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L'art peut-il être immoral ?

Publié le 24/02/2004

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Ils créent un système de symboles, sans doute contemporain ,du langage, par lequel l'homme se trouve conduit à lier à des rythmes, formes et couleurs certains états, qui deviennent alors caractéristiques de la sensibilité. La danse par exemple, laquelle semble entraîner à sa suite la cadence musicale et la parure, donne au corps tout entier mission de créer, d'entretenir et de fixer certains types d'émotion. En ce sens l'art, déjà, confère une sorte de droit à l'existence au trouble qu'il cherche à organiser. Une telle expression, dans son rapport non seulement à I'artiste mais au public, a pour fonction de faire naître le trouble et de le communiquer en une sympathie symbolique. Ajoutons encore que l'individualité créatrice est le fait d'une hypersensibilité, toujours aiguisée par les circonstances, et nous comprendrons que le message, comme on dit, de l'artiste, n'est pas une incitation au repos Le peintre Georges Braque a dit que l'«art est fait pour troubler». Cela signifie que l'artiste nous fait voir les choses d'une autre manière. Dès lors, l'art va à l'encontre des préjugés et des idées reçues. La beauté peut être immorale Combien d'oeuvres picturales, romanesques, théâtrales, en brossant le tableau des travers et des passions humaines, atteignent l'absolue beauté, alors même qu'elles décrivent des vices et des perversions contraires à toute bonne morale? Le poète Antonin Artaud (1896-1948) ne pro¬pose-t-il pas un «théâtre de la cruauté» fait pour bouleverser, agiter, impressionner l'esprit du spectateur? Ignorant toute convention morale, il ne vise qu'un but: mettre en scène les forces profondes, cruelles, qui animent l'existence humaine.

« de nos sens.

C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'ilreprésente les Dieux à l'image des hommes.

L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est,est ce qui apparaît.

L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective. 3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre .

Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. · La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ouformées au contact de l'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre estl'intelligible ou monde des Idées.

Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible,objet d'une connaissance, et de l'ordre du monde.

C'est parce que le monde est en lui-même intelligible quenous pouvons le connaître. · La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui afaçonné la matière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.

Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de lesimiter. · La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintrepuisqu'il imite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notrereflet dans le miroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence,apparence trompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et enaccentue la puissance trompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant desapparences qui plaisent, excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, lesaccroît en retour.

L'homme raisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de lacensure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.

Apparence, il joue le jeu des apparences.

Tout d'abord parce qu'ilest, dans la société bourgeoise - société de la comparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition-, indissociable d'une mise en scène sociale.

On va au théâtre pour exhiber sa toilette et autres signesextérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir les potins...

Ensuite parce qu'il nous plonge dansun monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner sur nous-mêmes.

Par exemple nous versonsde chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui et nous restons froids et impassibleslorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nous avons pu croire à notre bonténaturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes. Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe enelle-même, elle est une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pasun cheval conforme à l'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour êtrepleinement un Cheval.

Un cheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à saconformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beau cequi est parfait.

Comme la perfection n'est pas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais lacopie exacte et sans défaut du modèle mais toujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle,est celle des Idées.

Est beau ce qui existe pleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

La beautéest la perfection ou plénitude de l'Etre.

La laideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent, lorsque lepeintre et le sculpteur reproduisent un beau cheval ou un beau corps d'athlète, leur œuvre, pâle esquisse de labeauté idéale, en est tout de même le reflet.

Le poète inspiré est sorti de la caverne, a contemplé l'idée duBeau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.

Ainsi le jugement de Platon sur l'art ne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux. [L'art ne se préoccupe pas d'être moral mais d'être libre.

L'invention de nouvelles formes artistiquesheurte forcément le goût du public.

L'art peut représenter le mal, le vice, sans cesser d'être beau.]. »

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