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Aristote, Les Politiques

Publié le 22/02/2012

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aristote
Il est donc manifeste que la meilleure solution c'est que la propriété des biens soit privée et qu'ils soient rendus communs par leur usage. Quant à ce qu'il faut faire pour que les gens deviennent tels, c'est la tâche propre du législateur. De plus, du point de vue de la jouissance, on ne saurait exprimer quelle différence il y a à pouvoir considérer quelque chose comme à soi. Cet amour que chacun éprouve pour lui-même n'existe certes pas en vain : c'est, au contraire, quelque chose de naturel. Par contre, c'est à bon droit que l'on blâme l'égoïsme, car ce n'est pas un simple amour de soi, mais le fait de s'aimer plus qu'il ne faut, et c'est de la même façon que l'on blâme aussi l'avare, puisque tout le monde ou presque aime chacun de ces deux objets. D'autre part, il est très agréable de combler et de secourir ses amis, ses hôtes, ses compagnons ; or cela ne peut être que si l'on possède un patrimoine en propre. [...] Certes, cette législation platonicienne a un visage riant et semblerait bien traduire de l'amour pour le genre humain : celui qui en entend parler l'accueille avec joie, pensant qu'elle établira quelque merveilleuse amitié de tous à l'égard de tous, surtout quand on impute à l'absence de communauté des biens tous les vices qui existent actuellement dans les différentes constitutions, je veux dire des procès intentés à propos de contrats, des jugements pour faux témoignage, des flatteries à l'égard des riches. Or ces maux n'adviennent pas du fait de l'absence de communauté des biens, mais du fait de la perversité humaine, puisque nous voyons que ceux qui possèdent des biens en commun et en partagent la jouissance ont beaucoup plus de différends que ceux qui ont un patrimoine propre. De plus, il est juste de ne pas seulement énumérer les maux dont seront affranchis ceux qui vivent sous le régime de la propriété commune, mais aussi les biens dont ils seront privés. Or il apparaît clairement que sous ce régime la vie est complètement impossible. ARISTOTE, Les Politiques, 350-322 av. J.-C., II, 5, 1263a 38-1263b 29. Trad. P. Pellegrin.

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