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André Gide rapporte dans sa préface à une Anthologie de la Poésie française (Pléiade) qu'un poète anglais lui a déclaré : « La France n'a pas de poésie... Entre Villon et Baudelaire, quelle longue et constante méprise a fait considérer comme poèmes des discours rimés où Ton trouve de l'esprit, de l'éloquence, de la virulence, du pathos, mais jamais de la poésie? » Que pensez-vous de ce jugement ?

Publié le 03/03/2011

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gide

   La première phrase est corrigée, dans ce qu'elle peut avoir de paradoxal, par la seconde qui apporte :    • une restriction dans le temps (entre Villon et Baudelaire) qui suppose que ces deux écrivains sont en dehors de la longue et constante méprise et par conséquent sont considérés, par le poète anglais, comme de vrais poètes;

gide

« me paraissent de vrais poètes au sens où le poète anglais paraît concevoir la Vraie poésie? Parmi ceux que le poèteanglais dénonce comme de pseudo-poètes, n'y en a-t-il pas (par exemple La Fontaine, Hugo, etc.) qui meparaissent, à moi, de vrais poètes, et, dans ce cas, comme la poésie qu'ils pratiquent ne correspond pas à l'idéal dupoète anglais, ne peut-on pas critiquer sa conception? Il vous faut grouper et formuler les diverses questions de la façon la plus nette et la plus complète possible.

Nousvous conseillons de le faire, à part, sur une feuille pour chaque question, afin que vous ayez toute la place de noterles faits et arguments que vous apportera la recherche des idées, mais en rattachant chaque feuille, par un titrebref, à l'ordre général auquel appartient la question posée (justification négative, positive, discussion). I Justification A Ce que n'est pas la poésie feuille 1 : a) Exemples de versificateurs qui ne paraissent pas poètes; b) Pourquoi la versification n'est-elle pas lapoésie? feuille 2 : a) Exemples de poèmes ou de poètes qui ont exprimé des idées; b) En quoi leur style est-il « éloquent »?c) Pourquoi l'expression d'idées et l'éloquence ne sont-elles pas de la poésie? feuille 3 : a) Exemples de poètes «spirituels»; b) En quoi leur style est-il toujours une rhétorique? c) Pourquoi nesont-ils pas de vrais poètes? feuille 4 : Mêmes questions a, b, c k propos de poèmes ou poètes satiriques. feuille 5 : Mêmes questions a, b, c k propos de poèmes ou poètes sentimentaux. B Qu'est -ce donc que la poésie? feuille 6 : a) En quoi Baudelaire, Villon (ou d'autres poètes, comme Rimbaud, Eluard, Apollinaire, etc.) nous donnent-ils une émotion et un plaisir qu'on peut appeler proprement poétiques? b) Quels sont donc les caractères quipourraient définir la vraie poésie? II Discussion feuille 7 : Villon, Baudelaire et d'autres poètes cités en I B sont-ils fondamentalement différents des poètes définisen I A? feuille 8 : N'y a-t-il pas eu, entre Villon et Baudelaire, des poètes correspondant à l'idéal I B? feuille 9 : a) N'y a-t-il pas, pour moi, des poètes rangés en I A qui sont de vrais poètes? Pourquoi? b) Comment, dèslors, puis-je concilier ma propre conception de la poésie avec celle du poète anglais? FEUILLE 1 : a) documentation : Abbé Delille {Ch.

S., XVIIIe s., p.

298); b) sa versification : régulière dans l'emploides rimes et l'observation des lois du rythme; sert à cadencer et à ennoblir une pensée claire, ornée de nombreusesfigures de rhétorique : cf.

p.

123.

Donc la pensée demeure prosaïque, et le style est un ornement. FEUILLE 2 : a) exemples : Ronsard, Discours des Misères de ce temps {Ch.

S., XVIe s., p.

134) : pensée politiqueclaire qu'on pourrait exprimer en prose; V.

Hugo, Tristesse d'Olympio {Ch.

S., XIXe s., pp.

144-145) : idées surl'amour, sur le souvenir; b) éloquence : essai pour convaincre (clarté de la composition, netteté des idées) et pourpersuader par des éléments émotifs (un certain lyrisme) et suggestifs (évocation de spectacles, mots et figuresparlant à l'imagination et à la sensibilité, rythme oratoire : exclamations, périodes, antithèses, etc.); c) donc clarté,cohérence, rhétorique: aucun mystère; appel à l'imagination et à l'émotion à propos d'idées conçues parl'intelligence; rythme fait pour entraîner et émouvoir plutôt que pour enchanter par une musique secrète. FEUILLE 3 : a) exemples : Du Bellay, Regrets, 85 et 86 {Ch.

S., XVIe s., p.

103); Voltaire, Le Mondain {Ch.

S.,XVIIIe s., p.

115); b) procédés de rhétorique : ironie; images caricaturales; interrogations ou antithèses; rejetsdescriptifs ou fantaisistes; c) clarté de la pensée; appel au sourire de l'intelligence; rythme donnant une impressiontantôt de parodie, tantôt de prestesse et de grâce, mais ne cherchant pas à envoûter. FEUILLE 4 : a) exemples : Chénier, ïambes (Ch.

S.y XVIIIe s., p.

309); b) éloquence coléreuse : invocations, rythmebrisé (enjambements), violence du vocabulaire et des images; c) pensée claire: poème s'adressant au cœur, maispour soulever la passion, et non pour faire rêver; une bonne éloquence pourrait en faire autant. FEUILLE 5 : a) exemples : Louise Labé, Sonnet XIV (Ch.

S., XVIe s., p.

88); Musset, Nuits (Ch.

S., XIXe s., pp.

214-215; 218-219); b) pensée claire, malgré ses résonances pathétiques (fuite du temps chez Louise Labé; hallucinationou souffrance chez Musset).

Vocabulaire et images à valeur affective, mais construction oratoire (antithèse,. »

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