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l'art, illusion de la vérité ?

Publié le 24/10/2005

Extrait du document

illusion
Ainsi, le monde sensible est une apparence de vérité sur laquelle l'homme peut arrêter sa recherche, c'est une véritable prison. L'imitation redouble encore cette dégradation et éloigne davantage les hommes de la vérité. d)                 Si on prend maintenant l'art de la rhétorique, Platon lui reproche non seulement de ne pas dire le vrai mais de prendre la forme du vrai, de se faire passer pour le vrai.  L'art en général est trompeur il se fait passer pour ce qu'il n'est pas, il prend la place du modèle.   Il est vrai que si nous réduisons l'art à la simple imitation du réel, on voit mal comment l'art pourrait avoir un statut supérieur à la réalité. Sans être forcément une illusion de vérité, on ne voit pas à quoi l'art peut-il servir, sinon dans une perspective utilitaire à garder sous les yeux des proches éloignés.   2.   L'oeuvre d'art exprime une réalité cachée.   a)                  Mais l'artiste se contente t-il seulement d'imiter ? Que penser alors de toutes ces peintures qui représentent des scènes bibliques que ni le peintre ni le croyant ne peuvent avoir sous les yeux.

Analyse du sujet:

q   Dans tout sujet sur l’art, il est nécessaire d’avoir à l’esprit l’ambiguïté de la notion d’art, qui peut aussi bien renvoyer à la technique de l’artisan qui produit un objet qu’aux beaux arts. Mais dans ce sujet, il est évidemment question de l’art en tant que beaux arts, c’est-à-dire  en tant que production de l’homme qui ne vise pas une quelconque utilité. Mais si ce n’est l’utilité qu’est-ce que l’art vise ?

q   Il est difficile de donner un critère susceptible de distinguer ce qui relève de l’art et ce qui en est exclu, ce critère a pu être pendant longtemps la beauté, beauté des formes, beauté plastique que l’on trouve aussi bien dans les sculptures de l’Antiquité que dans les peintures de la Renaissance italienne. Les beaux arts sont avant tout des arts imitatifs et leur valeur pourrait tenir dans la ressemblance avec l’original. La beauté de la peinture proviendrait de la beauté de ce  qui est représenté. Mais alors, comment expliquer que parfois nous admirons des peintures alors que nous pourrions être indifférents si nous rencontrions l’original ? Il doit y avoir une beauté de l’art qui ne procède pas de la pure imitation. Et qu’en est-il de l’art comme expression de l’artiste ? Si l’art était réductible à l’imitation alors la photographie aurait dû prendre sa place.

q   Maintenant intéressons nous à la notion de vérité. La question de la vérité ne se pose que pour des propositions descriptives. Par exemple si je dis « le chat est sur le tapis «, la proposition sera vraie si effectivement je constate que le chat est bien sur le tapis. La vérité envisage toujours un rapport au réel, à ce monde qui tombe sous mes sens et que je tiens pour vrai. Etre dans le vrai c’est ne pas se tromper ou ne pas être trompé par des illusions qui nous détournent de la réalité.

q   Dire que l’art est une illusion de la vérité, c’est en faire quelque chose de trompeur, quelque chose qui nous détourne de la réalité. Mais c’est encore davantage. Si l’art ne fait que produire des fictions, alors certes on pourra dire l’art est une illusion, mais affirmer que l’art est illusion de la vérité c’est prétendre que l’art a l’apparence de la vérité, que l’on peut prendre l’œuvre d’art pour ce qu’elle n’est pas c’est-à-dire la réalité.

           

 

Problématisation:

           

            Faire de l’art une illusion de la vérité revient à  pointer du doigt un pouvoir subversif de l’art. L’art crée des artifices, il nous éloigne du réel en grossissant certains traits. Que ce soit dans la peinture, et plus encore dans le théâtre, les personnages ne sont pas des copies conformes des personnes existantes. Or, la vérité est-elle seulement affaire d’art ? L’art ne doit-il pas sacrifier la vérité au nom de la beauté ? Faut-il penser une vérité de l’art qui ne soit pas une vérité comme correspondance avec la réalité ?empirique ?

 

illusion

« La philosophie de l'art commence avec Platon par une condamnation.

Il faut renvoyer lespoètes hors des murs de la Cité.

Socrate rejette les discours écrits pour privilégier laparole, et la peinture n'est tenue que pour une imitation dégradée et inférieure d'uneréalité par ailleurs déjà imitée des Idées.

Par ailleurs, poésie, peinture et musique nesont pas sensées exprimer la beauté.

Si l'art est condamnable, c'est qu'il est fondé surla mimêsis, l'imitation.

Les choses sont, et elles sont ce qu'elles sont par l'Idée qu'ellesincarnent, qu'elles matérialisent.

L'Idée est l'essence ou l'être vrai de chaque chose.L'artisan fabrique des ustensiles en vue d'une Idée, il imite le modèle idéal pour en faireune chose.

Pour tout produire de la sorte, il suffirait de promener un miroir tout autourde nous pour restituer l'image exacte des choses.

La "production" artistique se dit poiein: rendre présent.

Le tableau est un miroir, il ne produit pas les choses dans leur êtremais dans leur apparence.

L'artisan quant à lui ne produit pas non plus l'être véritablequi est l'Idée, mais un analogon.

Il y a donc trois degrés à considérer : l'Idée, vraie,naturelle, unique, immuable, parfaite et identique à soi ; les choses ou les objetsfabriqués par l'artisan, demiourgos qui incarne l'Idée en de multiples exemplaires ; lapeinture des choses qui les reproduit dans leur apparence.

L'artiste est donc plus éloigné de la vérité que l'artisan.

L'art est une imitation du réel, non pas en ce qu'il est, mais en ce qu'il apparaît.

Iln'est capable de produire que des simulacres ou des idoles. "Cet artisan dont je parle n'est pas seulement capable de faire toutes sortes de meubles, mais ilproduit encore tout ce qui pousse de la terre [...], tout ce qu'il y a dans le ciel, et tout ce qu'il y asous la terre, dans l'Hadès.

Voilà un sophiste tout à fait merveilleux l [...] Si tu veux prendre unmiroir et le présenter de tous côtés ; tu feras vite le soleil et les astres du ciel, la terre, toi-même, et tous les êtres vivants, et les meubles, et les plantes, et tout ce dont nous parlions àl'instant.Oui mais ce seront des apparences et non des réalités [...] Mais tu me diras, je pense que ce quefait [le peintre, plus que tous les artisans] n'a point de réalité, n'est-ce pas ? et pourtant, d'unecertaine manière, le peintre lui aussi fait un lit.

Ou bien non ?Si, répondit-il, du moins un lit apparent.Et le menuisier ? N'as-tu pas dit tout à l'heure qu'il ne faisait point la Forme (eidos), ou, d'aprèsnous, ce qui est le lit, mais un lit particulier ?Je l'ai dit en effet.Or donc, s'il ne fait point ce qui est, il ne fait point l'objet réel, mais un objet qui ressemble à cedernier, sans en avoir la réalité [...]Maintenant, considère ce point : lequel de ces deux buts se propose la peinture relativement àchaque objet : est-ce de représenter ce qui est tel qu'il est, ou ce qui paraît, tel qu'il paraît ? Est-elle l'imitation de l'apparence ou de la réalité ? De l'apparence.L'imitation est donc loin du vrai, et si elle façonne tous les objets, c'est, semble-t-il, parce qu'ellene touche qu'à une petite partie de chacun, laquelle n'est d'ailleurs qu'un simulacre (eidôlon )...Lorsque quelqu'un vient nous annoncer qu'il a trouvé un homme instruit de tous les métiers, quiconnaît tout ce que chacun connaît dans sa partie [...], il faut lui répondre qu'il est un naïf, etqu'apparemment il a rencontré un charlatan et un imitateur.

" PLATON Ce texte capital concerne le problème de la mimèsis ; par la médiation de Socrate, Platon y soutient quel'art, apparence d'apparence, n'est très précisément, rien.Cette condamnation philosophique de l'art est ontologique : l'apparence est une illusion sans substanceou sans réalité, un néant ; elle est épistémologique : l'omniscience de l'imitateur qui prétend tout imiterne repose sur aucune science ; elle est morale : « chacun ne peut pratiquer qu'un métier » (394 e) etprétendre les pratiquer tous est non seulement une duperie mais une « injustice » au sens platonicien : laJustice est la vertu hors pair qui maintient toute chose (hommes et puissances de l'âme) dans sa positionpropre, or, dans sa polytechnicité, l'imitation ouvre l'errance sans fin de la perte du propre ou de l'identitéet, avec elle, le risque de la folie (cf.

396 b).En effet l'imitateur produit non pas simplement une image, une icône (eikôn) qui respecte les proportionsde son modèle (comme l'art égyptien, dont parle Platon dans Les Lois, qui utilisait le procédé de la miseen carré) mais un fantôme (phantasma), un simulacre (eidolon) ou une « idole » qui se substitue aumodèle et le fait oublier.

C'est ce que font ces imitateurs que sont les peintres réalistes, les seuls quePlaton condamne : ce sont des « skiagraphes », des peintres d'ombres (skiai) qui utilisent le raccourci, lemodelé et la perspective.

Comme Zeuxis qui avec ses raisins en peinture trompait les pigeons, et tous lespeintres décadents qu'allait connaître la Grèce hellénistique, ce sont des experts en trompe l'oeil.

Dans LeSophiste Platon opposera à l'art de la copie (eikastique), l'art du simulacre (phantastique) qui produit dessimulacres trompeurs analogues à ceux que produisent les « montreurs de marionnettes » (c'est-à-dire lesartistes, les sophistes...) de la caverne (514 b).L'intervention du miroir permet à Platon d'opérer ce coup de force : l'artiste, au rebours de l'artisan qui,comme le démiurge, impose une forme à une matière rebelle, ne fait, à proprement parler, rien ; le miroirest ici un instrument à l'efficacité redoutable et inquiétante, un instrument diabolique au sensétymologique du terme puisqu'il permet de diviser (dia-balein) le monde ou de donner du monde un doublefascinant et illusoire.. »

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