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L'art corrompt-il les moeurs ?

Publié le 20/07/2004

Extrait du document

Corrompre une chose signifie la rendre mauvaise, changer sa nature dans un sens négatif, de sorte à faire naître ou à provoquer l’accroissement de défauts et de vices. Une action corruptrice provoque donc la dépravation de quelqu’un, en lui inspirant des idées et des comportements opposés aux bonnes mœurs, à la vertu, au bien.

 

Par moeurs, nous entendons en vérité deux choses : les mœurs collectives et les moeurs individuelles. Par moeurs collectives, nous désignons les us et coutumes d’une société, d’un peuple ou d’une époque. Il s’agit d’un ensemble de comportements socialement reconnus comme normaux, conformes à ce qui est attendu et respecté. Les mœurs individuelles sont les comportements adoptés par les individus, les habitudes de vie qui sont les leurs.

 

La question « l’art corrompt-il les mœurs ? « peut commencer par nous étonner, dans la mesure où il semble que loin de corrompre les mœurs, l’art est plutôt ce qui se conforme aux mœurs, soit qu’il cherche à plaire à un public (ce à quoi il ne peut parvenir en s’opposant à ce qu’il tient pour normal et pour juste) soit qu’il cherche à exprimer la vérité de son temps. Mais il nous faudra néanmoins prendre en compte cette critique largement adressée à l’art : il corromprait effectivement les mœurs individuelles en proposant des exemples vicieux ou en dépeignant des situations contraires à la morale en cours. Cependant, nous verrons que non seulement l’art peut s’efforcer d’éduquer les mœurs, mais aussi qu’il se situe dans une large mesure dans un au-delà de la morale, occupé qu’il est de problèmes existentiels.

 

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si l’art a pour effet d’exprimer les mœurs collectives ou de pervertir les mœurs individuelles. 

« finalement passer à côté de la dimension esthétique et sensuelle de l'art, c'est mal comprendre la fin véritable del'activité artistique.

Nous dirons donc que l'art ne corrompt pas les moeurs collectives, mais les respectent d'autantplus attentivement que de ce respect découle le jugement que l'on porte sur ses produits.

b.

L'art exprime les moeurs en les reflétant Mais c'est en un autre sens que nous pouvons répondre par la négative à la question : « l'art corrompt-il lesmoeurs ? ».

Parce que l'art exprime les moeurs collectives de son temps en s'efforçant de les représenter aussiexactement que possible.

En effet, si nous pensons à l'esthétique réaliste dont Balzac était l'un des épigones, nouspouvons affirmer que l'un des buts que l'art peut se donner est bien de refléter la réalité, le monde comme il est,comme il va.

Lisons à ce propos un extrait de Le père Goriot de Balzac : « Eh bien, Monsieur de Rastignac, traitez ce monde comme il mérite de l'être.

Vous voulez parvenir, je vousaiderai.

Vous sonderez combien est profonde la corruption féminine, vous toiserez la largeur de la misérable vanitédes hommes.

Quoique j'aie bien lu dans ce livre du monde, il y avait des pages qui cependant m'étaient inconnues.Maintenant je sais tout.

Plus froidement vous calculerez, plus avant vous irez.

Frappez sans pitié, vous serezcraint.

N'acceptez les hommes et les femmes que comme des chevaux de poste que vous laisserez crever àchaque relais, vous arriverez alors au faîte de vos désirs (…) ». Lisant ce passage, nous pouvons de quelle manière un romancier réaliste peut s'efforcer de représenter les moeursde son temps aussi exactement, froidement que possible.

Certes, on nous opposera peut-être que cette peintureest corruptrice, car elle montre les vices qui ont cours dans la société.

Mais elle n'est corruptrice que parce que laréalité qu'elle reflète est corrompue, parce que les moeurs elles-mêmes sont déjà perverties.

Nous dirons donc quel'art ne corrompt pas les moeurs, il se contente de les refléter. II.

L'art a en revanche un effet corrupteur sur les moeurs individuelles a.

L'art présente des exemples dangereux pour la jeunesse : l'art est fondamentalement corrupteur Cependant, si nous passons de la considération des moeurs collectives à celle des moeurs individuelles, noud dironsqu'effectivement, l'art est corrupteur pour celles-ci.

En effet, les oeuvres d'art peuvent présenter à des individusparticuliers des exemples d'après lesquels ils se forment et qui font naitre, ou renforcent en eux, le germe d'unecorruption morale.

Dans nombre de ses oeuvres, Rousseau critique l'art et les spectacles, et, loin de leur prêter unevaleur éducative, affirme que l'art pervertit l'individu.

La préface de la Nouvelle Héloïse déclare à ce propos : « Jamais fille chaste n'a lu de romans, et j'ai mis à celui-ci un titre assez décidé pour qu'en l'ouvrant on sût à quois'en tenir.

Celle qui, malgré ce titre, en osera lire une seule page est une fille perdue; mais qu'elle n'impute pointsa perte à ce livre, le mal était fait d'avance ». L'art achève donc la perte des jeunes gens plutôt qu'il ne les éduque, car il leur offre un tableau des moeurs dutemps, dépravées et dissolues.

Dans Emile , le seul livre que l'enfant est autorisé à lire est Robinson Crusoé , car il offre des connaissances, et des méthodes de savoir faire (comment survivre en milieu hostile ?) capables d'éduquerun jeune enfant.

b.

Le pouvoir corrupteur des images: l'exemple du théâtre Allant plus loin, nous dirons que si l'art corrompt les moeurs, c'est parce qu'il présente des images avec unepuissance évocatoire qui peut faire de celles-ci de puissants instruments de corruption.

Prenons spécifiquementl'exemple du théâtre, dans la mesure où il est longtemps apparu corrupteur pour les moeurs.

En effet, il a beau. »

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