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L'art n'est-il qu'un mode d'expression subjectif ?

Publié le 04/02/2004

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L'art n'est-il qu'un mode d'expression subjectif ? - cette question est formulée de façon totale : soit il n'est qu'un mode d'expression subjectif, soit il n'est pas que cela et donc la question qu'il faudra se poser est la suivante : quel est-il dans ce cas précis ? Notons l'emploi du «ne...que « qui sera central dans la réponse que nous proposerons. Pour pouvoir répondre à cette interrogation, attardons-nous sur les concepts qui la composent :

 

 

  • L'art

 

            On peut dégager deux grands sens de ce concept. Le premier étant celui qui renvoie au grec technè, autrement dit l'ensemble de procédés qui visent à produire un certain résultat. L'art apparaît comme étant un moyen en vue d'une fin. L'art se distingue ainsi de la science comme connaissance purement théorique, mais aussi de la nature qui loin d'être produite ou créée serait un toujours déjà là. On parle ainsi de la maison des arts et des métiers, de l'art de la médecine, de la mécanique... La seconde acception appartient elle au champ plus particulier de l'esthétique, l'art est dans ce sens la création artistique, autrement dit l'oeuvre d'art qui est objet de jugement esthétique.

 

 

  • Mode d'expression

 

            Le mode est dans ce cas un moyen.

Qu'entendre par expression dès lors ?

Rendre manifeste par toutes sortes de signes (langage écrit, oral, geste, attitude, réaction émotionnelle, etc.), de façon volontaire ou non, ce que l'on est, pense ou ressent.

Se faire comprendre au moyen d'un langage

Rendre sensible une réalité abstraite ou concrète en en donnant, à travers un langage approprié, une idée, une représentation, un sentiment

 

  • Subjectif :

 

            Qui appartient à quelque chose en tant que sujet d'attributs ou prédicats

Qui a rapport au sujet

Qui ne correspond pas à une réalité, à un objet extérieur, mais à une disposition particulière du sujet qui perçoit

Qui relève de l'expérience interne, qui ne concerne que le seul sujet pensant

Qui appartient ou dépend de la vie psychique d'un individu ou d'une disposition du sujet qui perçoit.

 

« Autrement dit l'art serait un mode de transmission, de traduction, de communication – communication qui ne seraitpas partagée par tous mais qui serait subjective.

Ce subjectif est plurivoque : il renvoie à la fois au relativisme, à lasubjectivité, et à la particularité.

Ainsi il serait un mode d'expression s'adressant à une subjectivité, et dès lorsn'aurait comme prétention que d'être particulier – mais l'art n'est-il pas le premier moment du savoir absolu ? D'oùnotre question : dans quelle mesure est-il légitime de réduire l'art à n'être qu'un mode d'expression subjectif ? Plan : L'art - un mode d'expression subjectifI. 1.

L'oeuvre d'art comme le langage est communication entre l'artiste et le public HEGEL « Le but de l'art, son besoin originel, c'est de produire aux regards unereprésentation, une conception née de l'esprit, de la manifester comme sonoeuvre propre ; de même que, dans le langage, l'homme communique sespensées et les fait comprendre à ses semblables.

Seulement, dans le langage,le moyen de communication est un simple signe, à ce titre, quelque chose depurement extérieur à l'idée et d'arbitraire.

L'art au contraire, ne doit passimplement se servir de signes, mais donner aux idées une existence sensiblequi leur corresponde.

Ainsi, d'abord, l'oeuvre d'art, offerte aux sens, doitrenfermer en soi un contenu.

De plus, il faut qu'elle le représente de tellesorte que l'on reconnaisse que celui-ci, aussi bien que sa forme visible n'estpas seulement un objet réel de la nature, mais un produit de la représentationet de l'activité artistique de l'esprit.

L'intérêt fondamental de l'art consiste ence que ce sont les conceptions objectives et originelles, les penséesuniverselles de l'esprit humain qui sont offertes à nos regards.

» Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

Lacontemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauténaturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui estnécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'unêtre naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art, tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plus de plaisir à fabriquer des outils ou desmachines qu'à peindre un coucher de soleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrachede la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature et se pose comme distinct.

L'art peutdonc faire l'objet d'une science, pense Hegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire del'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faite pour notre plaisir, mais l'art est enson essence une intériorité qui cherche à s'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, unsens qui veut se rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence, car il faut bien à la vérité unemanière de se montrer.

L'art étant historiquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à lareligion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cetâge d'or de l'art, que Hegel définit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition duchristianisme.

La religion chrétienne est essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pureindividualité charnelle, qui a souffert et qui est morte en croix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnellede ce divin, dont le passage historique a été fugitif, et si l'art est mort dans notre société moderne, c'estprobablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.

Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle.. »

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