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L'application des lois de son pays permet-elle d'être juste ?

Publié le 26/02/2004

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La loi pourrait m'obliger en conformité avec ce qui est juste, à restituer ce que j'ai promis de rendre. Mais dans ce cas ai-je agi justement?             b)         On peut énoncer ici le rapport entre lois civiles et lois naturelles. Il se peut que les lois diffèrent d'un pays à un autre. Pascal écrit dans ses Pensées: "Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà" . Cela signifie que quelque chose peut être juste dans un pays et injuste dans un autre. Mais alors, comment s'accorder sur ce qui est juste universellement si les lois varient à ce point d'un pays à un autre? Les lois naturelles sont justement censées être des lois universellement justes. Mais, qui peut les formuler et comment puis-je être assuré qu'elles ne sont pas de fausses conceptions de la justice?             c)         Ainsi, c'est parce qu'il existe des lois contradictoires à celles de mon pays dans d'autres pays qui je peux avoir un regard critique sur mes propres lois.

« Deuxième cas, les lois même si elles sont légitimes peuvent être illégitimes dans des casparticuliers.

On trouve un exemple célèbre dans la République de Platon.

Platon se demande s'il est juste de rendredes armes à quelqu'un qui serait devenu fou.

La loi pourrait m'obliger en conformité avec ce qui est juste, àrestituer ce que j'ai promis de rendre.

Mais dans ce cas ai-je agi justement? b) On peut énoncer ici le rapport entre lois civiles et lois naturelles.

Il se peut que les lois diffèrent d'un pays à un autre.

Pascal écrit dans ses Pensées: "Vérité en deçà desPyrénées, erreur au delà" .

Cela signifie que quelque chose peut être justedans un pays et injuste dans un autre.

Mais alors, comment s'accorder sur cequi est juste universellement si les lois varient à ce point d'un pays à unautre? Les lois naturelles sont justement censées être des lois universellementjustes.

Mais, qui peut les formuler et comment puis-je être assuré qu'elles nesont pas de fausses conceptions de la justice? "Sur quoi [le souverain] la fondera-t-il, l'économie du monde qu'il veutgouverner ? Sera-ce sur le caprice de chaque particulier ? Quelleconfusion ! Sera-ce sur la justice ? Il l'ignore.Certainement, s'il la connaissait, il n'aurait pas établi cette maxime, laplus générale de toutes celles qui sont parmi les hommes, que chacunsuive les moeurs de son pays ; l'éclat de la véritable équité qui auraitassujetti tous les peuples, et les législateurs n'auraient pas pris pourmodèle, au lieu de cette justice constante, les fantaisies et les capricesdes Perses et Allemands.

On la verrait plantée par tous les États dumonde et dans tous les temps, au lieu qu'on ne voit rien de juste oud'injuste qui ne change de qualité en changeant de climat [...].Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées,erreur au-delà. De cette confusion arrive que l'un dit que l'essence de la justice est l'autorité du législateur, l'autre lacommodité du souverain, l'autre la coutume présente ; et c'est le plus sûr : rien, suivant la seuleraison, n'est juste de soi ; tout branle avec le temps.

La coutume fait toute l'équité, par cette seuleraison qu'elle est reçue ; c'est le fondement mystique de son autorité.

Qui la ramène à son principe,l'anéantit." Blaise Pascal, Pensées (1670). Ce que défend ce texte: Ce texte de Pascal s'ouvre sur une question qui s'adresse à tout gouvernant d'un État : sur quel principe celui-ci doit-il fonder l'organisation (« l'économie ») de la société qu'il veut gouverner ?S'agit-il de fonder le droit sur « le caprice de chaque particulier» ? Pascal rejette cette solution qui ne peutaboutir qu'à une confusion, celle qui résulte des désirs changeants et contradictoires de chacun, où nulgouvernement ne peut trouver sa cohérence.S'agit-il de le fonder sur l'idée de la justice et de régler les lois sur ses exigences ? Or, pour Pascal, les princesignorent ce qu'est la justice universelle, et c'est cette thèse qu'il va tenter de démontrer dans ce texte.S'ils connaissaient une telle justice, en effet, ils n'auraient pas établi cette règle, « la plus générale de toutescelles qui sont parmi les hommes », qui consiste à affirmer que « chacun suive les moeurs de son pays » et laconception de la justice que les traditions développent chacune en particulier.

Descartes lui-même, dans leDiscours de la méthode, reprendra à son compte une telle règle, lorsqu'il adoptera une « morale provisoire »pour accompagner l'épreuve du doute : suivre les moeurs de son pays et les valeurs qu'elles établissent.Une telle règle, si communément admise, prouve que nul n'a pu déterminer la justice universelle, celle qui seserait imposée à tous les peuples avec l'évidence de la vérité.

Si une telle vérité existait, elle aurait soumistous les peuples, non par la contrainte qu'imposent les guerres, mais par la seule force de la reconnaissance «de la véritable équité ».

Celle-ci se serait imposée d'elle-même, enracinée (« plantée ») dans le coeur deshommes et dans leurs États, en tout lieu et en tout temps.Or, l'histoire nous montre une « relativité » des conceptions du juste et de l'injuste qui parle d'elle-même.

Cequi est juste ici est considéré comme blâmable là et réciproquement.

Ce qui est le bien en France (au-deçà desPyrénées) est une erreur ou un vice en Espagne (au-delà des Pyrénées).

Nous ne pouvons que nous moqueralors d'une justice qui « change de qualité en changeant de climat », justice qui doit être davantage objet deplaisanterie (« plaisante justice ») que de respect.

Ce à quoi s'oppose cet extrait: Pascal ne se contente pas ici de dénoncer l'incapacité de la raison à déterminer les principes de la justiceauthentique et universelle.

Sur cette impuissance, nous dit-il, les hommes tirent des conclusions sur la naturede la justice, contre lesquelles il s'oppose.

Les philosophes, en effet, au lieu de remettre en cause la relativitédes conceptions du juste et de l'injuste, ne trouvent rien de mieux que d'essayer de la légitimer, ajoutantencore plus à la confusion.L'un, confondant la justice de Dieu et le pouvoir du souverain, affirmera que « l'essence de la justice estl'autorité du législateur » et que c'est lui, qui du haut de l'arbitraire de son bon-vouloir, décide de ce qui doit. »

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