l'amour de la vérité et le jugement dans la mesure où ce dernier semble nécessiter une connaissance de la vérité. Cependant en approfondissant le sens de l'amour de la vérité des problèmes apparaissent. En effet l'amour de la vérité peut être compris comme une recherche et témoigne donc d'un manque, il ne doit pas être identifié à la possession de la vérité. Or si pour juger il faut posséder la vérité alors nous serons dans l'incapacité de juger et l'amour de la vérité paralysera notre jugement au lieu de le rendre possible. La première impasse consiste donc à ne pas juger à cause de l'amour de la vérité. D'autre part si nous jugeons alors que nous ne possédons pas la vérité, nous risquons d'avoir un jugement faux. L'indifférence par rapport à la vérité s'avère tout autant périlleuse. La deuxième impasse devant laquelle nous nous trouvons est donc celle d'un jugement faux. Il faudra donc trouver une solution permettant de concilier l'amour de la vérité avec le jugement tout en évitant la paralysie du jugement.

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