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Aristote: Besoin et Communauté

Publié le 14/04/2005

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aristote
Il ne peut exister de communauté de rapport entre deux médecins; en revanche, la chose est possible entre un médecin et un laboureur, et, d'une façon générale, entre gens différents et de situation dissemblable. Toutefois, il est indispensable, auparavant de les rendre égaux. Aussi faut-il que toutes choses soient en quelque façon comparables, quand on veut les échanger. C'est pourquoi on a recours à la monnaie, qui est, pour ainsi dire, un intermédiaire. Elle mesure tout, la valeur supérieure d'un objet et la valeur inférieure d'un autre, par exemple combien il faut de chaussures pour équivaloir à une maison ou à l'alimentation d'une personne, faute de quoi, il n'y aura ni échange ni communauté de rapports. Ce rapport ne serait pas réalisé s'il n'existait un moyen d'établir l'égalité entre des choses dissemblables. 11 est donc nécessaire de se référer pour tout à une mesure commune, comme nous l'avons dit plus haut. Et ce besoin, c'est exactement le besoin que nous avons les uns des autres, lequel sauvegarde la vie sociale; car sans besoins, et sans besoins semblables, il n'y aurait pas d'échanges, ou les échanges seraient différents. La monnaie est devenue, en raison d'une convention, pour ainsi dire, un moyen d'échange pour ce qui nous fait défaut. C'est pourquoi on lui a donné le nom de « nomisma » parce qu'elle est d'institution, non pas naturelle, mais légale, et il n'est pas en notre pouvoir soit de la changer, soit de décréter qu'elle ne servira plus. En conséquence, ces échanges réciproques auront lieu, quand on aura rendu les objets égaux. Aristote

Ce texte possède une grande portée dans la mesure où il met en évidence le rôle central de la monnaie non seulement dans les échanges économiques, mais en outre pour l'existence même de la société.  La structure du texte est, à cet égard, significative. Aristote part d'un constat : on n'a besoin que de ce que l'on ne possède pas. Les besoins des hommes sont donc très différents les uns des autres. C'est pour cette raison qu'il est impossible de les satisfaire sans l'invention d'une mesure commune. Et la monnaie vient remplir cet office, comme le montre Aristote dans un deuxième temps. Notez, de surcroît, qu'il récuse l'idée d'une abolition de la monnaie : la monnaie est une mesure conventionnelle, mais absolument nécessaire. Elle est un médium entre tous les hommes et garantit ainsi la cohésion du groupe où elle est instituée.  II s'oppose ainsi à Platon comme à Marx pour lesquels la monnaie est précisément ce qui fait obstacle à l'unité entre les hommes. Pour le premier, dans la République, la monnaie est l'objet d'un désir sans fin qui fait passer les intérêts privés au premier plan. Elle bouleverse ainsi l'ordre et la justice de la cité. Pour le second, dans ses Manuscrits de 1844, elle est, sous la forme du capital, la condition d'un développement économique qui prive le travailleur d'une partie du fruit de ses efforts. Elle est donc à la source du conflit entre classes qui scinde la société des hommes, loin de l'unifier.

aristote

« possession en commun: elle se définit, par opposition à la concurrence, comme complémentarité des intérêts, et descompétence pour la satisfaire.

La société naît du besoin des individus mais pour qu'il y ait interdépendance, il fautque les tâches que l'on attribue à chacun soit de nature différentes, de sorte à ce qu'il y ait échange.

Mais cetteinterdépendance, et cette différence dans les tâches que nous attribuons à chacun ne conduit pas nécessairementà une inégalité entre les individus.

Chaque tâche est utile à chacun et plus généralement pour la communauté enson entité.

Ce n'est pas malgré, mais moyennant leurs différences que les hommes peuvent vivre en communauté,c'est-à-dire avoir un intérêt commun à appartenir à un groupe.

« et, d'une façon générale, entre gens différents etde situation dissemblable.

».

Plus encore pour qu'il y ait échange de produits différents il faut qu'il y ait un étaloncommun qui prenne la mesure de chaque chose, et que l'on puisse échanger des biens quoique différents maisd'égale valeur.

C'est ce qu'il affirme ainsi: « Toutefois, il est indispensable, auparavant de les rendre égaux.

Aussifaut-il que toutes choses soient en quelque façon comparables, quand on veut les échanger.

».

Cette nécessité estcelle de l'échange.

L'échange consiste à substituer une chose à une autre; il effectue donc ce que signifie lesymbole mathématique de l'égalité, à savoir la possibilité de remplacer toujours un membre de l'égalité par l'autre.C'est à la monnaie qu'il appartient de créer des rapports d'égalité entre des biens qui sont différents.

Aussi ilpoursuit, « C'est pourquoi on a recours à la monnaie, qui est, pour ainsidire, un intermédiaire.

Elle mesure tout, la valeur supérieure d'un objet et la valeur inférieure d'un autre, par exemplecombien il faut de chaussures pour équivaloir à une maison ou à l'alimentation d'une personne ».

La monnaie est unétalon de valeur, et introduit hiérarchie entre les biens, elle donne la valeur de chaque chose.

Tout se passe commesi elles devaient être en quelque manière comparables de telle sorte que s'établisse entre elles une égalitéquantitative: il est en effet impossible d'établir un rapport quantitatif entre les réalités dépourvues, de toute qualitécommune.

Par exemple, on ne peut établir de rapport commun et on ne peut pas établir de rapport quantitatif entredes surfaces et des poids.

Seule une certaine identité qualitative, formelle, permet d'opérer la quantification. La monnaie est une convention qui consolide un fait naturel: la société Le rôle de la monnaie n'est pas uniquement mercantile, elle est un facteur de communauté, puisque précise Aristote:« Faute de quoi, il n'y aura ni échange ni communauté de rapports.

Ce rapport ne serait pas réalisé s'il n'existait unmoyen d'établir l'égalité entre des chosesdissemblables.

».

Sans la monnaie il ne saurait y avoir d'échange, sans la monnaie chacun serait condamné à nesatisfaire que ce que sa tâche lui permet de réaliser.

Or, un cordonnier par exemple n'a pas uniquement besoin dechaussures pour vivre.

Dés lors l'économie par l'institution de la monnaie est indispensable à la pérennité d'unesociété.

C'est en ce sens qu'il explique: « 11 est donc nécessaire de se référer pour tout à une mesure commune,comme nous l'avons dit plus haut.

Et ce besoin, c'est exactement le besoin que nous avons les uns des autres,lequel sauvegarde la vie sociale; car sans besoins, et sans besoins semblables, il n'y aurait pas d'échanges, ou leséchanges seraient différents.

» La monnaie n'émane pas de la nature, mais « La monnaie est devenue, en raison d'une convention, pour ainsi dire,un moyen d'échange pour ce qui nous fait défaut.

» .

Elle joue un rôle indispensable dans la sauvegarde de lasociété, et c'est en sens que nous ne saurions la faire varier à notre guise.

Elle est certes institution, nomos , mais ne dépend pas de notre caprice, la monnaie évalue la valeur de chaque chose et ce n'est pas parce qu'elle estconvention que son rôle est contingent.

En tant qu'elle assure un rôle primordial dans l'instauration de la société ellene saurait être renvoyée à ce qui pourrait être autrement qu'il n'est.

Ainsi explique Aristote, « C'est pourquoi on lui adonné le nom de « nomisma » parce qu'elle est d'institution, non pas naturelle, mais légale, et il n'est pas en notrepouvoir soit de la changer, soit de décréter qu'elle ne servira plus.

». Plus encore si la justice suppose l'égalité fondée celle-ci est nécessaire.

C'est cette égalité qui rend seule possibleun échange réciproque.

Aussi conclut Aristote: « En conséquence, ces échanges réciproques auront lieu, quand onaura rendu les objets égaux.

». Conclusion -La communauté étant l'union d'individus dissemblables, qui occupent des fonctions différentes, ne saurait se passerde la monnaie pour évaluer avec justice et équité l'échange des biens sans lequel il ne saurait y avoir subsistancepour tout un chacun. -La monnaie n'émane donc que par l'intervention des hommes mais cela ne signifie pas pour autant que la monnaieest accessoire.

Elle est essentielle dans l'instauration des échanges qui se veulent les plus équitables, la monnaieparticipe donc de la justice d'une communauté.. »

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