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Arendt: Travail et liberté

Publié le 10/01/2004

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arendt
C'est l'avènement de l'automatisation qui, en quelques décennies, probablement videra les usines et libérera l'humanité de son fardeau le plus ancien et le plus naturel, le fardeau du travail, l'asservissement à la nécessité . (...) C'est une société de travailleurs que l'on va délivrer des chaînes du travail, et cette société ne sait plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la peine de gagner cette liberté. Dans cette société qui est égalitaire, car c'est ainsi que le travail fait vivre ensemble les hommes, il ne reste plus de classe, plus d'aristocratie politique ou spirituelle, qui puisse provoquer une restauration des autres facultés de l'homme. Même les présidents, les rois, les premiers ministres voient dans leurs fonctions des emplois nécessaires à la vie de la société, et parmi les intellectuels il ne reste que quelques solitaires pour considérer ce qu'ils font comme des oeuvres et non comme des moyens de gagner leur vie. Ce que nous avons devant nous, c'est la perspective d'une société de travailleurs sans travail, c'est à dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire.

Le monde moderne est organisé autour du travail, tous les hommes s'y consacrent. Ils y emploient parfois l'intégralité de leur temps, y perdent l'essentiel de leurs forces. Cela conditionne toutes les autres dimensions de leur vie : le repos, le loisir. L'engagement des hommes dans le travail est tel qu'il semble souvent donner un sens à leur vie.    L'intelligence de l'homme cherche les moyens d'accroître la productivité, elle engendre un progrès technique, donc elle nous promet plus de liberté au sens où le progrès exige moins de temps pour produire la même chose. Mais l'homme a tellement pris le pli du travail, qu'il semble embarrassé de cette liberté conquise.    Que faire de notre liberté dans un monde organisé par le travail ?  

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« transformer la nature, l'adapter à nous ou inventer ce qu'elle ne contient pas.

Nul n'a le droit de recourir à desesclaves à cette fin dans le monde moderne ; seule la division du travail permet de partager les tâches et non des'en dispenser. b) Nous devons donc, tous, " gagner notre vie ".

Et cela en deux sens : obtenir une rémunération pour acquérir cequi est nécessaire, mais aussi justifier par notre travail la solidarité dont chacun peut profiter en toute égalité.

Noustravaillons donc parce que cela nous est utile : c'est le moyen de vivre et d'être inséré dans la société.Devant une telle exigence, la question du plaisir et du sens est secondaire. 2) " Même les présidents [...] imaginer de pire " L'humanité a perdu ses buts désintéressés : a) Toutes les facultés de l'homme ne sont pas satisfaites par le travail.

Le goût de la justice, de la vérité, de labeauté, suppose des talents d'observation ou la patience de la méditation pour être satisfait et non l'efficacité del'action.L'artiste doit se laisser traverser par l'inspiration, il doit " voir ", sentir, se laisser porter par sa vie intérieure pourressentir le besoin de créer.L'homme politique doit négliger parfois l'intérêt, l'utile, pour faire place à la justice. b) Le lien à l'objet créé peut être plus profond, plus complet.L'œuvre, de l'artiste, du philosophe, procède d'un engagement intense.

Toute la personne est engagée,physiquement et moralement, dans ces processus de création .

Elle est le fruit d'une personnalité singulière quiprend le temps de s'exprimer, de se manifester, dans les traits ou les mots.Cela permet à l'auteur de dire que l'œuvre est davantage le fruit de la liberté.

Elle est en effet l'expression d'un êtrequi se manifeste par sa seule force, de sa propre impulsion, comme une fin et non un moyen utile et donc bientôtcaduque. B - ETUDE CRITIQUE Ce texte nous permet de réfléchir à une problématique plus vaste : - Faut-il apprendre à être libre ?- Faut-il apprendre à ne rien produire pour être soi-même autrement ?- Faut-il se déprendre des attitudes les plus utilitaires dans la mesure où elles ne concernent pas toute notrehumanité ? D'autres auteurs s'engagent dans la même réflexion.

N'y a-t-il pas un profit à être paresseux ? Faut-il que lesenfants s'ennuient, ainsi que les artistes, pour qu'ils fassent quelque chose de beau ou de profond, comme le penseNietzsche ? IV - LES REFERENCES UTILES - Nietzsche, Aurore- Kant, Fondements, troisième exemple- Marx, Le Capital V - LES FAUSSES PISTES Ne pas comprendre quelles sont "les autres facultés".Faire une interprétation économiste du sujet. VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Texte très intéressant sur notre monde.. »

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